Comment transformer ses échecs en force ?

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En France, on glorifie très facilement les entrepreneurs qui ont du succès. Parfois à juste titre, parfois moins. Pourtant, une grande partie des entrepreneurs connaissent des échecs. Chaque année près 60 000 entreprises déposent le bilan dans l’hexagone. Même si le tabou qui entoure cette thématique commence à s’estomper grâce aux conférences sur l’échec et à une nouvelle génération d’entrepreneur totalement décomplexée vis-à-vis du « Fail », il est difficile d’assumer ses erreurs. Alors, pourquoi essayer de convertir ses échecs en réussite ? Pourquoi les analyser ? Simplement parce qu’un entrepreneur qui a échoué a 75% de chance de réussir sa deuxième tentative de création.

Pourquoi cette image de l’échec ?

Le problème avec l’échec, n’est pas l’échec en lui-même, mais sa crainte. L’échec n’est pas (toujours) grave. Bien au contraire, l’échec est formateur. Bon, qu’on s’entende, sur le coup il est plus dévastateur que formateur, surtout si vous avez perdu du capital, votre famille et une partie de votre santé, mais à plus long terme il est votre meilleur ami. Jules Renard a dit « le succès est un mauvais professeur. Il pousse les gens intelligents à croire qu’ils sont infaillibles. » Tous les entrepreneurs qui vous inspirent ont échoué, tous sans exception.

En réalité, c’est la pression sociale le problème. Quand nous stigmatisons l’échec, quand nous critiquons notre voisin qui a perdu toutes ses économies et quand nous faisons la morale made in France avec le fameux « je te l’avais dit ». Nous justifions juste notre manque d’esprit d’entreprendre ou de créativité. Car dans notre société, nous ne tolérons la réussite et la richesse que si elle est issue de l’héritage ou de la chance. N’oubliez pas que nous sommes le pays dans lequel nous jouons le plus. La Française de jeux aime ça.

Pourtant dans les sociétés américaines ou japonaises, l’échec est un rite obligatoire pour réussir. Vous ne trouverez pas un seul VC américain pour miser sur vous si vous n’avez pas échoué. Les chasseurs de têtes sont friands de parcours parsemés de « fail » alors que pour beaucoup en France vos échecs sont une perte de temps. Pour l’avoir vécu, je n’ai jamais eu l’impression de perdre du temps, au contraire j’ai l’impression d’avoir appris à vitesse grand V. Manager des stagiaires, démarcher des clients, établir des stratégies, chercher des financements… ce que beaucoup de personnes ne feront jamais, nous l’avons fait en un an… pour rien.

Comment faire de l’échec une force ?

Mais l’image n’est pas responsable de tout, beaucoup d’entrepreneurs ne savent pas comment réagir face à un échec. Mark Coopersmith, professeur d’entrepreneuriat à l’Université de Berkeley et spécialiste de l’échec, explique qu’il y a 7 étapes à respecter pour transformer son échec en force. Chaque étape sera complétée de mon expérience de « serial failer ».

3 à 8% des entrepreneurs qui ont échoués recréent une entreprise.

En un, il faut RESPECTER l’échec. S’affranchir des conséquences de l’échec ne veut pas dire pour autant foncer droit sur lui. Il est présent, reste grave et laisse des traces notamment dans vos pratiques futures.

En deux, il faut RÉPÉTER. Comme le sportif, il faut s’entraîner sans relâche et progresser. Dans tout ce que j’entreprends aujourd’hui je prends soin de ne pas réitérer les mêmes erreurs. J’ai trop longtemps évité le sujet du business model par crainte de me confronter à l’avis des clients. Aujourd’hui, j’appelle, je cherche à comprendre, je relance… un vrai commercial en somme.

En trois, il faut RECONNAITRE l’échec. L’entrepreneur qui fait l’autruche va au-devant de grosses désillusions. « J’ai échoué », à partir du moment où je ne me mentais plus, j’ai mieux vécu les choses. Et le regard des gens a changé. « Oui j’ai échoué, mais j’ai tenté et toi ?».

En quatre, il faut RÉPONDRE. Il est impossible de rester inactif devant un échec. Il faut réagir et c’est ce que j’ai fait. J’ai écrit et je me suis remis au sport. Une façon de me défouler puis pendant qu’on court on a le temps de réfléchir.

En cinq, il faut REBONDIR. L’échec doit vous permettre d’accéder à autre chose assez rapidement. En moins d’un mois, je me suis retrouvé dans les locaux de 1001startups à écrire et développer le programme pour les startups. Je n’ai pas vraiment eu le temps de cogiter du coup.

En six, RÉFLÉCHIR. Il faut prendre le temps d’analyser ses échecs pour en tirer quelque chose. J’ai analysé notre échec, et je l’ai même fait en public devant les personnes qui nous avaient accompagnés. Une présentation très riche d’enseignements pour tout le monde.

En sept, il faut SE RAPPELER que vous avez échoué. Célébrer son échec est une démarche saine que les FailCon (conférence sur l’échec) tendent à rendre accessible à tous. Pas un jour ne passe sans que je plaisante sur mes échecs. Il faut dire qu’il y a matière à rire.

Je rajouterai un 8e R avec RECOMMENCER, aujourd’hui seulement 3 à 8% des entrepreneurs qui ont échoués recréent une entreprise. En même temps, une fois que vous avez connu l’interdiction bancaire, le tribunal et les licenciements, vous êtes vacciné. Try again.

Pourquoi changer notre vision ?

« Personnellement, j’ai réussi, et pourtant je suis dans le fichier des faillites de la Banque de France ! » Marc Simoncini

Depuis 2013, les mentalités évoluent. Des associations ont vu le jour et les langues se délient. Ce cheminement est une conséquence logique de l’accent mis depuis des années sur l’entrepreneuriat en France. C’est mathématique, plus il y a d’entrepreneurs, plus il y a d’entrepreneurs qui échouent. Il faut donc décomplexer l’échec. Si le changement doit se faire en profondeur, car il nécessite une remise en cause de notre système éducatif, nous avons tous une par de responsabilité dans cette vision, car nous avons à un moment donné laissé notre soif de réussite nous éloigner des losers. Comme si l’échec était transmissible comme une maladie.

“Travail, Sacrifice et Persévérance”. Tel est le triptyque parfait de la réussite d’après les biens pensants. Souvent oubliée, la chance n’est pas une déterminante que nous prenons en compte en France. Soyons honnêtes, beaucoup de réussites sont dues au travail et à une idée fabuleuse. Mais la chance dans tout ça. MySpace par exemple. C’est une erreur de codage qui en a fait l’outil personnalisable à souhait que l’on connaît. En gros, l’erreur est devenue le levier principal du succès. J’appelle ça de la chance. Connaissez-vous un entrepreneur qui a connu deux très gros succès ? Tiens donc !

L’échec comme la réussite sont aléatoires. Donnez la même équipe, les mêmes moyens, les mêmes compétences techniques à deux entreprises différentes. Les résultats obtenus seront différents. Donc rien ne sert de craindre l’échec, s’il doit arriver, il arrivera. Et au risque de vous décevoir, personne ne peut vous promettre la réussite.

#FreeFailers

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