Créer son entreprise n’est pas de tout repos. C’est une décision très importante qui va totalement chambouler votre vie. Il faut donc que vous soyez sûr de votre choix, et que vous sachiez exactement où vous voulez aller. Certaines étapes sont inévitables pour vous permettre d’embrasser pleinement cette nouvelle expérience entrepreneuriale.
En effet, “organisation” sera le maître mot de votre reconversion professionnelle. En plus de devoir vous former à un nouveau métier, il vous faudra en parallèle monter le dossier de votre entreprise. Voici quelques pistes qui vous permettront de mener ces beaux projets de front.
Passer du statut de salarié.e à celui d’entrepreneur.e
Lorsque l’on se lance dans la reconversion professionnelle avec pour projet de créer son entreprise, il faut savoir envisager tous les cas de figure possible. Chaque histoire de création d’entreprise est différente, il n’y a pas de « modèle type ». Seulement quelques bonnes leçons apprises par le biais des expériences d’autres entrepreneurs, ou de ses propres expériences professionnelles.
Selon leur tempérament, certains individus vont se lancer à corps perdu dans le projet et s’y consacrer à 100%. Pour ceux-là, quitter leur job actuel n’est pas une option, c’est inévitable. Pour les autres individus plus craintifs du fait de perdre un peu de stabilité, certaines solutions existent pour vous permettre de ne pas tout plaquer d’un coup. Voici la première étape par laquelle vous devrez passer : choisir de quelle team vous êtes !
Team « je quitte mon job actuel pour me consacrer à ma reconversion professionnelle »
Vous en avez ras-le-bol et vous ne souhaitez vivre que pour votre projet ? Génial ! Deux solutions vont alors s’offrir à vous :
La démission :
Que votre projet soit déjà bien ficelé ou non, c’est la façon la plus logique et radicale de se lancer dans votre projet de reconversion professionnelle. Ainsi, vous aurez tout le temps nécessaire pour plancher sur votre entreprise, et vous serez flexible dans votre emploi du temps (un avantage à ne pas négliger). Seul bémol ? Plus aucun filet de secours. En démissionnant, vous n’aurez pas le droit à des aides financières régulières comme le chômage par exemple. En revanche, vous repartirez avec votre solde de tout compte, de l’argent sur votre compte CPF pour financer une quelconque formation. Si vous souhaitez démissionner, nous vous conseillons cependant de bien faire vos prévisionnels et de vous assurer que vous pourrez tenir sans aides financières pendant un petit moment. Et pour terminer, n’oubliez pas de bien calculer votre période de préavis !
La rupture conventionnelle :
Il s’agit d’une possibilité un peu plus « safe » afin de se lancer dans une reconversion professionnelle ayant pour but de créer son entreprise. Dans ce cas de figure, vous devrez faire preuve d’une habilité à négocier. En effet, tous les patrons n’acceptent pas la rupture conventionnelle. À vous de réunir tous les éléments qui pèserons dans la balance et la feront pencher en votre faveur. En obtenant cette rupture conventionnelle, vous allez pouvoir ouvrir vos droits d’accès au chômage pour lesquels vous avez cotisé en travaillant. Si vous optez pour un statut d’auto-entrepreneur.e, cette option peut être très intéressante pour vous, notamment au début de votre activité.
Je m’explique. Admettons que vous souhaitiez exercer en tant que free-lance afin de proposer vos services en graphisme ; les premiers mois, votre fichier client risque d’être un peu fluctuant. Du coup, dès que vous serez sur des mois plus creux en terme de Chiffre d’Affaires, Pôle Emploi viendra combler le manque perçut mensuellement à hauteur de vos droits.
Team « je préfère assurer mes arrières avant de me consacrer à ma reconversion professionnelle »
Il faut savoir que créer une entreprise dans le cadre d’une reconversion professionnelle ne signifie pas automatiquement « quitter son emploi ». Ou du moins, pas de façon immédiate. Dans ce cas de figure, voici les deux options qui s’offrent à vous :
Le congé :
Lorsque vous créez une entreprise, un congé peut vous être octroyé par votre employeur. Celui-ci s’étend sur une durée de un an, renouvelable une fois. Le principe ? L’employeur suspend votre contrat de travail sur une durée précise afin que vous puissiez mettre toutes les chances de votre côté dans cette reconversion professionnelle. Si jamais votre projet de création d’entreprise venait à échouer, vous aurez la possibilité de regagner votre poste. De quoi en rassurer plus d’un qui, en raison de l’âge par exemple, auraient peut de se lancer !
Le passage à temps partiel :
Cette option s’étend sur la même durée que le congé. Ce passage à temps partiel est applicable lorsque
- Vous faites l’objet d’une clause d’exclusivité qui vous lie à votre employeur ;
- Vous ne pouvez pas cumuler deux activités professionnelles pour cause d’emploi du temps chargé.
Évaluer ses compétences pour devenir chef.fe d’entreprise dans le cadre d’une reconversion professionnelle
Afin de mener à bien votre reconversion professionnelle et de concrétiser votre projet de création d’entreprise, vous allez devoir procéder à une « introspection ». En effet, vous ne serez désormais plus employé mais bel et bien patron.ne de votre société. Un cap important qui demande des compétences particulières, comme le management par exemple. On va alors parler de « soft skills ». Ce sont des compétences non-techniques.
La deuxième étape du processus de création d’entreprise en reconversion professionnelle va être d’évaluer vos propres compétences afin de savoir ce sur quoi vous aller devoir vous perfectionner. Voici quelques questions types que vous pouvez vous poser :
- Êtes-vous une personne organisée ?
- Êtes-vous plutôt sociable, avec le contact aux autres facile ?
- Savez-vous être diplomate et ne pas laisser l’affect interférer dans les relations ?
- Êtes-vous une personne empathique ? À l’écoute ?
- Qu’avez-vous acquis comme compétences lors de vos précédentes expériences ?
- Et dans vos expériences de vie ?
Etc.
En bref, vous devrez procéder à un auto-bilan en répondant le plus sincèrement à ces questions. Pas de panique, personne ne sera là pour vous juger. Mais c’est une étape cruciale pour faire en sorte de créer une entreprise saine et pérenne.
En fonction des résultats que vous aurez obtenus et des leçons que vous en tirerez, n’hésitez pas à demander de l’aide autour de vous, ou encore mieux, à vous former. Le but étant d’acquérir au maximum de connaissances indispensables à votre future fonction de chef.fe d’entreprise.
Évaluer ses sources de financement pour créer son entreprise
Créer son entreprise peut demander des ressources financières importantes selon le projet envisagé. Lorsque vous allez bâtir votre business model et votre projet d’entreprise dans sa globalité, vous devez mettre à plat tous les pôles de dépenses que vous allez engager. Une fois que vous aurez défini chacun de ses pôles et que vous serez apte à chiffrer votre investissement, vous pourrez alors envisager les solution adéquates à des fins de financement (si nécessaire). Voici différentes pistes que vous pouvez exploiter :
- Vos apports personnels : biens matériels et financiers, compétences comptabilisées ;
- Les « love money » ou les apports des membres de votre famille, de vos amis… ;
- Les prêts bancaires ;
- Les fonds spécifiques d’aide à la création d’entreprise ;
- Les apports des organismes publics : État, Régions, collectivités… ;
- Les « business Angel » ;
- Les campagnes de crowdfundings ;
Etc.
De plus, si vous avez besoin de financer une formation afin de développer certaines compétences, je vous invite à lire notre article à ce sujet.
Le choix du statut lors de la création d’entreprise
Il s’agit d’une des étapes un peu redoutée par les entrepreneurs. Il est difficile de savoir quel type d’entreprise conviendra le mieux à votre business sans même être certain de sa réussite. Néanmoins, c’est un paramètre très important à déterminer pour lequel plusieurs options s’offrent à vous :
L’auto-entreprise :
Vous serez donc auto-entrepreneur. Une entreprise individuelle classique ou une société sans personnalité morale. C’est un des statuts le plus utilisé par les personnes en reconversion professionnelle. Voici un petit aperçu de ses avantages et inconvénients :
Les plus
- Une gestion quotidienne simplifiée
- Des formalités d’ouverture rapides
- La possibilité de cumuler des statuts et des activités
- Une franchise en base de TVA
- Des charges sociales allégées la première année
- Plus de visibilité sur vos impôts
Les moins
- Certaines charges sont fixes même si vous avez un chiffre d’affaires faible
- Les plafonds de Chiffre d’Affaires sont facilement atteignables
- Les cotisations sont sur la base du chiffre d’affaires et non des bénéfices
- La TVA est non récupérable au delà d’un certain seuil
- Une couverture sociale limitée
- Votre responsabilité personnelle engagée
Une fois (ou avant même) que vous aurez validé votre idée de projet de création d’entreprise, il faut penser au statut juridique de celle-ci. Vous devez en effet satisfaire à cette exigence légale avant que votre entreprise puisse être opérationnelle. Pour ce faire, vous avez en gros deux options (nous développerons cela dans un autre sujet) :
- Créer (à titre d’auto-entrepreneur, par exemple), une entreprise individuelle classique ou une société sans personnalité morale (c’est généralement le statut que choisit la majorité des candidats en reconversion professionnelle lorsqu’ils créent leurs entreprises) ;
La société anonyme (SA)
Les plus
- Les actionnaires ne sont responsables des dettes de la société qu’à concurrence de leur participation dans le capital.
- A la constitution de la société, le capital doit être à moitié libéré. Le reste peut être versé dans un délai de 5 ans.
- Dans le cas où le capital de la SA est supérieur à 225 000 €, la société peut faire appel public à l’épargne et générer des capitaux importants.
- Les actions de la SA sont librement cédés. Le capital peut être également augmenté en fonction des besoins de la société.
- La SA est caractérisée par une souplesse contractuelle. Ses actionnaires peuvent entrer ou quitter très facilement la société sans acquitter de droits d’enregistrement.
- La SA est considérée par les investisseurs comme un gage de sécurité. Elle est crédible vis-à-vis de ses parties prenantes (banquiers, clients, fournisseurs).
- Les dirigeants de la SA bénéficient de la qualité de salariés.
Les moins
- La SA est réservée aux grands projets qui demandent des capitaux importants
- La constitution de cette société requiert au minimum la réunion de 7 actionnaires.
- Elle a une structure assez lourde.
- La SA doit désigner un commissaire aux comptes.
La société à responsabilité limitée (SARL)
Pour terminer, voici les avantages et inconvénients d’un autre type de société qui est souvent envisagé.
Les plus
- Elle offre un cadre juridique sécurisant pour les associés
- Les gérants majoritaires sont affiliés au régime des travailleurs indépendants
- Vous pouvez utiliser le statut de conjoint collaborateur
- Elle vous donne accès à certaines aides
Les moins
- L’impossible gérance par une personne morale
- Un fonctionnement rigide
- Un système de cotisation et prélèvements sociaux complexes
- L’entrée d’un nouvel associé doit être encadrée
Le dépôt de dossier d’immatriculation
Cette étape est la dernière de la création de votre entreprise, et le début d’une aventure trépidante ! Elle concrétisera l’existence juridique de votre société dans le cadre de votre reconversion professionnelle.
Le dépôt de ce dossier peut se faire physiquement ou en ligne auprès du CFE (Centre de formalités des entreprises). Une fois le dossier validé, vous obtiendrez votre numéro de SIREN permettant d’identifier votre entreprise. Une fois ce numéro en poche, vous pourrez commencer à démarrer votre activité en toute légalité.
