Bureaux À Partager (BAP), fait partie de ces start-ups rentables depuis le départ. Le rêve de tout entrepreneur. Pourtant, la start-up née en 2012 vient d’annoncer une levée de fonds de 2M€ auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). L’occasion pour nous d’échanger avec Clément Alteresco, fondateur et CEO de BAP, sur la stratégie de la start-up et l’avenir du coworking.
Clément, quels sont les objectifs de cette levée de fonds ?
Nous n’étions pas dans l’obligation de lever ce qui nous a permis de choisir un partenaire. Il y a donc un double objectif. Le premier est de gagner en notoriété en s’appuyant sur un acteur réputé dans l’immobilier. La CDC est un groupe public qui co-investit avec tous les privés, c’est donc un acteur qui se situe au-dessus de la mêlée. Ce n’est pas un acteur de l’immobilier qui va chercher à faire une exit à court terme. Nous n’aurions pas levé avec des fonds ou des industriels classiques. La CDC c’est le Livret A des Français, donc on sait déjà qu’elle agit pour des intérêts communs. Le deuxième objectif était d’avoir un partenaire industriel puissant. La CDC dispose d’un parc immobilier important qui peut potentiellement coller avec nos offres.
Lever des fonds avec la CDC est-il plus long ou plus difficile ?
Je pense que c’est aussi difficile. Et à coups sûrs c’est plus long. Nous avons mis 12 mois à tomber d’accord. Nous devions closer en juillet, mais des contre temps on fait qu’on a du retarder. La CDC est une vieille dame qu’il ne faut pas bousculer, mais au final c’est un deal assez classique.
Les espaces de co working ? Il y aura une structuration naturelle. Certains résisteront, d’autres couleront.
Ne penses-tu pas qu’il y a une hype de la levée de fonds chez les entrepreneurs ?
Je ne sais pas si cette hype existe vraiment. En tout cas, il faut que la levée de fonds soit un moyen et non pas un objectif pour l’entrepreneur. Après je peux comprendre que certains entrepreneurs se mettent pour objectif de lever des fonds, car c’est une étape importante dans la vie d’une entreprise. Certains développent des boites sans lever et c’est une bonne chose. Mais si la levée de fonds amène la startup dans une nouvelle dimension, c’est une étape géniale à vivre.
Aujourd’hui BAP ça représente quoi ?
BAP c’est 30 collaborateurs, bientôt 40 avec la levée de fonds on va pouvoir recruter pour renforcer le marketing et la prospection d’espaces. Nous avons près de 2000 annonces sur le site, près de 30 000 visites par mois et 10 000 utilisateurs. C’est aussi un chiffre d’affaires de 5M€ réparti sur nos trois activités.
Justement, on connait très bien le site de matching, mais quelles sont aujourd’hui vos autres activités ?
BAP a trois activités, la première MATCH, est notre site internet, une plateforme en ligne permettant de chercher ou proposer des espaces de travail à partager : un véritable site de rencontres pour entreprises. La colocation professionnelle, au-delà de son avantage économique, est la solution idéale pour favoriser les synergies et stimuler la productivité d’une entreprise. Un récent sondage réalisé auprès de nos utilisateurs a permis de constater que plus de 50% de ceux qui se mettent en colocation pour des raisons économiques finissent par travailler avec leurs colocataires au moins une fois !
La deuxième activité de BAP est LESPACE, l’offre de gestion d’espaces. Nous aidons les foncières, dans le cadre d’une restructuration par exemple, à remplir et optimiser leurs surfaces inoccupées à des loyers moins élevés que le prix du marché, mais qui leur permet de percevoir tout de même des revenus locatifs.
Enfin, notre troisième activité est LINK, l’outil de gestion des espaces partagés, permettant d’assurer toute la partie administrative relative à la gestion des salles de réunions notamment, mais pas seulement, un véritable outil collaboratif pour que les entreprises créent des synergies au sein de nos espaces. Notre coeur de métier, ce sont tous ces espaces en transition, ces lieux qui ont aujourd’hui une valeur zéro et à qui nous en donnons une.
En terme de répartition de chiffre d’affaires, ça donne quoi ?
Nous faisons près de 4M€ de CA sur l’activité de gestion des espaces, ce qui représente une grosse part de nos activités. Nous gérons près de 20.000 m2 sur 13 espaces en île de France. Le site de matching représente lui 900k€ et Link 100k€ avec près de 70 clients.
Le partage de bureaux est une vraie tendance, cela doit renforcer ton ambition ?
C’est difficile de trouver des données exactes, mais c’est une tendance qui bénéficie à la fois de la vague de télétravail, du digital nomadisme, de l’avènement du statut freelance, mais aussi de l’économie on-demand. Les gens ne veulent plus s’engager sur des baux à 3/6/9, ils veulent de l’instantanéité et de la flexibilité.
Il y a deux types d’acteurs sur BAP, il y a ceux qui font du business avec le co-working et les entreprises qui cherchent à louer les espaces disponibles pour arrondir leurs fins de mois. Nous regroupons les deux offres sur notre site. C’est un peu comme si un site comparait les prix des hôtels avec Airbnb.
On a l’impression qu’il y a de plus en plus d’espace co-working ? La demande est-elle si importante ?
Il y a de plus en plus de freelances. La demande est forte c’est certain, mais comme tous les marchés il y aura une structuration naturelle. Certains résisteront, d’autres couleront. L’arrivée de WeWork est un signe positif pour le marché français.
Notre coeur de métier, ce sont tous ces espaces en transition, ces lieux qui ont aujourd’hui une valeur zéro et à qui nous en donnons une.
Venons-y, WeWork valorisé à 16 milliards qui débarque en France, tu en penses quoi ?
C’est délirant une telle valorisation. Mais ça nourrit énormément d’ambition de notre part. Ce qui est top c’est qu’on est sur un marché qui grandit en même temps que nous. C’est hyper intéressant de voir ce qu’il va se passer dans les deux ans à venir. Il va falloir étudier la réaction des acteurs historiques de l’immobilier comme Bouygues par exemple. C’est aussi génial pour nous, car tout le monde va parler de l’arrivée de WeWork et donc de BAP. Mais je n’ai pas peur, nous ne sommes pas vraiment concurrents dans notre positionnement, puis aujourd’hui BAP est rentable, pérenne et bien géré donc on observe attentivement, mais sereinement.