360 Capital Partners est à nouveau cette année partenaire du Tour France digitale.
L’occasion pour 1001startups de rencontrer Paul Degueuse, partner du fonds à Paris qui nous parle de la stratégie d’investissement du fonds, leur engagement dans l’entrepreneuriat en région et leur avis sur l’évolution de l’écosystème start-up Français.
Pouvez-vous nous présenter 360 Capital Partners ?
360 Capital Partners est un fonds d’investissement paneuropéen, avec des équipes en France, en Allemagne et en Italie. La France représente l’un de nos plus gros marchés, un des plus prometteurs au niveau européen.
Le fonds existe depuis 1997 et nous avons réalisé plus de 80 investissements. Nous gérons actuellement 200 millions d’euros.
Nous avons récemment ouvert un fonds d’early stage en amorçage de 35 millions d’Euros, qui investit jusqu’à 1.2 M€ dans les start-ups qui recherchent leurs premiers fonds.
Nous avons un fonds dédié aux séries A et B, qui participe à des tours avec des tickets pouvant atteindre 5 millions €. En tant que partenaire des entrepreneurs, notre job est d’accompagner les sociétés à grandir et de les aider dans leurs démarches marketing et commerciale, mais également pour recruter ou se développer à l’international. L’international fait partie intégrante de notre ADN, nous sommes un fonds européen.
Nous souhaitons clairement nous inscrire dans une stratégie long terme avec nos startups. Nous accompagnons nos start-ups sur plusieurs années, comme Withings, Leetchi, Aramis Auto, Qapa… Si historiquement nous sommes assez présents dans le « lifestyle » (Yoox, Chictypes, le Slip Français, YellowKorner…), nous n’avons pas de secteur de prédilection… Nous investissons dans tous les secteurs d’internet et du digital.
Cependant, tous nos investissements disposent d’une innovation forte, quelle que soit la forme d’innovation pratiquée.
Par exemple chez YellowKorner, il s’agit d’une vraie innovation de produit et de business model, chez Save une innovation de process et de distribution, Chictypes propose pour sa part une réelle innovation de service… L’innovation doit permettre une barrière à l’entrée. Si elle n’existe pas, elle doit pouvoir être construite pour s’imposer comme leader sur son marché.
Comment percevez-vous l’engouement entrepreneurial qui existe aujourd’hui en France ?
Évidemment très positivement. Depuis une dizaine d’années, le dealflow a quadruplé… Nous avons eu une véritable augmentation tant du nombre de dossiers, que de leur qualité. Nous recevons près de 3000 dossiers par an, une majorité provient des start-ups françaises. Le marché français est très dynamique et très bien positionné en terme qualitatif au niveau européen. On constate aujourd’hui de la part des start-ups Françaises des réelles ambitions de développement : les entrepreneurs pensent global dès le début du projet, et construisent leur produit ou leur service comme tel. C’est un signal très positif pour faire émerger des champions au niveau global.
Globalement, les changements qui ont eu lieu depuis quelques années proviennent d’un changement culturel fort. L’entrepreneuriat est devenu un parcours valorisé et prestigieux dans lequel les meilleurs profils s’engagent par choix. Il y a quelques années, la finance et le conseil étaient les filières privilégiées. Aujourd’hui l’entrepreneuriat est une filière valorisante. Cela suscite des élans entrepreneuriaux forts, mais c’est aussi devenu plus facile pour les startups de recruter des bons profils. Prendre part dans une aventure startup est maintenant sexy !
L’émergence des nouvelles technologies a aussi permis de créer des entreprises avec moins de moyens. La possibilité d’accéder à des centaines de milliers de personnes dernières son écran a grandement démocratisé l’entrepreneuriat. Par ailleurs, les méthodologies « agiles » telles que le Lean startups et autres approches frugales, ont permis d’éduquer les entrepreneurs à se lancer avec des versions plus light de leur produit, afin de tester et de prouver le market-fit. Je suis impressionné par les projets, de plus en plus nombreux, qui arrivent à de très bons résultats avec très peu d’investissements.
Enfin, l’écosystème start-up s’est renforcé et aujourd’hui il existe un grand nombre d’acteurs qui accompagnent et conseillent les entrepreneurs. Les organismes locaux, les business angels, les contenus et formations disponibles sur le web… permettent aux entrepreneurs d’être bien plus informés et formés. L’émergence de « modèles » de réussite et leurs retours d’expérience permettent de créer des vocations. Grâce à tous ces éléments, l’écosystème est beaucoup plus structuré et fluide qu’il y a quelques années.
Et les financements des start-ups françaises ?
La France progresse aussi au niveau des financements ! Je pense qu’aujourd’hui un bon projet en France trouve les financements nécessaires.
Avant il y avait un certain trou dans la phase d’amorçage, mais aujourd’hui, grâce aux institutions publiques, aux fonds d’amorçages, aux réseaux de Business Angels… les freins de financement sont en grande partie comblés.
Évidemment on peut toujours s’améliorer, mais il n’existe plus de trous comme avant.
Quel est votre engagement auprès des start-up en région ?
L’écosystème est fluide et accompagne les start-ups partout en France. Et nous avons des participations dans des sociétés en province, même si ce n’est pas la majorité.
Nous sommes engagés dans France Digitale depuis ses débuts, car nous pensons qu’il est réellement nécessaire de mettre en commun nos forces, partout sur le territoire.
On essaye au maximum chez 360 Capital Partners de déployer nos efforts pour rencontrer des acteurs en région (startup et institutions) pour nous faire connaitre et engager les échanges. Le Tour est une opportunité unique pour concentrer et renforcer nos efforts auprès des acteurs locaux. Le Tour est l’occasion de se rendre accessible au plus grand nombre, on engage le dialogue avec des acteurs qui n’auraient peut-être pas échangé avec nous à court terme. Ça permet de faire tomber la barrière qui peut exister et ça engage le dialogue au plus tôt avec les différents acteurs.
Je répète souvent aux entrepreneurs qu’il ne faut pas hésiter à parler le plus tôt possible avec des fonds de capital-risque. Montrer votre vision et entrer en contact avec eux… même si le momentum de financement n’est pas encore le bon, il est très important d’envisager une relation long terme.
Des conseils pour les pitchs ?
Déjà, parlons des dossiers. Aujourd’hui, la plupart des jeunes entreprises se disent qu’elles vont lever des fonds. Pourtant, le capital-risque n’est clairement pas adapté à la grande majorité des sociétés qui déposent un dossier chez nous. Pour avoir un intérêt au capital-risque, la société doit avoir des ambitions vraiment très élevées, avec pour objectif de s’imposer comme un acteur international important. Je n’apporte aucun jugement de valeur au fait de vouloir créer une PME qui devienne leader sur son marché, c’est un très beau projet. Mais le capital-risque ne recherche pas cela, et en ce sens ce mode de financement n’est adapté qu’à une poignée d’entreprises.
En ce qui concerne les pitchs, je pense que les meilleurs pitchs sont ceux qui sont les plus sincères. Il faut que le pitch colle au fond du projet et il ne faut pas vouloir dire à tout prix ce que les fonds veulent entendre : il faut créer l’aspérité. Si tous les points du dossier sont bons, ça parait suspect ! Il vaut mieux cristalliser l’attention sur un élément qui est exceptionnel plutôt qu’essayer de cocher toutes les cases correctement. Si je réfléchis aux dossiers que l’on a récemment financés, ils ont tous suscité des débats en interne chez nous.