Après avoir réalisé un premier closing à plus de 100 M€ l’année dernière, BlackFin Capital Partners, annonce le closing final de son fonds de capital-innovation, BlackFin Tech 1, qui sera doté de 180 M€. BlackFin Tech est un fond d’investissement spécialisé dans le secteur de la Fintech, et apporte aux startups une forte expertise sectorielle, des accès commerciaux à l’international, et des conseils réglementaires pour développer la prochaine génération d’entreprises leaders dans les services financiers. Nous avons interviewé Gabrielle Thomas, investment manager chez BlackFin, pour faire un point sur l’évolution du métier de VC, la nouvelle concurrence entre les fonds et sa vision de la FinTech française.
BlackFin Tech 1 annonce le closing final de son fonds à 180 millions
– Vous annoncez le closing final de votre fonds à 180 millions. Quelle est la nouvelle ambition de BlackFin ?
Créé par les fondateurs de Fortuneo, BlackFin Capital Partners lance son fonds de VC pour accompagner les fintechs, assurtechs et regtechs européennes du Seed à la Series C. Nous sommes désormais le plus gros fonds indépendant sur cette thématique en Europe.
– BlackFin Capital Partners plutôt les PME ETI, aujourd’hui vous attaquez la cible startup. Comment vous vous organisez ? Quand as-tu rejoint l’équipe ?
Une équipe dédiée a été recrutée par la société de gestion, composée de 4 personnes pour le moment, dont les expériences dans des fonds VC (ie chez Aster, XAnge / Siparex, Seventure, et Alter Equity) permettent d’apporter des compétences-clé spécifiques sur l’analyse et l’accompagnement de startups. Convaincue par l’ambition du projet, l’expertise des Partners et la dynamique du marché, j’ai personnellement rejoint BlackFin il y a quelques mois. Je me suis donc totalement immergée au sein des écosystèmes fintech / insurtech / regtech européens, et notamment en France, Espagne/ Portugal et dans les Nordics. Deux nouveaux profils vont nous rejoindre pour étendre notre couverture internationale.
– BlackFin n’est pas très connu dans l’écosystème. Comment expliquez-vous cette stratégie ? Vous faites peu de marketing ?
BlackFin s’appuie d’abord sur le succès de l’aventure Fortuneo, qui fait que notre fonds est connu parmi les fintechs, insurtechs et regtechs françaises qui lèvent des fonds. Nous travaillons à ce que notre positionnement soit encore plus visible en Europe. Etant donné les performances des fonds précédents, la dynamique du marché et les expériences de l’équipe, nous pensons que notre notoriété doit encore s’étendre sur tous ces territoires. Avec cette levée, nous pouvons dire haut et fort que nous avons le plus gros fonds indépendant fintech en Europe, c’est une grande fierté pour l’équipe. Nous voulons vraiment être un hub de cette émulation fintech, c’est pour cela que nous réunissons des corporates, des PME/ETI, des experts et des startups . Nous avons également de forts liens avec les accélérateurs et les organisations professionnelles, comme des partenariats avec France Fintech, France Digitale ou encore avec Copenhague Fintech et InnSomnia en Espagne. Un blog Medium est également animé par l’équipe chaque semaine avec de nombreuses news sur les levées de fonds sectorielles et des points de vue de l’équipe sur le marché.
– Dans quelles startups avez-vous investi dernièrement ?
Nous sommes très contents d’accompagner FRISS qui est une insurtech basée à Utrecht aux Pays-Bas. FRISS permet aux assureurs de détecter les fraudes plus efficacement grâce à une technologie clé en main mise à disposition des équipes de détection de fraudes. FRISS a aujourd’hui plus de 150 clients dans le monde. Nous avons investi 15M€ en Serie A aux côtés d Aquiline (US) et sommes convaincus que ce syndicat va permettre d’accompagner l’expansion internationale de la société. Nous annoncerons un nouveau deal d’ici quelques semaines.
L’évolution du capital risque en France
– Quel regard portez-vous sur l’évolution du capital risque en France ?
Quand j’ai commencé il y a 5 ans c’était très très différent, aujourd’hui, c’est beaucoup plus compétitif car il y a pas mal d’argent disponible, moins de frontières aussi et un vrai manque de professionnalisme souvent. De nombreux discours élèvent les tailles de levées de fonds comme une fin en soi, alors que ce n’est que le début en général … Cela donne lieu à des situations spéculatives et à un choc générationnel entre les investisseurs qui ont vécu la bulle internet et les jeunes VCs prêts à bidder sur n’importe quelle valorisation pour faire des deals. J’exagère un peu, mais, alors que les écosystèmes européens sont en plein boom, il faut avoir une valeur ajoutée différenciante en tant que fonds pour pouvoir avoir les bonnes opportunités. C’est pour cela que je pense que BlackFin est très bien positionné avec son angle spécialiste et européen. L’écosystème drainé est extrêmement qualifié. C’est une grande force pour nous car les chaines de valeur du paiement ou de l’assurance sont relativement complexes à appréhender pour un VC lambda.
Tu ne peux pas imaginer le nombre de fois où des entrepreneurs nous disent « ça fait tellement du bien de discuter avec des VCs qui connaissent enfin les sujets, et de ne pas avoir besoin de tout réexpliquer ».
– Vous êtes un fonds spécialisé. On en voit de plus en plus. Est-ce un gage de sérieux pour les entrepreneurs ? Est-ce un avantage dans les négociations et l’obtention des deals ?
Des fonds indépendants spécialisés sur les fintechs, on n’en voit pas tant que cela, je trouve. En tous cas avec la légitimité de BlackFin, son écosystème et sa force de frappe, je n’en connais pas beaucoup d’autres. Tu ne peux pas imaginer le nombre de fois où des entrepreneurs nous disent « Ça fait tellement du bien de discuter avec des VCs qui connaissent enfin les sujets, et de ne pas avoir besoin de tout réexpliquer ». Bien sûr c’est un énorme avantage. Pour surfer sur cette légitimité, j’organise des meetups Assurtech avec Charlotte, une amie actuaire et entrepreneure, il y a beaucoup d’intérêt. Cela nous permet de faire échanger des experts, de découvrir de nouvelles startups et d’aller en profondeur dans des problématiques du moment avec de nombreuses parties prenantes du secteur.
– Cela peut-il vous permettre de vous positionner en partenaire pour des deals avec des fonds étrangers ?
Nous sommes très avides d’échanges avec des fonds étrangers, car à l’image de ce que nous avons fait sur le tour de FRISS, nous pensons que des coinvestissements entre fonds qui ont des valeurs ajoutées complémentaires sont très porteurs pour les entrepreneurs. Nous avons des contacts très fréquents avec des fonds US, UK, allemands, suisses, italiens, espagnols, portugais, etc. Et c’est au cœur de notre stratégie. Nous avons aussi 37 Venture Partners basés partout en Europe qui sont autant de coinvestisseurs potentiels.
Les Fintech Françaises à l’avenir
– L’évolution du nombre de LDF dans les Fintechs en fait un des secteurs les plus dynamiques (64 levée de fonds en 2017 pour 318 M€). Comment se porte la FinTech française selon vous ?
La fintech française est en pleine essor (belles levées de Younited Credit, Ledger, Lendix, Spendesk, Alan, Tiller, +Simple, Lydia, etc.); il y a beaucoup d’évolutions, on voit par exemple émerger des acteurs qu’on avait vu débuter à l’époque, d’autres qui ont du mal à monétiser leurs communautés pour différentes raisons alors qu’on les croyait très bien partis et c’est très intéressant. L’émergence d’accélérateurs dédiés à ces thématiques et la taille de notre levée sont des preuves de plus que les pouvoirs publics et les grandes entreprises ont un vrai intérêt pour ces segments.
– Quelles sont selon vous les tendances à regarder sur ce secteur ?
L’IA, bien sûr, on pourrait le dire sur bien d’autres industries aussi ! Je trouve passionnant toutes les innovations de process appuyées sur de l’IA pour l’assurance par exemple, ou encore la détection de fraude, les enjeux de claim management, etc. Un paradigme très intéressant est également le BtoSMB, c’est-à-dire les services pour les PMEs ou freelance, avec moins de marketing que le B2C et des cycles commerciaux plus rapides qu’en B2B, on a parfois l’impression que c’est un positionnement astucieux. Il y a aussi beaucoup de fintechs qui émergent dans le giron de DSP2 ou encore autour de l’identification digitale. Mais il y a plein d’autres sujets encore…