Rappeur, producteur, entrepreneur, Ryan Leslie est l’un de ces touche-à-tout qu’il est difficile de présenter. Dans un milieu musical qui instaure une certaine distance entre les artistes et les fans, lui affiche publiquement son numéro de téléphone. Une vision affirmée par la création de sa startup Superphone, une plateforme qui aide les artistes indépendants à engager et à monétiser leur public par SMS.
En 2005, Ryan Leslie faisait partie de l’équipe qui a créé la première pop star d’Internet, Cassie, en la faisant passer de zéro à 650 000 amis sur MySpace en quelques mois. À ce moment-là, Ryan comprend la distance imposée par les différentes plateformes. « Les connexions sociales qui ont été créées à travers MySpace, YouTube, Facebook, Instagram, LinkedIn, sont en réalité très faibles. La beauté d’une vraie conversation active n’a pas d’équivalent, » confie-t-il à RollingOut. « Nous ne faisons que suivre, connecter ou être “amis“. Nous n’interagissons pas. »
La frustration des audiences perdues
« Nous avons créé le compte de Cassie sur MySpace, mais quand tout le monde a migré sur les autres plateformes, nous avons perdu le lien avec cette audience, » raconte-t-il. De même, les influenceurs qui ont développé leur audience sur Vine ont perdu leur public du jour au lendemain avec la disparition de la plateforme, sans avoir le moyen de les contacter. Selon lui, il est temps que les artistes, les marques ou les influenceurs s’approprient les données de leur public à la place des plateformes. À l’instar des grandes marques, les artistes ne savent pas en réalité qui achète leurs oeuvres.
Cette opacité de l’information est aujourd’hui le point de friction qui oppose Ryan Leslie et les plateformes de streaming. Le principal problème du streaming « est que si un fan veut me faire savoir qu’il me soutient en écoutant en boucle mon album en streaming, ces données ne me seront pas transmises. » La data plutôt que l’argent, tel est le combat de Ryan Leslie. Et ce combat semble également avoir une plus-value économique, son statut d’indépendant lui permettant de mieux gagner sa vie. Alors que son premier album, vendu à 180 000 exemplaires, lui aurait rapporté 100 000 $, son dernier album, autoproduit entièrement, a été vendu à 12 000 exemplaires et lui aurait rapporté près de 160 000$. Depuis son passage en indépendant, Ryan Leslie aurait gagné plus de 400 000$.
SuperPhone, super proche
« Nous avons peut-être négligé le pouvoir des SMS. Nous sommes passés à des plateformes de messagerie et nous constatons simplement qu’elles ne sont pas idéales pour l’analyse.» Avec SuperPhone, les artistes peuvent converser en semi-automatique avec leur public grâce à des SMS. Pour son fondateur, l’idée est de construire une relation d’ultra proximité qui améliore l’engagement. « Cela me paraît très important de remercier un fan qui a acheté une de mes musiques. » Le site officiel de l’application est plus que clair : « Transformez vos interactions sociales passives en conversations actives. Profitez des réseaux sociaux, mais ne comptez pas sur eux ! »
Au-delà de cette relation, SuperPhone, qui est actuellement en version Bêta, représente un grand changement dans la façon dont les personnages publics peuvent vendre à leur audience. SuperPhone propose un tableau de bord complet avec les paniers moyens de chaque contact, les zones géographiques les plus investies et d’autres data utiles. « À combien de vos abonnés pourriez-vous envoyer un message texte si vous aviez quelque chose à dire (ou à vendre) ? » peut-on lire sur le site. Voilà la principale différence entre les réseaux sociaux et SuperPhone : la proximité. Pour son dernier album “MZRT“, Ryan Leslie a vendu une musique par semaine par SMS à ses 53 000 contacts SuperPhone. S’ils n’ont pas tous acheté l’album complet, Ryan a pu remercier personnellement par SMS ses fans les plus fidèles.
