Et si vous vous mettiez à l’éco-paturâge ? Novateur, économique et écologique, GreenSheep propose de faire tondre votre pelouse par des moutons. Et ça marche ! GreenSheep compte plus de 1000 moutons d’Ouessant répartis dans toutes la France autour des centres logistiques, des écoles et des sites industriels. Nous avons posé quelques questions au fondateur de cette startup, Paul Letheux.
Interview de Paul Letheux, fondateur de GreenSheep, la startup qui remplace les tondeuses par des moutons !
Paul, comment l’idée de GreenSheep est-elle née ?
Mes grands-parents ont une ferme à la campagne et en 2015 j’ai eu l’idée d’installer 3 moutons pour remplacer la tondeuse… pour épargner le bruit du moteur aux voisins aussi.. Mais je ne suis pas arrivé là par hasard : j’ai suivi une formation d’ingénieur avec pour spécialité l’entretien du paysage.
Qui sont vos clients ? Pourquoi font-ils appel à vos moutons ?
Dans un premier temps, les plateformes logistiques ont été séduites par notre concept et représentent aujourd’hui plus de 50% de notre activité. Depuis, on a diversifié les installations pour des entreprises ou collectivités, leur point commun à tous est d’avoir d’importants espaces verts à entretenir.
En apportant des réponses concrètes aux problématiques de sécurité sur des sites type SEVESO nous avons développé notre prestation pour des sites industriels, des centrales nucléaires ou photovoltaïques et plus original des prisons ! Une assurance spécifique couvre chaque mouton en responsabilité civile. Sur ces sites, nos clients cherchent d’abord à se faire plaisir en faisant appel à Greensheep. Ce sont des lieux souvent situés en zone industrielle qui manquent de vie et d’animation. Mais ça marche aussi parce que le gain économique est au rendez-vous, il ne faut pas se le cacher.
Les activités agro-alimentaires et pharmaceutiques pour lesquelles nous avons installé des moutons sont très frileuses à l’éco-pâturage car pour eux les espaces verts doivent être aseptisés. Les services qualité font la chasse aux souris et craignent que les moutons en apportent davantage, ce qui n’est pas le cas puisqu’on ne donne aucun complément alimentaire qui attire les rongeurs, ils ne mangent que de l’herbe.
Dans les écoles et les crèches c’est le volet pédagogique qui est important tandis que dans les maisons de retraite ou les hôpitaux ce sont de vraies sources de distraction et cela facilite aussi les visites des familles. Aujourd’hui de grands noms continuent à nous faire confiance tels que la SNCF, L’Oréal, Champagne Taittinger, La Poste ou encore les Supermarché Match. C’est plaisant car ils ont accompagné notre progression et notre spécialisation dans l’éco pâturage.
Vous annoncez être 25% moins cher qu’une tonte traditionnelle, comment est-ce possible ?
Les paysagistes adaptent leurs tarifs en fonction des difficultés du terrain, s’il y a des fossés ou des talus, s’il y a des trous ou qu’il faut contourner les arbres ce sont autant de raisons pour eux d’augmenter leurs tarifs.
A contrario nos prix sont fixes, ils dépendent uniquement de la surface et donc du nombre de moutons. Et oui les moutons vont partout même sur les pentes les plus raides !
C’est dans ce contexte que nous sommes moins chers et parfois cela peut aller du simple au double, 25 % n’est qu’une moyenne.
Pour notre client CADDIE, un industriel Alsacien chez qui l’entretien coutait 8000 €/ an car le jardinier abimait son tracteur tondeuse à chaque passage, avec les moutons il ne leur en coute que 4500 €/ an.
Vous travaillez avec des bergers locaux ? Comment créez-vous ce lien avec ces professionnels ? Que gagnent-ils à s’occuper de vos moutons ?
Nos 25 bergers travaillent pour Greensheep en local, dans les régions ou nous avons des moutons en France.
On a tout type de profil, leur point commun à tous est d’aimer les animaux. Mickael, notre berger dans la vallée du Rhône est infirmier, il a lui-même des moutons et il a des après-midis de libres à consacrer à Greensheep, ça lui permet d’avoir un complément de revenu. Emilie, notre bergère dans le bordelais a deux border collie, ce qui lui plait c’est de pouvoir les entrainer sur nos moutons pour ces concours de dressage de chiens de troupeau.
Nos bergers nous remontent les informations à chacune de leurs visites pour que nous puissions apporter une réponse à chaque problème, tout en nous appuyant sur notre expérience globale de l’éco-pâturage pour les professionnels.
En termes de logistique comment parvenez-vous à assurer ? Entre la clôture, abris et suivi ?
Pour les installations on a séparé chaque poste de travail pour que chaque équipe ait le matériel et le véhicule adapté. Une équipe se charge de la pose de la clôture et une fois que tout est prêt une autre équipe se charge du transport des moutons et de leur installation chez le client. Une fois les moutons bien installés c’est notre berger qui, en local, prend en charge le suivi des moutons tout au long de l’année.
Te considères-tu comme une startup ?
Pour moi nous en avons tous les symptômes, une croissance forte basée sur une prestation novatrice et scalable, du moins partout où l’herbe pousse. Mais malgré cela plusieurs aspects nous distinguent de l’écosystème startup. Nous n’avons pas levé de fonds et nous ne comptons pas le faire, notre activité est belle et bien physique et pas uniquement numérique et enfin nous ne faisons que remettre au gout du jour la technique ancestrale du pastoralisme. Allez donc dire à un berger qu’il est une startup (rires).
Comment avez-vous financé votre lancement et votre développement ?
Nous avons financé le lancement de GreenSheep sur la base de fonds propres en se concentrant sur l’obtention et la satisfaction de nouveaux clients. Notre chiffre d’affaires augmente de manière soutenue et cela nous permet aujourd’hui de couvrir l’ensemble de nos couts. Cela nécessite de maitriser les dépenses, par exemple nous avons divisé par 3 le cout de nos clôtures.
Mais notre objectif est d’être autosuffisants en « stock » de moutons. Aujourd’hui avec un cheptel de plus de 1000 têtes nous achetons encore un nombre important de moutons chaque année pour répondre à la demande. Cela se fait par des partenariats avec des éleveurs situés en Bretagne et dans le Finistère. À terme nous voudrions que les naissances de notre cheptel suffisent à fournir nos nouveaux sites d’éco-pâturage.