Pourquoi a-t-on si peur que l’intelligence artificielle nous vole notre job ?

Intelligence artificielle emploi peur
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Tous les jours, à coup de grandes études, on nous explique que l’Intelligence Artificielle va détruire des emplois. Jérémy Harroch, PDG de Quantmetry, un cabinet de conseil spécialisé en intelligence artificielle, a accepté de répondre à nos questions pour comprendre d’où vient cette crainte, les chances de la France dans cette évolution et l’évolution du monde du travail.

Quels sont aujourd’hui les métiers menacés par l’IA ?

Très peu de métiers ne seront pas menacés par l’IA, et on les caractérise plutôt par une dimension humaine ou créative, comme c’est le cas des musiciens ou des psychologues. A contrario, très peu de métiers seront intégralement menacés par l’IA, mais ce sera par exemple le cas du métier de chauffeur Uber car l’arrivée des voitures autonomes va les remplacer. Cependant, entre ces deux extrêmes, absolument tous les métiers seront concernés, parfois avec des adaptations à la marge, c’est-à-dire que les gens vont utiliser de nouveaux outils informatiques qui prendront en considération des capacités de recommandations et d’alertes fondées sur l’intelligence artificielle mais qui ne transformeront pas tous les aspects du métier.

 » On nous présente une IA qui n’est pas celle qui est en train d’arriver, une IA forte, très robotisée, un peu à la « Terminator » »

D’autres seront fortement bouleversés, comme le métier de comptable, car on sait que la réconciliation comptable entre les factures et les virements bancaires sera automatisée par l’intelligence artificielle et que le métier va beaucoup plus s’orienter vers un métier d’analyste et de conseil. Ce sera aussi le cas de certains médecins et notamment des radiologues ou de l’imagerie médicale qui va être très fortement accompagnée par de la décision fondée sur de l’intelligence artificielle. On s’attendra donc à ce que le radiologue ait un métier fortement bouleversé, il travaillera plus en collaboration sur des volumétries de données plus importantes, pour gérer plus de pathologies et plus de patients. Cela veut aussi dire que pour certains aspects, on va aider l’Homme à se concentrer sur les tâches où il a une meilleure valeur ajoutée, ou en tout cas une meilleure performance que la machine. Enfin, on peut citer aussi le métier de la maintenance en secteur industriel, un métier qui sera très fortement changé par l’IA parce que les personnes en charge de la maintenance aujourd’hui résolvent des pannes, alors que demain, elles seront capables d’intervenir avant que la panne ait eu lieu puisqu’on aura été capable de la prédire.

À l’heure de la rentrée, comment les jeunes peuvent-ils être sûrs que le métier vers lequel ils se dirigent n’est pas menacé par l’IA ?

La première réalité, c’est que tous les métiers qu’on pratique aujourd’hui ont de courtes durées de vie et qu’il faut partir du principe qu’on sera amenés à changer de métier, en tous cas pour la plupart d’entre nous. Il faut notamment bien prendre conscience que les compétences techniques de tous les métiers ont vocation à devenir obsolètes de plus en plus rapidement parce que les vagues technologiques sont plus rapides, plus fréquentes et qu’elles tiennent moins longtemps qu’elles ne tenaient par le passé.
Donc, si j’étais étudiant aujourd’hui, je choisirais mes études en fonction du secteur dans lequel je veux travailler plutôt qu’en fonction des compétences techniques que je veux acquérir. D’autre part, et c’est un point essentiel, j’investirais énormément sur mes compétences interpersonnelles et sur ma marque personnelle pour faire en sorte d’être un futur collaborateur clé en termes de relations humaines, de management, d’animation d’équipe, de gestion de projet, ça ce sont ces compétences qui perdureront au-delà des compétences techniques.

A-t-on des chiffres sur ces projections ?

Il y a une masse immense de chiffres qui sont produits par énormément de cabinets de conseil qui les utilisent à des fins de lobbying. Personnellement j’aurais beaucoup de recul sur là-dessus, car aujourd’hui, tout ce que l’on peut dire, c’est que tout ça est très prospectif. En réalité, plusieurs scénarios se dessinent : des scénarios individuels, dans lesquels certaines personnes rebondiront intelligemment sur ces nouveaux métiers, alors que d’autres auront mal anticipé le tournant de leur métier et risquent de connaitre des périodes de chômage. À l’échelle sociétale, deux voies semblent se tracer également : l’une dans laquelle la France aurait tiré le meilleur de l’exploitation de la donnée et du développement d’un écosystème autour de l’intelligence artificielle au service de la création de l’emploi, et c’est ce que je souhaite. De l’autre côté se dessine une voie dans laquelle la France n’aurait pas fait les bons choix et se retrouverait en quelque sorte comme une colonie satellite de l’intelligence artificielle, aujourd’hui fortement développée par les Etats Unis et la Chine.

Jérémy Harroch, PDG de Quantmetry
Jérémy Harroch, PDG de Quantmetry
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Quel genre de métier l’IA pourrait-elle créer ?

Premièrement, il y a tous métiers des spécialistes de l’IA, ceux qui la créent. Cela concerne les domaines de la Data Science si l’on prend l’aspect scientifique, ou le Data engineering si l’on se concentre sur l’informatique. Et puis, il y a aussi tous les métiers de Consultants Data, qui aident à concevoir et à organiser les nouveaux cas d’usage de l’intelligence artificielle. Il y a aussi les métiers qui existent déjà mais qu’on peut développer car ils coutent trop cher tant qu’ils ne peuvent s’appuyer sur l’intelligence artificielle, je pense par exemple aux métiers d’accompagnants ou d’aidants pour les personnes âgées : c’est ce qu’on appelle la golden Economy. Aujourd’hui, ces personnes travaillent beaucoup en autonomie et sont peu aidées. Demain, avec la télésurveillance et le télé diagnostique, la télémédecine, les objets connectés, ces métiers prendront un essor très important.

Pourquoi a-t-on peur de l’IA ?

Il y a deux raisons. La première, c’est qu’on nous présente une IA qui n’est pas celle qui est en train d’arriver, c’est-à-dire une IA forte, très robotisée, un peu à la « Terminator », qui fait appel à des fantasmes cinématographiques ou légendaires. La deuxième raison est que dans la culture technologique, actuellement, les modèles de vente des grands éditeurs de logiciels se font beaucoup par le management par la terreur sur base de menaces telles que « si vous ne prenez pas cette décision-là, vous risquez de fermer votre boite ».
En effet, certaines entreprises n’ont pas pris les bonnes décisions et ont fermé. On pense essentiellement à Kodak, mais évidemment, il y en a d’autres. Nous associons donc ces fortes ruptures technologiques à un risque de destruction, mais personnellement, j’y vois plutôt une opportunité de créer de la valeur, notamment par de nouveaux usages, par l’amélioration de process existants, par tout l’aspect innovation. Et puis, surtout, il est important de noter qu’aujourd’hui, il y a un véritable enjeu à développer une algorithmie de l’intelligence artificielle éthique, c’est-à-dire respectueuse de la protection des données individuelles et des droits individuels des consommateurs et dont l’exploitation de l’algorithme s’assure d’être utile pour la société. Même si l’intelligence artificielle peut encore faire peur, si elle est exploitée intelligemment et de manière éthique, nous pourrons en tirer le meilleur. Et peut-être que la France pourra faire partie de ces acteurs leaders en IA morale…

Quel regard portez-vous sur ces évolutions ?

Mon observation, c’est que ce marché est extrêmement tendu, il y a énormément de demandes et très peu de potentiel et de talents capables d’y répondre. Dans les prochaines années, je pense que le marché se densifiera encore plus, dans toutes ses dimensions. Il y aura encore plus de demandes, plus de collaborateurs et de compétences capables de gérer ces outils, beaucoup plus d’outils aussi, et plus d’éditeurs de logiciels, de présence et de décisions dans les entreprises fondées sur des analyses qui partiront de la donnée et qui seront entre autres exploitées par des Data Scientists et des Data Ingénieurs.

Quelle position la France doit-elle tenir dans ces évolutions ?

Aujourd’hui, il y a peu de gens qui sont formés à ces nouveaux métiers et je pense qu’il faut à la fois augmenter le nombre de masters et le nombre de gens qu’on accepte dans ces masters, mais il faudrait aussi créer la possibilité d’avoir des formations plus courtes de type licence. Un autre sujet important concerne la formation professionnelle : il y a un véritable enjeu aujourd’hui à former dans l’ensemble des entreprises le stock de compétences arrivera à péremption si nous ne réinventons pas ces métiers à la lumière de l’intelligence artificielle. En outre, il y a la dimension éthique et le fait de développer des sujets et des algorithmies respectueux des droits individuels. Enfin, il faut promouvoir des liens entre l’innovation, la R&D et les grands groupes qui passent par l’intermédiaire de startups avec des financements adéquats, et aujourd’hui, la France n’a pas véritablement résolu ce problème. Pourtant, je pense que l’essentiel de la valeur qu’on peut créer en France pourrait passer par l’intermédiaire de sociétés de taille plus petite mais plus spécialisées dans ces nouvelles technologies.

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