L’Ouest pense souvent à tord qu’il a le monopole de l’innovation, ce qui est une grande erreur.
L’innovation n’est-elle pas tout aussi significative dans des marchés qui sont à l’aube de leur épanouissement technologique ? N’est-ce pas la plus belle forme d’innovation d’avoir devant soi tout à construire ?
L’innovation est toujours dépendante d’un contexte, et Moyen-Orient comme Afrique du Nord entendent bien innover pour s’émanciper de leur contexte social et politique difficile, pour lutter contre certaines instances dogmatiques, et pour enfin donner le pouvoir à la population.
Car oui, l’oppression, l’instabilité politique, la corruption, la loi, la religion, et la résistance culturelle, règnent parfois en maître dans certaines régions, et cela n’est pas un contexte propice à l’innovation. Sur la liste des problèmes de l’écosystème, on pourrait aussi ajouter le manque de 3G en Algérie, l’internet du Liban, la censure en Jordanie et autres, qui rend encore une fois la création bien compliquée.
Cependant, tous ces éléments n’ont pas fragilisé les talents, au contraire. Une nouvelle génération dans le monde arabe n’a jamais vécu sans accès à internet, et sait exactement comment utiliser la technologie pour créer.
En voyant dans la Tech un moyen de résoudre les problèmes, tous ces cerveaux se sont connectés ensemble pour établir les enjeux et les directions à prendre.
Par ailleurs avec les récents changements du climat politique, le vent de la révolution a soufflé sur ces esprits ambitieux. Ils ont vu des possibilités à court terme, et une réelle occasion de commencer dès maintenant à peindre le monde qu’ils souhaitent voir par la vitesse et la transparence qu’offre la technologie.
Alors qui sont-ils ? Qui sont ces esprits qui dessinent petit à petit le Monde arabe de demain ?
1001 startups vous présente aujourd’hui ceux qui lutte quotidiennement pour un monde meilleur.
[separator type= »thin »]Anghami
Nous avons d’abord Anghami, qui représente un service de streaming comme Deezer ou Spotify. Lancé en 2012 avec déjà 10 millions de téléchargementd à son actif, la startup a marqué les esprits avec 500 000 utilisateurs branchés la soirée du 31 décembre 2014, grâce à une fantastique playlist faite par l’équipe. Aujourd’hui, 10 millions de chansons sont disponibles sur la plateforme, et celle-ci offre un accès aux musiciens du monde arabe, comme ceux de l’international.
Niveau Business Model, le prix d’un accès illimité est de 7 Saudis riyals soit 1,87$ USD.
Anghami combat donc véritablement pour faire rayonner l’essence musicale du monde arabe, non seulement en la rendant accessible à tous, mais surtout en proposant beaucoup de personnalisation dans ses fonctionnalités, faisant de la jeune organisation un concurrent sérieux.
Assez sérieux pour pouvoir largement inquiéter Apple sur son territoire d’ailleurs. C’est par ailleurs dans leurs différentes manières de faire qu’on reconnaît bien l’impact de la culture sur la manière d’imaginer les startups. Si pour nous le futur du streaming réside en la recherche du contenu, pour Anghami, elle repose sur la personnalisation, certes, mais sur la recommandation où une section «personal Dj», conseille et accompagne les utilisateurs dans leur écoute.
[button content= »Website » color= »blue » text= »white » url= »http://www.anghami.com/ »openin= »_blank »] [separator type= »thin »]
Abjjad
La consistance culturelle et historique du Monde Arabe fait aussi sa force dans le domaine entrepreneurial.
Abjjad, fondé par une jeune jordanienne de 29 ans d’origine palestinienne, a acquis le statut de première startup culturelle arabe à dépasser son objectif dans une campagne de crowdfunding.
La startup est le premier réseau social qui connecte des lecteurs avec auteurs, des blogueurs, et maisons d’édition. Son but est de combattre la perception du déclin de la culture arabe, et pour cela les utilisateurs ont la possibilité de partager des notes sur des livres, se constituer des listes, contacter leurs auteurs préférés pour discuter… De nombreux livres sont de surcroît numérisés et mis en vente directement sur le site.
Selon les statistiques de la fondatrice, près de 10 000 maisons d’éditions du monde arabe n’auraient pas de présence en ligne, et maintenant qu’ils sont tous incorporés sur une interface commune, cela offre de nombreuses possibilités dans l’industrie littéraire.
La startup compte aujourd’hui 33 000 lecteurs, qui lisent en moyenne 250 000 pages par mois. L’ambition d’Abjjad est d’intégrer toutes les maisons d’édition sur son site, où elles pourraient exposer leurs produits, en échange d’un abonnement par mois.
Le chemin d’Abjjad est ambitieux et semble être en bonne voie de réalisation malgré l’actuelle situation politique Syrienne qui, selon la fondatrice, ne perturbe pas encore les maisons d’éditions les plus prestigieuses du Monde Arabe.
Pour ceux qui trouveraient cela profondément intéressant, le site Goodreads est ce qui se rapproche le plus.
Abjjad, ou le rayonnement culturel du monde arabe.
[button content= »Website » color= »blue » text= »white » url= »https://www.abjjad.com/ » openin= »_blank »] [separator type= »thin »]Et3arraf
https://www.youtube.com/watch?v=rHD_qCa1q4c
Ce n’est pas nouveau, l’interaction homme-femme n’est pas particulièrement facile en dehors du cercle familial. La pression du mariage y est assez forte, et l’occasion de rencontrer une nouvelle personne de l’autre genre suit un processus assez réglé. En effet, si les individus ne sont pas convaincus par les prétendants présentés par les parents, ils sont souvent dans la difficulté pour trouver quelqu’un d’autre, ou alors font appel à une khotaba, soit la marieuse des sociétés arabes traditionnelles.
Et3arraf entend faciliter ce processus, et dirigés par deux jeunes entrepreneurs libanais (dont un formé dans une école de commerce française), la startup cible un public conservateur mais connecté. Elle représente donc là-bas une véritable «agence matrimoniale en ligne», et pas un site de rencontre pour célibataire qui cherche l’âme sœur.
Il nécessite ainsi de passer par de nombreuses étapes pour accéder au service, pour ne conserver que des clients sérieux et ne pas ternir la réputation du site qui n’a droit à aucun écart concernant sa ligne. Vous avez donc un questionnaire psychologique assez intense et des tas d’autres formalités, puis vous êtes «matchés» à 30 personnes de l’autre genre qui pourraient vous correspondre, sans photos. Vous vous envoyez des messages, et si affinité il y’a, vous pouvez réclamer une photo voir un rendez-vous physique au bout d’un certain temps.
Et3arraf ou «faire connaissance» en arabe, comprend aujourd’hui 40 000 utilisateurs, dont 40% en Arabie Saoudite, 40% en Egypte, Jordanie, ou au Maroc.
La startup accompagne ainsi les couples en leur donnant des conseils pour se rencontrer physiquement, et prend même part à l’organisation du mariage.. Les deux entrepreneurs montent ainsi véritablement une communauté qui se fonde sur le bouche à oreille.
Par ailleurs, l’un des fondateurs raconte avoir réussi à élever le temps moyen passé sur son site de 7 à 24 minutes en écoutant les conseils des utilisateurs et en développant de nouvelles fonctionnalités grâce à leurs conseils !
Alors si Et3raaf n’est pas ce site de rencontre que nous connaissons, il donne au moins la possibilité de donner du choix là où la tradition a toujours pris le pas.
[button content= »Website » color= »blue » text= »white » url= »https://www.et3arraf.com/ » openin= »_blank »] [separator type= »thin »]