Make.org est une plateforme européenne de mobilisation citoyenne autour d’actions de transformation de la société. Elle permet à des centaines de milliers de citoyens de s’engager auprès d’acteurs de la société civile dans la résolution de problématiques majeures en France et en Europe. La startup annonce une levée de fonds de 2 millions d’euros, L’occasion pour nous de rencontrer Axel Dauchez, président de Make.org.
Interview d’Axel Dauchez, président de Make.org, la civic tech qui vient de lever 2 millions d’euros.
Make.org est partie du constat que nos démocraties sont fragilisées et de moins en moins opérantes, et paradoxalement, la société civile – citoyens, associations ou encore entreprises – n’a jamais été si motivée à agir. Il nous a semblé que la tech avait, et devait avoir, un rôle clé à jouer pour accompagner ce mouvement de transformation et revitaliser notre système politique. Ils ont fondé Make.org afin d’être le catalyseur de ces forces nouvelles. Il ont pour mission de bâtir des coalitions intégrant tous les acteurs de la société civile afin de mener des actions de transformation du pays.
Axel, Que pensez-vous du mouvement des civic tech en France ?
C’est de très loin le mouvement le plus dynamique d’Europe ! Au-delà de cela, c’est la qualité de l’offre globale de cet écosystème qu’il faut bien considérer. Avec Parlement & Citoyens, Voxe.org, Accropolis, Kawaa, Fluicity, Cap collectif, vous avez désormais en France un nombre incroyable de solutions tech très complémentaires entre elles.
Que manque-t-il aujourd’hui aux civic tech pour s’imposer ?
Mais il ne leur manque plus rien en réalité. Elles sont très sollicitées désormais, et elles vont l’être de plus en plus. Toutes les institutions ou presque s’interrogent aujourd’hui sur leur rapport aux citoyens, et plus largement sur leur utilité même. Pour elles, la participation citoyenne, l’innovation démocratique, ce n’est plus une option, ou à la marge, c’est la condition de leur survie.
La défiance du peuple à l’encontre des élues est de plus en plus forte, comment pouvez-vous rabibocher les deux parties ?
Le constat de cette défiance, c’est l’origine même de Make.org. Il faut sortir des totems que sont le vote et l’État. Ces deux incontournables ne résument pas la démocratie ! Il y a dans la société une incroyable envie de s’engager. En lui donnant un cadre d’action, on recrée un socle commun, un sentiment d’appartenance à la communauté nationale, on redonne le goût de l’intérêt général. Et c’est comme cela qu’on crée progressivement les conditions d’une réconciliation entre citoyens et les élus.
Toutes les institutions ou presque s’interrogent aujourd’hui sur leur rapport aux citoyens. Pour elles, la participation citoyenne est la condition de leur survie.
Vous annoncez une levée de 2M€, quels sont les nouveaux objectifs ?
Avec plus d’un million de contributeurs, Make.org a mené avec succès des opérations d’ampleur comme Inventons 2017 menée avec Sciences Po, Facebook et Les Echos pendant la campagne Présidentielle, ou encore Législatives Citoyennes qui a permis de convaincre 100 députés de prendre position sur les propositions de ses utilisateurs en juin dernier, ou enfin « Réinventer le travail » avec JP Morgan, Manpower Group, SNCF, Simplon et Bayes impact. Aujourd’hui, nous sommes heureux d’accueillir à notre capital des acteurs économiques de poids, notamment les deux fonds d’impact Investir&+ (Vincent Fauvet et Anita de Voisins), Citizen Capital (Pierre-Olivier Barennes et Laurence Méhaignerie), le fonds technologique OneRagtime (Stéphanie Hospital, Jean-Marie Messier et Philippe Bourguignon), et des personnalités de référence telles que Clara Gaymard et Gonzague de Blignières. Cette levée de fonds permet à Make.org d’accélérer sa croissance en France, mais également d’entamer son déploiement dans d’autres pays européens.
Quel est votre business model ?
Pour garantir notre indépendance politique et une totale transparence. Nous avons fait le choix, dès la création de l’entreprise, d’adjoindre un Comité Éthique au conseil d’administration. Ce Conseil Éthique, composé de deux personnalités référentes dans leur domaine et d’utilisateurs de la plateforme tirés au sort. Les membres du Conseil ont accès à toutes les décisions opérationnelles, stratégiques et capitalistiques de l’entreprise. Notre indépendance financière, quant à elle, est garantie par un modèle économique basé sur la mise en place de coalitions de citoyens, d’entreprises, d’associations, de médias et d’institution au service de Grandes Causes d’intérêt général. Ces actions sont financées par les entreprises partenaires. Elle repose également sur la production d’analyses des grands signaux structurant la demande citoyenne.
Quelles sont les prochaines étapes clés pour votre startup ?
Le 25 novembre prochain, sera le coup d’envoi d’une nouvelle « Grande Cause » autour des violences faites aux femmes (#StopVFF). Elle est menée en partenariat avec la Fondation Kering et Facebook pour récolter des propositions concrètes auprès de 500 000 citoyens et mettre en place 10 actions majeures avec 12 associations de référence pour changer la donne en trois ans. Les médias partenaires du projet sont ELLE, TF1, L’Obs et RTL Girls, ils relaient et amplifient les différentes étapes de l’opération et suivent avec attentions les solutions proposées par les ambassadeurs et les ambassadrices engagées et les citoyens. Nous préparons aussi d’autres Grandes Causes à partir de 2018 autour des transports, de la culture, des jeunes, du lien social cette dernière ayant l’originalité de se dérouler avec BlaBlaCar pendant des trajets en co-voiturage.