ContrôleTechniqueGratuit, startup qui révolutionne le contrôle technique en France en permettant aux utilisateurs de monétiser leurs données, vient de boucler une levée de fonds de 2,6 millions d’euros, après les 750 000 euros reçus en 2017. L’occasion pour nous de rencontrer Jonathan Habersztrau, fondateur de la startup, pour échanger avec lui sur la stratégie et la genèse de ContrôleTechniqueGratuit.
Interview de Jonathan Habersztrau, fondateur de la startup ContrôleTechniqueGratuit
Comment l’idée est-elle née ?
L’idée est née de la simple réflexion, « pourquoi payer un contrôle technique (CT) alors qu’on devrait avoir le droit de rouler en sécurité gratuitement ? ». Le contrôle technique est né comme un service public. Nous avons juste décidé de remplacer l’État dans son financement !
Quel est le fonctionnement de ce site ?
L’utilisateur commence par entrer le lieu de son choix afin que le site lui propose des centres à proximité. Une fois la ville et l’horaire choisis, l’utilisateur répond à un questionnaire. Lorsque le questionnaire est rempli dans son ensemble, l’utilisateur bénéficie alors de son contrôle technique totalement gratuit.
Votre business model est complexe, vous offrez le CT aux automobilistes et revendez les données. Ce décalage de trésorerie n’est-il pas difficile à supporter pour une startup ? Est-ce pour cela que vous avez dû lever presque 3,5 millions en 2 ans ?
Pour être parfaitement exact, nous ne revendons pas les données. Nous proposons les services de nos partenaires que nous sélectionnons et que nous choisissons ensuite d’afficher aux usagers qui pourraient être intéressés. Lorsque la bonne offre rencontre la bonne demande, nous gagnons de l’argent et le reversons alors aux usagers sous la forme de leur contrôle technique.
Le BFR est évidement une composante toujours importante du Business Plan d’une entreprise. Mais l’alignement des délais de règlements de nos factures d’achat de contrôle technique et de nos factures que nous émettons nous permet de le maintenir sous contrôle.
Ce qu’il a fallu financer, c’est le développement de ce business model de data company dont les usagers sont les fournisseurs et pas les produits ! C’est un concept de Vendor Relationship Manager ou de Personnal Information Management Service. Et si le concept existe dans la littérature scientifique depuis 2007, à l’époque le GDPR n’était qu’un rêve… Et un grand coup de chapeau à nos actionnaires qui nous ont suivi dans cette aventure !
À l’heure de Cambridge analityca, de la RGPD etc… Pourquoi les gens acceptent-ils de vous donner toutes leurs données personnelles liées à l’utilisation de leur voiture ?
La Privacy by Design du GDPR a toujours été le point de départ de toutes nos discussions. Nous garantissons à nos utilisateurs la non-transmission absolue de leurs informations aux tiers sans leur consentement depuis le début !
De plus, notre différence avec d’autres sites est que l’utilisateur est en mesure de contrôler la relation clients en maitrisant ses données personnelles. Ce service innovant permet à nos partenaires de personnaliser leurs offres à venir pour les utilisateurs qui le souhaitent.
Nous sommes en conformité avec la GDPR depuis mars 2015 ! Le GDPR n’est pas une contrainte : ça a toujours été notre point de départ !
N’avez-vous pas peur que cela crée un problème de perception pour les internautes ?
Chaque utilisateur sur notre site a la liberté de transmettre ses données personnelles ou non, à travers le questionnaire.
Bien sûr de nombreux internautes peuvent appréhender ce modèle, mais aujourd’hui, sans le savoir les internautes livrent tous des informations personnelles quotidiennement à divers sites. CTG propose autre chose, grâce à notre garantie et notre « coffre fort numérique », notre but n’est pas de revendre des données personnelles mais de pouvoir cibler des offres que l’on souhaite recevoir. Personne ne veut recevoir de la pub ou devenir l’objet d’un marché ! Nous non plus !
Le VRM, c’est justement la reconquête du pouvoir de la data au profit des particuliers !
Sujet au cœur de l’actualité avec la nouvelle réglementation sur le contrôle technique, avez-vous prévu de surfer sur ces annonces ? Si oui, à quel pourcentage d’augmentation de la fréquentation de votre site vous attendez-vous ?
Nous sommes déjà en nette hausse par rapport à la même période l’année dernière. Cela est notamment dû à une anticipation de la part des automobilistes déjà bien au courant des avancées législatives, ainsi qu’un bon référencement sur Google. Nous espérons progresser encore plus dans les semaines qui arrivent.
Mais nous ne prendrons pas la parole : c’est le rôle des pouvoir publics. Et tous les détournements à leurs profits tentés par les différents acteurs nous paraissent plus créer de la confusion qu’autre chose.
Quel est l’avenir de CTGratuit ? A quels postes de dépenses les 2,6 millions levés seront-ils consacrés ?
Nous envisageons un développement en nous ancrant encore à travers tout le territoire français, et de l’achat d’espace publicitaire qui nous permettra d’être visible et connu dans tout le pays. LA légitimité de notre claim de gratuité de ce service public : c’est notre objectif !
Vous annoncez en France 37 000 inscrits et 5500 clients. L’Europe c’est pour quand ?
Nous préférons nous concentrer sur la France métropolitaine pour le moment. Bien sûr, nos actionnaires poussent pour une ouverture vers certains pays d’Europe qui n’est pas exclue à partir de 2018, mais préférons concentrer nos efforts sur la co-création avec nos utilisateurs qui nous apportent encore des idées tous les jours pour le moment !