Dossier : WineTech, les startups à l’assaut du monde viticole

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Le vin est, avec le béret et la baguette de pain, un des emblèmes de la France. Bien que les chiffres du marché du béret soient difficiles à trouver, le vin est sans contestation possible notre emblème le plus prolifique. Nous produisons 17% du vin mondial et cette filière n’embauche pas moins de 560 000 personnes (directement et indirectement) en France. Prend ça Pôle Emploi ! C’est aussi un des trois secteurs qui nous permet de ne pas être trop ridicules en terme d’exportation avec l’aéronautique et la chimie/parfum, il représente 17,4 milliards d’euros. Des chiffres qui justifient à eux seuls l’explosion du nombre de projets et de startups sur ce marché. Décryptage d’une révolution en cours.

En ce qui concerne les sites de vente de vins en ligne (Wine&co, IdealWine, Vinatis…) la révolution a déjà eu lieu. Le constat est identique pour les sites de ventes privées (Lavinia, Vinalapropriété, 1jour1vin…). Vous l’aurez compris, la filière distribution 2.0 est établie. Les nouvelles startups agissent donc sur quatre axes en particulier, la consommation, la gestion de cave, l’œnotourisme et la production.

Les startups qui cassent les codes !

Rien ne sert de taper « vin » et « startup » sur votre moteur de recherche, même Bacchus ne saurait plus ou donner de la tête, pourtant certains arrivent à tirer leur épingle du jeu notamment en cassant les codes.

Winestar est en haut de cette liste. Cette startup qui a reçu le prix de l’innovation au Salon International de l’Agroalimentaire en 2012 propose du vin en canette. Sacrilège me diriez-vous ?

Non, car d’après son fondateur, Cédric Segal, la canette est le meilleur emballage pour le vin, car elle coupe de la lumière, de la chaleur et évite surtout l’oxydation. Pour cette canette révolutionnaire la startup a fait appel au fournisseur emballage de Coca-Cola, himself. Le fondateur espère que le marché français se comportera comme son voisin allemand et ses quelques 60 millions de canettes écoulées chaque année. À l’image du fameux bag-in-box, la canette souffre d’apriori très négatif pour l’instant et la startup l’a bien compris, car elle envisage déjà l’exportation de son produit notamment dans les pays asiatiques.

Autre approche, Naked Wines propose de financer des producteurs et d’avoir la primeur du vin. Naked Wines est un mix entre le crowdfunding et le club privé. Les inscrits paient un abonnement de 20€/mois et cette somme est investie par la startup chez des petits producteurs. À la fin de l’année, le client récupère son « épargne » en vin. Des vendanges à la mise en bouteille avec un soin tout particulier sur les documents et goodies. Le client reçoit notamment le titre de propriété en bonne et due forme.

Ces startups qui surfent sur la vague de l’œnotourisme

Autre tendance forte dans le secteur, l’œnotourisme. En France, nous comptons pas moins de 10 000 caves œnotouristiques pour 10 millions de visiteurs annuels dont 39% sont étrangers. Le panier moyen de ces voyageurs étant de 203€, des startups ont senti la bonne idée.

Vinizos, WinePasseport et Vinotrip, par exemple, sont trois startups qui proposent d’organiser votre séjour œnotouristique via leur site internet. Des Airbnb à la sauce viticole qui séduisent les amateurs de vins et de gastronomie par leurs programmes bien pensés et des lieux de séjour atypiques.

Dans le même temps et avec l’avènement de la géolocalisation, notamment grâce aux mobiles, des startups sont nées. L’idée est simple, se voir conseiller les meilleurs domaines, les meilleures caves les plus proches de votre position. Pour l’instant ces applications n’ont un rayonnement que local compte tenu de la multitude d’informations qu’elles délivrent. On notera tout particulièrement, Bordeaux Wine Trip (région bordelaise comme son nom l’indique) et Géovina (en Languedoc Roussillon) pour la qualité de leur offre et leur design soigné, mais la concurrence s’intensifie.

Ces startups qui gèrent votre cave

Avoir du vin dans la cave nécessite deux choses. En premier d’avoir une cave. Logique. Ensuite, avoir une organisation quasi militaire. Ranger, classer, ouvrir, goûter, bouger… Comment se souvenir des bouteilles quand la cave contient quasiment 2000 références ? Des startups qui gèrent votre cave ont vu le jour. Le site Vitiplace est leader sur ce marché. Au-delà de la simple gestion, il vous fait découvrir d’autres vins et vous permet de partager cela avec vos proches. Smartcave, sur smartphone, fait office de concurrent sérieux sur ce marché.

Depuis peu la tendance et à la possession à distance. De nouveaux sites proposent d’acheter du vin, mais de le stocker ailleurs. Plus besoin de cave pour avoir une cave à vin digne de ce nom. Bacchus 2.0. Le site inventeur du concept, Cavissima propose aussi de l’investissement dans le vin. Concrètement vous achetez votre bouteille, vous la stockez chez eux, si le cours de la bouteille monte vous pouvez la revendre et empocher la différence. Si le cours baisse, vous la conservez en stock, vous la vendez ou vous la buvez pour oublier ce mauvais investissement.

Ces startups qui vous aident à choisir votre vin

Vous savez comment gérer votre cave, vous avez bien voyagé et vous avez même bu du vin en canette. Maintenant il faut acheter vos bouteilles. Pas de problèmes pour cela aussi les startups vous aident. Des applications vous proposent d’analyser votre étiquette et de vous donner toutes les informations sur la bouteille que vous êtes en train d’acheter. Tagawine et Vivino se partagent le marché, mais leur jeunesse ne nous permet pas d’avoir accès aux chiffres des deux startups qui les ont développés. Ces applications ont deux avantages. Le premier, vous ne serez plus surpris du goût du vin à la dégustation et le deuxième c’est que vous aurez enfin d’autres arguments  que la beauté de la bouteille pour justifier votre achat. Il y a aussi le business de box qui se porte bien avec notamment Lepetitballon.

Si vous voulez aller plus loin, vous pouvez aussi télécharger les applications Mysommelier, ou Winesommelier qui vous permettront de valider vos choix de bouteille par rapport à vos goûts ou au goût de votre public cible ainsi que du repas prévu. 

Ces startups qui agissent sur la production

Les startups et le vin c’est une véritable idylle depuis une dizaine d’années. Si la plupart d’entre elles agissent sur la partie commercialisation ou éducation du consommateur, certaines ont décidé d’aider la production. Le profil créateur sera bien différent. Quand il s’agira de profils commerciaux et marketing pour les startups sus-citées, il s’agira ici de profils techniques très qualifiés mettant en application des thèses ou des travaux universitaires par exemple. On peut citer notamment Fruitionsciences et ITK qui proposent une solution de gestion du stress hydrique pour les vignes.

Ces startups qui ont fait le choix du BtoB agissent aussi sur l’entretien des vignobles. Vitirover propose de la microrobotique pour la filière viticole et impose une nouvelle vision à un secteur qui depuis toujours favorise les grosses machines bien complexes. Enfin, les producteurs sont aujourd’hui dans une démarche commerciale assumée et n’hésitent plus à utiliser des outils de gestion et d’optimisation de cette démarche. Wine-services propose cette optimisation de la distribution et compte déjà plus de 60 propriétés comme clients.

Ces startups qui ont échoué dans le vin

L’or rouge n’est pas toujours gage de pérennité. En 2004, Crushpad voit le jour. Cette startup proposait aux clients d’acheter une barrique et de voir tout le processus de production de son vin de A à Z. En payant la somme de 6 000$ vous faisiez votre propre vin et receviez un peu plus de 300 bouteilles de votre propre cuvée. Si les premières années sont un succès avec notamment plus de 5 000 barriques vendues, la crise de 2008 va tuer la jeune entreprise. Peu de clients étaient encore prêts à dépenser les 6 000$ annuels pour la production de leur vin. Puis il y a aussi un effet de lassitude, car se retrouver avec 300 bouteilles, aussi bonnes soient-elles, n’est pas de tout repos. Il faut les vendre et les boire. En 2012, l’entreprise ferme ses portes, mais à Bordeaux l’antenne française est rachetée et devient Viniv. La société propose aujourd’hui un service très haut de gamme qui s’appuie sur de la dégustation en grande pompe et la promesse de rejoindre l’élite des vignerons.

Autre cas, le sulfureux site de vente e ligne 1855. Durant près de neuf ans le site a vendu des bouteilles qu’il n’avait pas. Concrètement, ils se servaient du système primeur traditionnel, qui consiste à acheter et réserver à un prix fixé d’avance des bouteilles de vin, près de deux ans avant leur mise sur le marché. Mais ils ont détourné le système. Ils encaissaient les acomptes des clients, mais ils ne réservaient pas les bouteilles en conséquence. Ils n’étaient donc pas en capacité de livrer les bouteilles à la date fixée. Aujourd’hui le site est fermé et quelque 11 000 clients attendent leurs bouteilles pour un montant de 40 millions d’euros. Un échec pour ses fondateurs, ses clients et le monde du vin en général.

Les 3 startups à suivre dans ce secteur

10vins

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La startup 10vins, basé à Nantes promet d’être le « Nespresso du vin », comprenez un vin parfait, servi à la dose et reçu dans votre boite aux lettres.

Comme Nespresso, il faudra acheter la machine qui va avec les dosettes. Disponible actuellement au prix de 500€ en pré vente la machine d’un design épuré et classique n’est pas s’en rappeler les publicités avec George Clooney. Forts de leur succès sur la plateforme de crowdfunding Ulule, ils ont récolté plus de 180% de leur objectif de départ, ils ont lancé depuis peu un concept store s’inspirant encore une fois des codes de Nespresso. Un espace cosy pour rendre toutes ses lettres de noblesse à un produit trop souvent dénaturé. Fondée en 2012 trois passionnés de vins Thibaut Jarrousse, Jérôme Pasquet et Luis Da Silva, la startup nantaise connaît un franc succès. Après avoir levé 500 000€ en 2014, la startup qui compte déjà 15 salariés souhaite démocratiser la « Web dégustation » et faire accepter ce nouveau mode de consommation.

Sublivin

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Développé par une startup héraultaise, Sublivin est la solution multiplateforme qui permet de ne plus être déçu par ses bouteilles en déterminant la date idéale de consommation d’un vin.

L’objectif de ses fondateurs est de ne plus gaspiller son vin ou son argent et de ne plus décevoir ses hôtes ou la personne à qui l’on offre une bouteille. Elle permettra également d’améliorer l’expérience sensorielle que l’on peut obtenir lorsque l’on déguste son vin. Sublivin détermine le profil gustatif des utilisateurs en fonction des vins qu’ils ont dégustés. La date idéale proposée est donc personnalisée et correspond aux goûts de chacun.L’utilisation est très simple, il suffit de taper le nom du vin sur la solution pour qu’elle donne la date idéale de consommation et ceci à n’importe quel moment : que ce soit au moment de l’achat de cette bouteille ou dans sa cave lors du choix déterminant de la bouteille que l’on va ouvrir pour la soirée. Fini le coup du « goute-moi ça c’est une petite merveille » qui finit en flop total.

Les grappes

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Le circuit de distribution est bouché. Pourtant, 71% des Français préféreraient acheter leur vin directement aux vignerons s’ils le pouvaient. C’est ce que propose le site internet « Les Grappes », la première place de marché communautaire pour l’achat de vin. La startup qui vient d’annoncer une levée de fonds de 700 000€ et qui compte déjà plus de 2 000 membres inscrits, qui suivent 70 vignerons, pense déjà à exporter son concept en Europe. Pourquoi faut-il suivre cette startup ? Parce qu’ils ont fait le choix de ne prendre « que » 20% sur chaque bouteille quand les autres circuits de distribution prennent entre 40 et 50%. Le vigneron est remis au centre des préoccupations et un vrai lien social se crée entre les acheteurs et les producteurs.


L’oeil de l’expert

L’économie du vin est très attirante et porteuse notamment parce qu’elle concerne un produit de grande consommation et rattaché à des valeurs de passion. Les investisseurs cherchent tous la perle rare dans ce secteur en témoigne le dernier #USTour de 33entrepreneurs qui veut devenir le premier incubateur mondial en terme de startup vinicole. Les évènements comme le VinoCamp (concours de startups autour du vin) sont une occasion pour les startups d’être en relation avec des partenaires financiers. Pour analyser ces évolutions, Gilles Brianceau, directeur du cluster Inno’vin en Aquitaine a accepter de répondre à nos questions

Gilles, quel est votre regard sur ce marché du vin et ses évolutions ?

Le vin est un secteur en pleine croissance et nul ne peut prédire son avenir, mais des gros acteurs se positionnent actuellement comme Carrefour ou les grands groupes spiritueux. Le vin est un produit complexe et complexifiant donc il est normal que les entrepreneurs veuillent le démocratiser. Le marché du vin foisonne. Tous les jours des entreprises se créent et d’autres disparaissent. Je pense qu’il faut distinguer deux choses. Les entreprises qui agissent en amont et celles en aval, c’est-à-dire celles en BtoB et celles en BtoC. Je dirais que celles en BtoB sont plus durables même si ne n’est pas une règle, car beaucoup de startups en BtoC explosent.

Donc si je veux réussir avec ma startup dans le vin il faut que je fasse du BtoB ?

Pas forcément, mabouteille.com réussit très bien en BtoC. Les budgets marketing ne seront pas les mêmes c’est tout. Au-delà de la cible, je pense que l’écosystème est prépondérant. Pour créer sa startup dans le vin il y a trois écosystèmes, Bordeaux, Montpellier et Paris. Pour les deux premiers parce que se sont des terres de vins et pour Paris parce que l’écosystème startup y est tellement bien développé qu’il est facile de mobiliser les bonnes ressources au bon moment.

Est-ce qu’on peut observer sur le marché du vin les mêmes tendances que sur les autres marchés comme l’ultra personnalisation et la consommation rapide et de qualité ?

Le marché du vin suit exactement les mêmes tendances, il n’y a qu’à voir le succès du site mabouteille.com qui propose son étiquette personnalisée. Après en ce qui concerne les évolutions et les tentatives de disruption c’est un peu plus compliqué, car le vin est un produit noble et très souvent de haute qualité donc le packaging est déterminant et je ne pense pas que les français soient encore prêts à renier leur bouteille en verres et leurs bouchons en liège. Beaucoup d’applications veulent simplifier le processus de décision des acheteurs en les guidant et en leur proposant une base de données qualifiée, mais attention on peut souvent être surpris par les résultats. Il y a un côté gadget qui émerge dans le vin et qui peut s’imposer même si je pense que ce côté-ci s’appliquera plus aux spiritueux qu’au vin dont les messages marketing sont plus authentiques et plus traditionnels.

C’est très tendance de parler de « disrupt », pour vous le marché du vin s’est-il fait disrupter ?

Je pense que le marché du vin est en train de se faire disrupter mais pas trop non plus. Concrètement c’est un marché compliqué à faire bougé, car les acteurs principaux sont réticents aux changements et les valeurs d’authenticité et de traditions qu’il véhicule ne pourront pas être effacées quoiqu’il se passe, en France tout du moins.

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