Revers de la médaille d’un écosystème en plein boom, l’année 2016 a été marquée par plusieurs annonces de redressement judiciaire, ou pire, de cessation d’activité par de nombreuses startups. Si certaines startups n’ont fait qu’un passage éclair, d’autres auront marqué par la rapidité de leur faillite après avoir levé des millions. Ces disparitions remettent-elles en cause la mécanique ? Pas vraiment, en 2017, les montants prévus pour le financement des startups en Europe vont très certainement atteindre des sommets. Seuls les plus forts résisteront, le darwinisme à son paroxysme. R.I.P.
Pour ces startups, c’est fini…
Take Eat Easy
Symbole de cette vague, la startup #FoodDelivery Take Eat Easy a annoncé fin juillet la fin de ses activités. On peut dire, sans vraiment prévenir personne. Ni ses clients ni ses coursiers. La startup bruxelloise qui avait pourtant levé pas moins de 16 millions d’euros auprès de fonds de renom comme Rocket Internet ou DN Capital, mais le business model de TEE n’a pas permis d’atteindre la rentabilité qui aurait pu sauver la startup après des mois de recherches infructueuses d’un nouveau tour de financement. Le cash brule vite, très vite. On regrettera bien sûr la communication des fondateurs qui entre autocongratulations post échec d’avoir vécu une aventure unique et l’oubli (volontaire?) de prévenir ses clients et livreurs, a donné une image négative du startuppeur pour beaucoup de non-initiés.
ChicTypes
Crée par Antoine Regis et Étienne Morin, le service de shopping personnalisé via des malles envoyées aux clients avait un avenir prometteur devant lui… On leur consacrait un article dans notre rubrique La France a d’incroyables startups dès 2013. En 2014, la startup levait 1,4 million d’euros et 4 millions d’euros en septembre 2015. Les cofondateurs pensaient leur avenir tout tracé avec l’objectif ambitieux de réaliser 50 millions d’euros de chiffre d’affaires à l’horizon 2018. Mais comme souvent avec les startups, tout ne s’est pas passé comme prévu. La startup ne tient pas ses KPI et la dernière levée de fonds soumise à conditions ne sera donc pas complète. La stratégie du Cash Burn échoue une fois de plus.
The Tops
La marketplace créée par Vincent Redrado et Maxime Guillaud en 2012 a été placée en liquidation judiciaire depuis le 10 mai 2016. Bizarre, puisque le site propose toujours de nombreux produits soigneusement sélectionnés auprès de marques qui ont le vent en poupe : maroquinerie, bijoux, accessoires, vêtements, tout y est. En réalité, le site a été racheté et maintenu en activité, contrairement au reste des activités de The Tops qui ont été liquidées. Une disparition en trompe l’oeil.
Le FabShop
Le FabShop était l’une des premières sociétés françaises à se lancer dans la vente de matériel lié à l’impression 3D. Des formations et un atelier de fabrication avaient ensuite rejoint l’activité commerciale pour développer les services de l’entreprise créée en 2011. Bertier Luyt, explique dans la presse que « la situation de Makerbot a ébranlé la confiance des investisseurs du secteur de l’impression 3D au moment où nous en avions le plus besoin. Sans cash, nous ne pouvions nous tourner vers d’autres fournisseurs ni financer un plan de licenciement ». C’est ainsi que le FabShop a dû annoncer sa liquidation judiciaire et licencier ses treize salariés.
Ils sont dans le dur
Viadéo
C’est un peu de la projection pour l’instant, en difficultés depuis deux ans, Viadeo a été placé en redressement judiciaire le 30 novembre 2016. Cette ancienne star française a connu une ascension fulgurante avant de subir les conséquences d’un modèle économique qui ne tient pas la route et de la concurrence de LinkedIn. Linkedin a été créé en 2003. Viadeo en 2004. Des Français copient un américain avec un financement inférieur. Lorsque l’américain débarque en France, c’est la descente aux enfers. Les financements en présence ne sont pas les mêmes, il devient difficile de lutter. Dommage.
Morning
C’est LE feuilleton de cette fin d’année 2016, entre la Maif et Morning, le torchon brule. Morning accuse la Maif de les lâcher, pendant que la Maif accuse Morning de ne pas avoir respecté ses engagements. L’ACPR, le gendarme bancaire, qui a suspendu toutes les activités de Morning depuis le 1er décembre reste juge de paix dans cette affaire. Mais dans le monde de la fintech, ces startups du secteur bancaire, on s’étonne quand même que la direction de Morning soit allée piocher dans le compte de cantonnement où est déposé l’argent des utilisateurs. C’est « la ligne rouge à ne pas franchir». Si un accord a été trouvé pour passer la fin d’année, les clients, eux, s’inquiètent de cette situation.
The Assets
La liquidation judiciaire de la startup a été prononcée le 16 novembre 2016. Créée en 2013 par Nicolas Voisin et Alexandre Glas, The Assets devait permettre aux entreprises de vendre ou de louer leurs produits immatériels, matériels et financiers. Une plateforme plus qu’utile pour les sociétés en crise de tréso ou pour celles qui cessent leur activité… On n’est jamais aussi bien servi que par soi même dit-on.
Big Moustache
C’est l’histoire d’un post sur Linkedin. Entre amertume, fatigue et désespoir, Nicolas Gueugnier dit tout sur la situation de Big Moustache, sa startup qui vend des lames de rasoir. La situation a fait réagir les lecteurs. Résultats ? 2 000 commandes et plus de 36 000 euros de chiffre. Nicolas sait que rien n’est fait et que la situation est précaire, mais il a désormais le temps de chercher un investisseur.
Ils ont eu chaud (et sont en train de s’en sortir)
Save
Save, passe de 30 à près de 400 salariés en 18 mois soit une augmentation de 1230% des effectifs comme l’expliquait Damien Morin, CEO et fondateur de Save, le leader européen de la réparation de smartphone et tablette. Pas étonnant que les problèmes soient arrivés. En Juillet, la startup annonce sa mise en redressement judiciaire et explique pouvoir compter sur ses investisseurs historiques. Aux dernières nouvelles, la startup au 24 millions levés va mieux et espère même être rentable début 2017.
Mon Caviste à la maison
Mon caviste à la Maison, une startup angevine, le Tupperware du vin, propose un réseau de dégustation et de vente de vin à domicile en réunion. En 2015, la startup lève 1,2 million d’euros. Chose rare, en juin 2016, Mon Caviste à la Maison annonce chercher 500 000 euros pour continuer son développement. Pour l’occasion, elle se dit tentée par le crowdfunding. Pourtant, fin juillet la startup qui compte 19 collaborateurs, et qui prépare le lancement de son site e-commerce et de ses applications mobiles, annonce sa mise en redressement judiciaire. Une annonce qui passe presque inaperçue au milieu du flot d’échecs estivaux. Fin septembre, et malgré ses deux millions de chiffres d’affaires, la startup est finalement liquidée. Des repreneurs sont alors sur les rangs. « Il faudra malheureusement passer par un plan de restructuration, avec des licenciements à la clé. Mais je suis confiant. L’aventure va forcément continuer, » explique alors Christophe Guicheteau, le fondateur de la startup, à Ouest France. Enfin, le 10 octobre dernier, Le Club français du vin reprend la marque et le réseau de l’entreprise, mais seuls trois salariés sur 19 conservent leur emploi. Un échec de plus pour un modèle qui cherche encore désespérément une rentabilité.
Clever Cloud
« Nous sommes très heureux de vous annoncer que Clever Cloud est aujourd’hui sortie d’une procédure de redressement judiciaire entamée en 2015. Le fait de n’être pas morts est une bonne nouvelle en soi, méritant déjà largement d’être célébrée, me direz-vous, et vous avez bien raison. Mais au-delà de ça, on se dit qu’il est important d’expliquer en quoi précisément cette procédure de redressement judiciaire nous a aidés, comment nous l’avons préparée, et pourquoi elle est intéressante. Une entreprise, en particulier une startup tech, ne doit pas avoir peur du Tribunal de Commerce. » Rien à ajouter. La suite est à lire ici.
La liste n’est pas exhaustive… Rendez-vous en 2017 🙂