Martin Lansard est le CEO et le co-fondateur d’Aniwaa. Une startup basée à Phnom Penh, au Cambodge, il gère l’équipe au quotidien tout en supervisant la stratégie globale de la startup et son développement. Nous l’avons rencontré pour échanger avec lui sur sa vision de l’entrepreneuriat, son désir de pays étrangers et sa passion des dernières technologies. Mais nous lui avons surtout posé une question : comment gérer une startup et une équipe dispatchée dans le monde ?
Pourquoi avoir décidé de créer votre startup à l’étranger ? Pourquoi le Cambodge ?
Cela fait maintenant plus de 10 ans que je suis expatrié. Mon parcours à l’étranger a commencé après mes études lorsque j’ai eu l’opportunité de travailler chez Google en Irlande et par la suite à New York. L’idée d’Aniwaa nous est venue avec mon meilleur ami lorsque j’habitais aux États unis et c’est de là-bas que nous avons lancé cette aventure. Dès le départ, nous avons structuré Aniwaa de manière à pouvoir travailler à partir de n’importe où dans le monde.
En ce qui concerne le Cambodge, ma fiancée est franco-cambodgienne et a toujours souhaité vivre et travailler au Cambodge, où elle a de la famille. En 2014, nous voulions tous les deux changer de vie et sommes venus nous installer à Phnom Penh pour faire un test dans un premier temps. Nous sommes tombés sous le charme du Cambodge très rapidement et nous sommes restés !
Le Cambodge est un pays qui offre une excellente qualité de vie, mais aussi un environnement très dynamique pour des startups comme Aniwaa. J’ai commencé en travaillant de chez moi, puis dans des cafés et des espaces de coworking et j’ai finalement intégré l’incubateur Confluences qui m’a apporté une structure et un soutien considérable.
Quels sont selon vous les avantages d’entreprendre à l’étranger ?
Nous sommes une startup media dont l’audience est mondiale, que nous soyons basés en France où ailleurs importe peu au final. En ouvrant des bureaux au Cambodge, nous avons fait le choix de la flexibilité, de la qualité de vie et d’une certaine liberté.
Je pense que pour tout entrepreneur, la décision de partir à l’étranger peut être conditionnée par le projet lui-même ou simplement par le hasard des choses. Certaines activités imposent des contraintes, d’autres non. Être en France, aux US ou au Cambodge a peu d’impact sur notre activité en tant que startup media, ce qui est important c’est d’être organisé. Être connecté au reste du monde est assez facile aujourd’hui, mais être efficace et une tout autre question!
Nous sommes un média donc nous parlons plutôt d’audience et non de client. Comme notre contenu est disponible en Français et en Anglais, une partie importante de nos utilisateurs est basée en France, un marché friand en technologie émergente. Au cours des 4 dernières années, nous sommes devenus la référence dans le secteur de l’impression 3D au niveau mondial, mais aussi en France où deux de nos membres sont basés. Nous participons régulièrement à des événements tel 3D Print Exhibition & Congress à Lyon où, par exemple, notre cofondateur Pierre-Antoine Arrighi a été invité cette année en tant qu’intervenant. Le reste de notre audience se trouve principalement en Amérique du Nord, au Royaume-Uni et en Europe, mais aussi en Asie.
Souhaitez-vous revenir un jour en France ?
Après 10 ans à l’étranger, c’est vrai que je commence à me demander quand je vais rentrer en France ! Ne pas être en France pour fêter la victoire de la Coupe du Monde a par exemple été un peu dur. C’est dans ces moments-là que l’on se rend compte de la distance qui nous sépare de notre famille et de nos proches.
« Je souhaite préserver cette liberté géographique pour moi-même et pour l’équipe. »
La question est d’autant plus d’actualité, car je suis père depuis peu et mes considérations ne sont plus les mêmes que lorsque je suis arrivé ici il y a 4 ans. Un retour en France est dans nos plans à moyen terme, mais je n’ai pas encore fini avec le Cambodge. J’ai énormément de chance d’avoir pu m’installer ici et de profiter d’une qualité de vie que j’aurais eu du mal à trouver en France. Après une semaine intense au bureau, je peux facilement me retrouver sur une plage tropical déserte, ou en randonnée dans la jungle.
Que fait Aniwaa, votre startup ?
Aniwaa est une source d’information de référence sur les technologies émergentes, spécialisée sur l’impression 3D, le scan 3D ainsi que la réalité virtuelle et augmentée. Nous avons pour objectif d’aider nos utilisateurs, des passionnés de technologie aux professionnels, à choisir les bons produits correspondant à leurs budgets et à leurs besoins.
Nous leurs proposons des outils de comparaison, des guides approfondis et des tests objectifs de produits afin qu’ils puissent effectuer des achats informés. C’est pour cela que nous avons développé le metascore, une note produit globale qui indexe des notes et avis émanant de sources fiables.
En structurant toutes les informations éparpillées à travers le web, nous faisons le gros du travail pour aider nos lecteurs. Ce travail leur permet de se concentrer sur ce qui compte vraiment : trouver le meilleur produit.
Comment gérez-vous les équipes depuis l’étranger ?
Nous avons des bureaux à Phnom Penh au Cambodge, où est basé le gros de notre équipe, dont notre Rédacteur en Chef, Steve, et notre Directeur Marketing Alex. Nous avons aussi 2 collègues en France : Pierre-Antoine, cofondateur et Conseiller Technique, et Ludivine notre Responsable Contenu.
Depuis les débuts d’Aniwaa, Pierre-Antoine et moi vivons dans des pays différents. Quand j’étais à New York, il était en France et quand je suis parti au Cambodge il est parti au Japon ! Ceci nous a forcés à adopter certains outils et habitudes de travail à distance pour nous permettre d’être toujours efficaces.
Cette flexibilité est un aspect important de l’aventure Aniwaa auquel je tiens énormément, car je souhaite préserver cette liberté géographique pour moi-même et pour l’équipe. Cette année, l’équipe a d’ailleurs grandi et cela nous a amenés à mettre en place de nouveaux processus et outils de collaboration.