Guerre de monopole: SNCF vs BlaBlaCar

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Il y a encore deux ou trois ans, ce combat aurait été déséquilibré. Pourtant la croissance exponentielle de Blablacar, feu coivoiturage.net, est devenue une obsession pour la SNCF. Logique, car la startup a fait perdre presque 1 million d’utilisateurs à notre bonne vielle Société Nationale des Chemins de Fer, ce qui représente un manque à gagner de presque 80 millions d’euros. La SNCF se fait peu à peu disrupter et aujourd’hui, elle met tout en oeuvre pour contrer le site n°1 du covoiturage en Europe. Mais la SNCF semble aussi efficace dans ce combat que nos ministres du travail face au chômage. Analyse de cette guerre qui fait un heureux, l’usager.

SNCF vs BlaBlaCar: Train vs Voiture

Il est vrai que la concurrence entre le train et la voiture ne saute pas aux yeux. Il faut dire qu’économiquement il n’y a pas match. Prendre les transports en commun est toujours plus rentable que de posséder son véhicule (essence, entretien, péage, amende(s)). Pourtant quand la voiture devient partagée le train prend une sacrée claque. Le modèle du travailleur qui grimpe seul dans sa Renault Clio, qui reste bloqué dans les bouchons et qui paye le péage pour se rendre au bureau est mort. Et tant mieux. Aujourd’hui, le travailleur récupère ses collègues de bureaux et ils partagent les frais tout ça dans la bonne humeur. Le train est donc en retard, comme souvent.

Ce changement dans nos habitudes explique à lui seul la guerre SNCF/Blablacar. D’un côté une startup qui a le vent en poupe et qui surf sur l’économie « collaborative » et de l’autre un mastodonte qui perd des parts de marché et dont l’activité est en déclin. Certains avancent aussi l’argument de la crise pour justifier ce transfert d‘utilisateurs vers des moyens de transport moins onéreux. Le prix du billet de train n’est pas compressible une fois que le train est prévu, la SNCF a donc lancé TGVpop pour ne prévoir qu’au dernier moment et en fonction du nombre de voyageurs le train le plus adapté et proposer des billets entre 25 et 35€. L’offre iDTGVmax était aussi dans cette optique, proposer un abonnement mensuel à 60€/mois pour un accès illimité aux iDTGV, mais rien n’y fait.

La guerre du trajet longue distance

C’est un article de TechCrunch qui lâche la bombe début septembre. Blablacar vient de finaliser un tour de table de 177 millions d’euros. Après avoir levé 73 millions en 2014 et 8 en 2013, la startup va faire son entrée dans le cercle restreint des « Licornes ». Le nombre d’utilisateurs de la plateforme est passé de 3 millions en 2013 à 20 millions en 2015. Ces chiffres induisent une courbe inverse pour la fréquentation de certains TGV, car ne vous y trompez pas, Blablacar concurrence la SNCF sur le covoiturage long trajet. La SNCF met donc tout en oeuvre pour essayer de contrer ce phénomène d’exode. Sous l’impulsion de Guillaume Pepy, la SNCF lance des voyages à moindres coûts avec OuiGO et iDTGV. Un premier pas vers les usagers. Mais surtout l’entreprise publique investit à tour de bras dans les startups potentiellement concurrentes de Blablacar. En 2013, elle s’offre la startup 123envoiture et fusionne avec Easycovoiturage pour lancer la plateforme « iDVROOM », un site de covoiturage made in SNCF principalement axée sur le covoiturage courte distance.

La croissance de Blablacar ne s’arrêtant pas, en 2015 la SNCF prend 100% du capital de OuiCar pour 28 millions d’euros. La startup spécialisée dans le prêt de véhicule entre particuliers fait office de concurrent indirect le plus sérieux face à Blablacar malgré une différence de service évident.

La guerre de communication

Qui n’a pas vu à la télé ou dans les magazines une publicité Blablacar ? Personne. La startup en profite donc pour marteler son message. Le covoiturage c’est bon marché, c’est convivial et c’est sécurisant. Pour démontrer cela, des trajets et leur prix sont affichés. Dans 90% des cas, les trajets sélectionnés pour l’exemple sont des lignes TGV. Coïncidence ? À y regarder de plus près, il existe une grande différence d’approche pour les deux entités sur le covoiturage. Quand Blablacar ne met en avant « que » l’avantage financier pour le demandeur, la SNCF, avec OuiCar et iDVROOM centre son argumentaire économique sur le propriétaire du véhicule.

D’un côté la « Share economy » pour réduire ses dépenses et de l’autre la « Share economy » pour augmenter ses revenus. La SNCF n’a toujours pas compris que la nouvelle génération d’utilisateur ne souhaitait plus avoir le sentiment de se faire avoir ou d’être une vache à lait. C’est peut-être la principale différence.

Guerre de monopole

La SNCF monopolise l’exploitation des chemins de fer. Depuis peu, la vente des billets est sujette à concurrence, mais c’est encore trop peu pour obliger l’entreprise publique à sortir des sentiers battus et à se diversifier. Cette situation lui a fait perdre sa capacité de réaction et aujourd’hui si le groupe se penche sur les startups c’est parce qu’ils n’ont pas en interne les compétences pour affronter cette nouvelle concurrence. En quelque sorte, le monopole de la SNCF la protège encore un peu face aux attaques, mais il est responsable de sa stagnante histoire. La libéralisation du transport régional en bus va devenir un problème de plus. Problème qui n’en ai pas un pour Blablacar puisqu’ils sont déjà en concurrence avec des bus en Allemagne sans que cela nuise à leur développement. Aujourd’hui, Blablacar monopolise 90% du marché du covoiturage en France et en Europe, car la firme vient de racheter son principal concurrent, l’allemand Carpooling. Un phénomène de concentration qui dérange de plus en plus. C’est certain que pour qu’il y ait une concurrence, il faut des concurrents. Les premières voix en faveur de la libre concurrence s’élèvent, mais le pays des licornes est tellement loin que les dirigeants de la startup répondent simplement « Nous n’avons pas de concurrents en Europe ». Raisonnement implacable.

Résultat

Blablacar a disrupté le marché du long trajet en Europe et s’attaque au monde. La startup qui fait voyager l’équivalent de 1500 TGV plein par mois est en train de faire trembler la SNCF. En la poussant dans ses retranchements, Blablacar oblige la SNCF à explorer de nouvelles pistes et à développer de nouveaux services, moins coûteux et plus adaptés à nos besoins. En fin de compte, le seul gagnant de cette guerre c’est l’usager et c’est très bien ainsi.

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