Dix-huit mois seulement après la création de WeSprint, Patrick Chekib et Arnaud Laurent les co-fondateurs ainsi que le collectif d’entrepreneurs associé, annoncent une opération de financement d’un montant total de 3,5 millions d’euros pour s’imposer comme un acteur majeur de l’accompagnement de startups dans le Sud de la France. L’occasion d’interviewé Arnaud Laurent, directeur général de WeSPRINT pour comprendre la stratégie de l’accélérateur et les enjeux pour les startups.
WeSprint lève 3,5 millions d’euros pour s’imposer comme l’accélérateur de référence du Sud de la France
Pourquoi être passé de Numa à WeSprint ?
NUMA été un partenaire clef au cours des deux premières années de notre aventure, comme un programme d’accélération peut l’être dans la vie d’une startup finalement !
Cette collaboration nous a permis de devenir en quelques mois un acteur référent dans notre région, et de contribuer au rayonnement de l’Occitanie sur le plan national et international. Nous garderons un lien affectif & historique avec les équipes NUMA avec qui nous avons eu une collaboration particulièrement fructueuse.
Qui sont les entrepreneurs associés historiques et pourquoi ont-ils investi dans WeSprint ? Est-ce qu’ils investissent par ailleurs directement dans les startups accélérées ? Comment ?
Nous avons à ce jour 16 entrepreneurs associés qui ont investi dans WeSPRINT et qui investissent dans nos startups. Ils représentent plus de 300 millions d’euros d’Exit, c’est une capacité d’investissement inégalable en région. Toutefois sur la partie investissement dans les startups il n’y a rien d’obligatoire, chacun fait ce qu’il veut, mais ce qui nous plait bien depuis le début c’est d’investir collectivement sur certains projets très porteurs. Sur un dossier comme Vaonis, une grosse partie du tour de table a été apporté par des entrepreneurs du collectif qui suivaient personnellement le dirigeant même préaccélération.
Est-ce que parfois WeSprint va plus loin que les 4/5% de base et réinvesti dans les startups sur les tours suivants de financement ?
Si je fais une réponse de Normand (alors que je suis un Cévenol), je dirais Oui et Non ! Notre levée de fonds récente a vocation à nous permettre de nous maintenir et donc réinvestir sur certains tours de table. Toutefois, il s’agit ici vraiment de cas par cas, on rentre dans un calcul pas très savant, mais sur lequel on prend en compte la valorisation du tour, le type d’actions, la valorisation cible de sortie, et quelques autres critères top secret et on décide à ce moment la d’injecter du cash également dans la startup.
Qu’est-ce que ça change dans le modèle de l’accélérateur de faire rentrer un corporate ? Comment faire cohabiter les attentes des corporates et les attentes des entrepreneurs, qui sont certainement très différentes ?
Je ne suis pas très fan du terme corporate. Pardonnez-moi, car je suis pointilleux, mais les mots ont un sens. Dans l’univers startup, le terme corporate est souvent associé à de gros acteurs un peu vieillissants avec des process très longs, peu agiles, et parfois même à des prédateurs. C’est tout le contraire en ce qui nous concerne. Nous sommes accompagnés depuis le début, et sur nos précédentes aventures par la Société Générale. Les équipes régionales et nationales se sont penchées sur notre activité et ont décidé de nous soutenir massivement en injectant 1m2 dans notre dernier tour de table.
Pourquoi la Société Générale a-t-elle investi dans WeSprint ?
« Je crois que c’est un mix de tout ça. C’est évidemment à la fois avec une logique d’investisseur, mais aussi une volonté très forte d’accompagner de plus en plus d’entrepreneurs, de leur mettre à disposition les outils Société Générale, et à ce titre il est vrai que nous sommes le parfait partenaire / intermédiaire / prescripteur. L’idéal serait de leur poser la question directement. » C’est ce que nous avons fait !
Voici les explications de Laurent Goutard, Directeur Général de la Banque de détail Société Générale en France. « Nous voulons être une rampe de lancement pour les startups et accompagner, d’ici 2020, 500 pépites sur tout le territoire. Cet investissement dans WeSPRINT est notre première participation dans un accélérateur Français. En quelques années, les accélérateurs se sont imposés comme des acteurs clefs du développement des startups et de la chaîne de financement. Nous apprécions particulièrement la qualité des programmes d’accompagnement WeSPRINT, l’implication considérable de leur équipe de Mentors associés, et les premiers résultats obtenus que nous allons amplifier à travers notre investissement. »
Est-ce que d’après toi, les accélérateurs sont une variante/ déclinaison des sociétés d’investissement plus classiques ?
Oui je crois que c’est clair pour tout le monde. Les accélérateurs se sont imposés comme un nouveau maillon de la chaine de financement. Aujourd’hui je revendique clairement mon statut d’investisseur : les entrepreneurs le savent, dès le premier jour où ils posent leurs valises dans nos locaux pour participer à 4 mois d’accélération. Nous sommes ce qu’on appelle dans le jargon un « micro fonds ». Nous pensons atteindre 100 participations d’ici 2020.
Comment avez-vous convaincu les nouveaux investisseurs, alors qu’aujourd’hui vous ne faites pas de CA et que le modèle des accélérateurs reste à prouver ?
C’est certain que notre dernière levée de fonds est une prouesse à ce titre. On passe notre temps à dire aux entrepreneurs qu’ils doivent aller chercher des investisseurs au bon moment et avec de bons indicateurs de performance en croissance, mais en ce qui nous concerne, notre modèle est très long terme et nous n’avons pas encore eu de sorties. De notre côté, tout a reposé sur l’équipe que nous avons mise en place, les outils, notre façon de travailler et d’accompagner les sociétés. Nous avons investi via XLR Capital beaucoup de fonds propres dans la société et plus de 2 ans sans aucune rémunération, ce qui est également un vrai gage de confiance. Concernant le modèle d’accélérateur, il vient de faire ses preuves aux US pour les meilleurs accélérateurs avec des sociétés comme Dropbox qui sont introduites en bourse 8 ou 10 ans après avoir été accélérées.
Quels sont les plus gros défis auxquels doivent faire face les accélérateurs pour se différencier et pour perdurer ?
Dans la véritable jungle des dispositifs d’accompagnement, notre plus grand défi est effectivement de se différencier. Le modèle économique aligné 100% au succès est déjà un énorme atout aujourd’hui. Mais nous misons réellement sur notre équipe, la plus-value que nous pouvons apporter aux projets accélérer et nous faisons le job sincèrement, avec beaucoup de passion et d’implication, je crois que c’est ça la clef !