Le Danemark, ce pays où les gens sont les plus heureux du monde et dont Lego, Mærsk ou Skype font la fierté, fait souvent parler de lui. Avec ses 5,7 millions d’habitants, le Danemark compte deux fois moins d’habitants que l’unité urbaine de Paris. Et pourtant, avec environ 30 000 nouvelles entreprises qui voient le jour chaque année, le Danemark se retrouve souvent en tête des pays les plus favorables à l’entrepreneuriat.
Alors comment ce petit pays dont on ne connaît que trop peu la culture peut-il rencontrer autant de succès ?
La prise d’initiative, une tendance enseignée dès le plus jeune âge
Les histoires d’étudiants danois qui ont déjà fait leurs premiers pas dans le monde du business sont nombreuses. Il y a, entre autres, l’histoire de Cecilie Villadsen, qui a lancé une petite entreprise de mode à l’âge de 14 ans. L’idée était simple : coudre un drapeau américain sur des shorts Levi’s et les vendre sur Facebook. L’envie de se faire de l’argent de poche et un esprit entrepreneurial ont cependant permis à Cecilie Villadsen de se faire un peu plus d’argent de poche qu’elle ne le pensait. En effet, ces shorts aux drapeaux américains ont connu un tel succès que Cecilie Villadsen, aujourd’hui âgée de 17 ans, a créé sa boutique en ligne, American Dreams, dont le chiffre d’affaires en 2016 a atteint 3 millions de couronnes danoises (environ 400 000€). Et Cecilie Villadsen n’est pas la seule. Il y a également Dennis Drejer, qui à l’âge de 25 ans, a créé avec succès sa boutique en ligne de laine, sans aucune connaissance dans ce domaine ou les créateurs de Bedre Nætter, âgés de 20 à 26 ans, et dont la boutique en ligne proposant des lits de luxe marche si bien qu’elle rapporte plus d’un million de couronnes danoises (environ 135000€) par mois.
Ces histoires sont légions. Les jeunes danois ne semblent pas avoir peur de l’échec ni être impressionnés par l’idée d’avoir leur propre business. Comment cela s’explique-t-il ?
Cela peut tout d’abord s’expliquer par le fait que le système éducatif danois est, à bien des égards, différent du nôtre. Le système de notation apparaît très tard dans le parcours scolaire. Selon les pédagogues danois, à leur jeune âge, les enfants n’ont pas besoin d’être contraints par un système de notation. La peur d’une mauvaise note limiterait le développement de la créativité, ainsi que la prise d’initiative.
Plus tard, au lycée et à l’université, de nombreux cours sur l’innovation et l’entrepreneuriat sont également proposés. Certains sont obligatoires, d’autres sont facultatifs. Ces cours guident les élèves dans la création de leur entreprise et apportent assistance aux élèves qui ont déjà créé leur entreprise. De plus, dans de nombreuses branches universitaires, les élèves ont la possibilité de choisir entre un stage de fin d’année en entreprise ou la création de leur propre entreprise guidée par des professionnels. Certaines entreprises naissent de ces projets. D’autres n’aboutiront à rien, mais auront éveillé l’esprit entrepreneur des élèves.
Des conditions favorables à la création d’entreprises
De nombreux facteurs viennent également s’ajouter à la culture d’initiative danoise et permettent aux entrepreneurs d’aboutir rapidement et facilement à leur projet.
Premier point, non pas des moindres, l’économie du Danemark, bien que touchée par la crise de 2008, se porte très bien. Les Danois disposent d’un fort pouvoir d’achat et d’un système protecteur qui garantit une sécurité importante, même en cas d’échec.
« Au Danemark, tout se fait en ligne. En l’espace de 10 minutes, vous pouvez avoir votre entreprise »
Ensuite, créer son entreprise est beaucoup plus facile au Danemark que dans de nombreux autres pays européens. Il y a peu de formalités administratives et les quelques formalités administratives sont réglables en ligne en quelques clics.
Le système danois est également connu pour sa grande flexibilité. Trouver du travail et se faire embaucher est assez facile. Avec un système danois plutôt généreux et un marché du travail qui embauche facilement, les licenciements sont aussi courants. Il devient donc beaucoup moins risqué d’embaucher pour les start-ups.
Pour finir, c’est toujours avec cette même flexibilité que les banques ont tendance à facilement prêter. Le Danemark est le pays le moins corrompu au monde. Les Danois se font généralement confiance. Ainsi, les crédits professionnels sont facilement accordés.
Créer son entreprise au Danemark, qu’en disent les entrepreneurs danois ?
Mads Hvidberg a 31 ans et est cofondateur de la start-up danoise JH Media, éditrice du site MoneyBanker, spécialisée dans la comparaison des crédits à la consommation. Il répond à nos questions :
1001Startups : Quand vous est venue pour la première fois l’idée d’avoir votre propre entreprise ?
MH – « J’ai commencé à m’intéresser à l’entrepreneuriat et l’idée d’avoir ma propre entreprise lorsque j’avais 13-14 ans. J’ai alors commencé par acheter des bonbons en promotion dans diverses boutiques et je les revendais ensuite à l’école. Mes camarades appréciaient beaucoup ma petite boutique et parfois même, les professeurs achetaient mes bonbons. »
1001Startups : Vous avez finalement créé votre entreprise actuelle. La création de votre entreprise a-t-elle été difficile ?
MH – « C’est très facile de créer son entreprise au Danemark. Vous obtenez très rapidement votre numéro CVR (équivalent du numéro de siret). Tout se fait en ligne. En l’espace de 10 minutes, vous pouvez avoir votre entreprise. Les défis viennent en premier lieu lorsqu’il faut commencer à embaucher des employés. Il y alors plusieurs choses auxquelles il faut prêter attention, par exemple, veiller à ce que les employés aient les meilleures conditions possibles et à ce qu’ils travaillent dans des conditions légales et appropriées. Mais avec l’aide d’un conseiller, vous trouverez facilement l’aide nécessaire. »
1001Startups : Les gens étaient-ils généralement positifs lorsque vous parliez de créer votre entreprise ?
MH – « Oui, les gens sont en général positifs. Créer sa propre entreprise fait partie de la culture danoise. Si vous en avez envie, pourquoi pas ? Beaucoup créent leur entreprise. C’est devenu une sorte de mode. Comme le disait Albert Einstein, c’est la quantité qui engendre la qualité. Parmi les nombreuses entreprises créées, il y en aura sans aucun doute certaines qui connaîtront le succès. Bien sûr, il y a toujours des personnes qui ne comprennent pas vos choix et décisions. Mais ce sont souvent des personnes qui n’acceptent pas que vous ayez le courage de suivre vos rêves. »
1001Startups : Lorsque vous avez décidé de créer votre entreprise, certaines choses vous faisaient-elles peur ?
MH – « Non, pas vraiment. Au Danemark, nous avons la chance de recevoir une aide économique lorsque nous sommes au chômage. Lorsque j’ai créé mon entreprise, je venais tout juste de finir mes études et j’étais donc habitué à vivre avec de petits revenus. Il n’y avait donc pas grand-chose à perdre. On oublie souvent de féliciter les gens qui osent tenter leur chance. Certains ont peur de ne pas réussir ou de ne pas être assez bons. C’est pourquoi il leur semble plus facile de travailler pour quelqu’un plutôt que de suivre leur rêve d’avoir leur propre entreprise. Pourtant, faire des erreurs est primordial dans l’apprentissage. Une erreur en est réellement une si vous la faites deux fois. »
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