Marketing Digital : 7 questions à se poser avant de lancer son entreprise
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Entrepreneur : Suivre sa passion est-il un conseil en carton ?

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    À entendre certains conseils qui circulent dans l’écosystème, la passion serait le meilleur des moteurs dans une aventure entrepreneuriale. D’ailleurs, deux Français sur cinq souhaiteraient transformer leur passion en activité professionnelle, selon une étude réalisée par Visa Europe. Mais seulement six pour cent ont déjà tenté l’aventure. Est-ce réellement une bonne idée de transformer sa passion en projet d’entreprise ? Les entrepreneurs qui réussissent ont-ils suivi leur passion ? Et surtout, est-ce vraiment grave d’entreprendre sans passion ?

     

    Subjective, la passion est une notion centrale en philosophie. Les libertaires comme Kant considèrent la passion comme une “maladie de l’âme”. Les rationalistes Platon et Descartes avancent que la passion brouille le jugement et empêche l’accès aux vérités. Elle est particulièrement importante dans le stoïcisme qui prône la maîtrise voire l’extinction des passions comme une condition indispensable pour atteindre le bonheur. Pour trouver une analyse positive, il faut se tourner vers les romantiques : Hegel, Kierkegaard et Nietzsche qui rapprochent la passion du sentiment de libération et avancent qu’elle intensifie la vie.

    En matière d’entrepreneuriat, les recherches abondent pour comprendre le lien entre la passion et le processus créatif. En 2002, Mark Henricks, mentor et professeur, a popularisé aux États-Unis le terme de « lifestyle entrepreneur » pour désigner celui ou celle qui devient entrepreneur pour améliorer son mode de vie plutôt que son niveau de vie. Ce profil du lifestyle entrepreneur peut être rapproché de celui de l’entrepreneur hédoniste évoqué dans certaines recherches d’Annabelle Jaouen, docteur en entrepreneuriat : « le dirigeant hédoniste cherche à accomplir sa passion, à vivre de créativité et de nouveautés, à se lancer des défis toujours plus ambitieux.»

    La passion comme déclencheur de l’acte entrepreneurial

    Le mythe selon lequel la «passion» est une obligation pour réussir sa carrière est un concept né au XXIe siècle, en même temps que la mode des consultants en « lifestyle » qui misent tout sur l’émotionnel. Un travail passionnant est un travail qui nous correspond, un travail qui est aligné avec notre talent naturel, avec notre potentiel. Il nourrit la soif de connaissance et donne envie d’explorer, de comprendre ou de réaliser. L’intérêt porté et l’enrichissement personnel permettent de faire abstraction des difficultés. 

    Max Nussenbaum, cofondateur de la startup Castle interroge sur son blog : « quand est-il devenu si grave d’aimer simplement ce que l’on fait ? » Cette question est loin d’être dénuée de sens car les jobs véritablement épanouissants ne sont pas légion. Pour le meilleur job du monde, gardien d’une île paradisiaque en Australie, le poste est attribué après étude de dossiers et tirage au sort. « La vérité est que la passion limite le champ de vision des entrepreneurs. Elle occulte les besoins qui créeront demain de nouvelles opportunités. Elle empêche d’expérimenter. Par exemple, Uber n’est pas né parce que Travis Kalanick aimait la logistique des transports. Au contraire, Uber est né d’une frustration totale de ne pas pouvoir prendre un taxi quand il le souhaitait, » argumente Max.   

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    L’entrepreneur et le sportif de haut niveau sont souvent mis en comparaison. De par le sens du sacrifice et la difficulté de leur carrière, la passion est souvent mise en avant comme moteur du succès. Joueur professionnel de football de 1998 à 2002, David Hellebuyck était un bon joueur de Ligue 1. Pas le meilleur, mais toujours présent, il confiait à So Foot en 2016 ne pas être vraiment passionné par le football. « J’adorais jouer mais pas forcément me caler devant ma télé pour regarder une rencontre . Depuis la fin de ma carrière, j’ai complètement lâché. Ça explique peut-être le fait que ça ne m’a pas trop branché de “coacher“. » La performance n’aurait donc pas toujours un rapport avec la passion.

    C’est un sujet qui agite depuis deux décennies les recherches sur l’entrepreneuriat. En 2011, Laaksonen, Ainamo et Karjalainen ont montré que la passion de l’entrepreneur facilite la reconnaissance et l’identification des opportunités et qu’elle est associée avec la fierté, l’engagement, l’énergie et la recherche de perfection. La passion n’a de poids que si elle se transforme en expertise poussée.

    La passion de créer plus que la passion du secteur

    De son côté, Florian Grass a tout plaqué pour se lancer il y a maintenant deux ans. Selon lui la passion permet de surmonter les hauts et les bas rencontrés par l’entrepreneur, mais sa startup LoueTaPoussette (fermée depuis) n’est pas née d’une passion dévorante pour les poussettes, mais plutôt d’une opportunité détectée lors d’une phase de consommation. « C’est le fait de créer qui me passionne. Le domaine découle plus d’une opportunité, d’un besoin que j’ai ressenti. On peut faire un parallèle avec les jeux de gestion auxquels je jouais quand j’étais adolescent : Theme Parc World, Theme Hospital, Simcity, etc. Le thème était secondaire, ce que j’aimais, c’était l’aspect gestion, stratégie de développement. »

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    Pour Olivier Basile, fondateur de la startup Homega qui édite un outil de gestion locative, les deux passions sont indissociables. « Sans volonté de créer ou de faire bouger les lignes, il est difficile de proposer quelque chose de réellement “transformationnel“. Lorsque l’on fait quelque chose avec ses tripes, le niveau d’engagement est important et forcement la qualité est au rendez-vous. »

    Antoine Riboud a écrit que « la passion fournit les arguments incontestables pour contourner les obstacles. » L’entrepreneur doit avoir la passion, mais plus qu’une passion précise, l’important est d’avoir la passion d’entreprendre. La passion de partir de rien, la passion de concrétiser une idée, la passion de bousculer l’ordre établi. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de voir des entrepreneurs expérimentés au parcours parfois incohérent. Comme pour rappeler que l’entrepreneur, au sens Kirznerien du terme, n’est tenté que par l’opportunité. 

    La difficulté de l’entrepreneuriat passion

    Le passionné est un acteur clé pour dynamiser un projet, mais peut avoir plus de difficultés dans la relation aux autres. La passion est un plus évident qui n’est ni nécessaire ni suffisant pour être heureux dans son travail. Elle s’exerce d’ailleurs souvent en dehors du travail et quand elle devient travail, les impératifs économiques rendent son exercice plus contraignant. 

    La startup française Klikobil fondée en 2010 est née de la passion de ses fondateurs pour les Playmobil. L’idée était de proposer des figurines et accessoires d’occasion pour leur redonner une seconde vie. Comme beaucoup de startups passion, cela a débuté en side project puis face au succès il a fallu se structurer, gérer au mieux la logistique, et créer un lieu de vie. « Klikobil, c’est un peu une autre galaxie pour les enfants. Leurs parents leur achètent un Playmobil, mais moi je leur fais don de la joie. Oui, les enfants repartent d’ici avec de la joie, de la bonne humeur, le sourire ; ils sont heureux, » expliquait en 2016 Olivier Boulanger, le dirigeant de l’entreprise. Pour autant, si l’entreprise fonctionne, elle subit les critiques de certains passionnés de Playmobil qui accusent Klikobil de « vendre la passion ».

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    Dans la liste des startups nées d’une passion et de la détection d’une opportunité, GoPro est en tête. Nick Woodman, son créateur, expliquait qu’il a « vraiment commencé à développer l’idée en 2002 durant un séjour totalement dédié au surf avec un couple d’amis en Australie. J’étais toujours dans l’eau à partager des moments et des vagues fantastiques avec mes amis. Je prenais aussi des photos depuis la plage, mais à cette distance elles ne rendaient pas justice à notre pratique du surf. Je me serais damné pour pouvoir faire un reportage type GoPro de ce voyage. Et, en fait, c’est ce qui m’a poussé à rentrer chez moi pour commencer l’aventure GoPro et la création d’une caméra invisible. Une caméra portable si pratique que l’on oublie qu’on l’a avec soi. » Le succès fulgurant de la startup ne laissait pas présager les difficultés qu’elle connaît aujourd’hui. Depuis janvier 2016, GoPro en est à son troisième plan social. Au CES de Las Vegas 2017, Nick Woodman expliquait être « coupable d’avoir vu trop grand et d’avoir trébuché. Nous avons décidé de faire marche arrière et de concentrer notre activité sur ce que nous savons très bien faire, au lieu de faire trop de choses. » Certains analystes ont alors expliqué la difficulté de la firme à innover et à se réinventer. Un manque de vision de son fondateur qui limiterait son champ d’exploitation, obnubilé par la passion des sports extrêmes. Un exemple s’il en fallait un, atteste de cette obsession limitante : l’échec de Karma, le drone lancé par GoPro dans la précipitation pour permettre aux surfeurs de faire de nouveaux plans vidéo. Sans objectif de conquête du marché des drones, alors que l’entreprise disposait de tous les éléments techniques et marketings pour se positionner sur ce marché naissant, ce projet était voué à l’échec.

    Entrepreneur, devez-vous suivre votre passion ?

    Entreprendre uniquement par passion peut conduire à des résultats catastrophiques, tant humainement que financièrement. Il n’y a rien de plus difficile que d’échouer dans un domaine que l’on aime et que l’on pense maîtriser. Quid alors des conseils du genre : « suis ta passion », « si tu fais ce que tu aimes c’est plus facile », « si tu ressens ce besoin, les autres passionnés l’ont aussi », « tu aimes le VTT ? Bah, monte ta boîte dans ce milieu-là ! » et autres ? Premièrement, comme tous les conseils, venant de certaines personnes, ils seront bons à prendre, venant d’autres ils ne seront qu’une formule de banalité. Deuxièmement, entrepreneur, n’est pas un métier. Entreprendre ce n’est pas une activité simple que l’on rémunère. Entreprendre c’est une posture à adopter, celle du partage et de la collaboration. C’est un engagement permanent vers des objectifs que peu de gens comprendront. C’est avoir une vision et vouloir l’imposer. C’est accepter que les choses ne fonctionnent pas toujours comme on le voudrait. Entreprendre c’est avoir le sens du sacrifice et accepter l’irrationalité. Entreprendre c’est prendre des baffes et se relever sans cesse. Alors si une passion dévorante peut permettre de relever tous les défis du monde entrepreneurial c’est un plus signifiant, mais pas une raison suffisante.

    Selon OpinionWay, notre pays possèderait un vivier potentiel de 19 millions d’entrepreneurs !  Certes, tous ne passeront pas à l’acte du jour au lendemain. Mais 34% des personnes qui souhaitent créer leur entreprise pensent le faire dans les deux ans à venir. Tout le monde n’a pas forcément une passion dévorante qui va se concrétiser en carrière ou en entreprise. Mais à force de répéter ces conseils, on pousse les gens à donner du sens à quelque chose qui n’en mérite peut-être pas, à transformer un intérêt passager en une “passion-vocation“ obligatoire qui se veut être l’élément déclencheur de l’acte entrepreneurial. Pour créer une entreprise pérenne, la seule passion ne suffit pas. Elle doit se coupler à d’autres indicateurs de performance comme l’expertise, le sens du timing, la vision… D’après Tahar Ben Jelloun, « la passion est un ouragan, quelque chose de sublime qui précipite le désastre. » Pour conserver le recul nécessaire à la prise de décision, l’entrepreneur ne devrait-il pas toujours garder cela en tête ?

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