« – J’ai une idée géniale
– Ah ouais, et c’est quoi ?
– Je ne peux pas te le dire ».
Nous avons déjà tous rencontré quelqu’un dont l’idée était tellement géniale qu’il ne pouvait pas la divulguer. Bonne nouvelle ce temps est révolu. À l’heure de l’Open Innovation et de la « sharing economy », l’idée restait le dernier élément secret lié à la création d’entreprises. Et bien, les cachotiers n’ont qu’à bien se tenir, car les startups sont le royaume de la copie, de l’idée à foison et du secret inutile. Ce qui compte n’est pas l’idée, mais l’exécution !
Peut-on vraiment protéger son idée ? Suis-je obligé d’avoir une idée ? Faut-il parler de son idée ? Que vaut une idée ?
Comment protéger son idée de startup ?
Si votre idée est géniale il y a fort à parier que quelqu’un travaille déjà dessus.
En France, il existe pléthore d’outils, de dossiers et même d’enveloppes pour protéger son idée, et cela rassure l’entrepreneur. De la fameuse enveloppe Soleau à 15€ qui va, selon les textes, protéger votre idée à 3 milliards en toute logique. En passant par le dépôt de marque à l’Inpi dans à peu près toutes les classes possibles. Jusqu’au brevet dans lequel beaucoup de startups ont cramé toutes leurs liquidités sans avoir les reins assez solides pour le défendre en cas de copie…
Essayer de protéger une idée coute cher, pour une protection perméable. Car oui, toutes ces protections n’ont pour but que de vous rassurer, mais autant que ce soit clair, si votre idée est géniale il y a fort à parier que quelqu’un travaille déjà dessus. Ensuite, les fameux gros dont tout le monde se méfie… Soit ils sont en train de développer votre idée d’application ou de site internet, soit ils vous rachèteront donc pourquoi en avoir peur ?
Sinon vous pouvez la jouer paranoïaque, comme Pierre Kosciusko-Morizet, fondateur de Price Minister qui avait fait signer des NDA (Non Disclosure Agreement) à tous ses collaborateurs, investisseurs et même à ses proches. Mais n’allez pas croire que c’est ce qui a fait le succès du site… qui au passage était une copie d’un site américain, half.com.
Pourquoi parler de son idée de startup ?
Tout d’abord parce qu’il faut tester l’idée. Rien de mieux pour cela que d’en parler. Et pas aux amis ou à la famille qui trouveront toujours ce que vous faites « très intéressant ». Il faut obtenir des feedbacks, des avis, des pistes d’amélioration de personnes extérieures. Puis, au détour d’une conversation, vous pourrez rencontrer votre futur associé, votre premier client ou même votre premier investisseur.
Assez trivialement, on peut dire que ne pas parler de son idée revient à la faire mourir. Bizarrement, une idée secrète ne fonctionne que très rarement. Dès le départ, il faut lancer un blog, des réseaux sociaux et annoncer votre idée pour éduquer le marché si c’est vraiment novateur.
Enfin, parce que vous êtes en avance sur les autres. C’est à vous de maintenir cette avance, de chercher sans cesse de nouvelles idées pour faire évoluer votre service ou votre produit. Et si un concurrent débarque… c’est une preuve de plus que votre idée est bonne. À un moment donnée, il faut arrêter de rêver devant les réussites de la Silicon Valley et dans le même temps ne pas vouloir adopter la vision américaine du dialogue d’entrepreneur. À savoir le « no bullshit, no secret » !
Que vaut mon idée de startup ?
Une idée nulle bien exécutée vaut plus qu’une idée de génie moyennement exécutée.
Protéger son idée est un réflexe humain, mais au risque de vous décevoir, une idée ne vaut rien. Nothing. Nada. Wallou. Ce n’est pas l’idée qui compte, mais son exécution. C’est ce qu’a démontré Dereck Sivers, un entrepreneur et écrivain américain avec son article « Ideas are just a multiplier of execution ».
Concrètement, il attribue une note à l’idée allant de -1 à 20. Puis, une valeur allant de 1 à 10 000 000 de $ pour l’exécution. Une idée nulle (il y en a) bien exécutée vaut plus qu’une idée de génie moyennement exécutée. C’est prouvé. Archos a imaginé le lecteur Mp3 bien avant Apple, pourtant c’est l’iPod qui a révolutionné le marché de la musique.
Culturellement, l’entrepreneur français se méfie de son interlocuteur, pourtant sur ce point nous devrions tous adopter le style américain. Un vieux proverbe français dit « Pour vivre heureux, vivons cachés ». Si vous avez une idée, oubliez ce proverbe et criez-la sur tous les toits.