En tant qu’entrepreneuse, on me pose souvent la question du sexisme, des barrières et des difficultés rencontrées par les femmes qui entreprennent. À mon sens, c’est majoritairement les mêmes difficultés que pour un homme. Je pense que le principal frein à l’entrepreneuriat par les femmes est le blocage psychologique. Pas les bâtons dans les roues que l’on peut vous mettre, car ils existent, quel que soit le sexe, lorsque l’on décide d’entreprendre.
Si la maternité et la parentalité sont souvent considérées comme le premier frein aux carrières des femmes en entreprise, le manque de confiance reste à mon avis, la première raison de l’écart existant entre le nombre d’hommes et de femmes qui entreprennent.
La plupart des femmes adultes d’aujourd’hui ont grandi dans le schéma « patriarcal » où l’homme de la maison est celui qui assure le confort financier du foyer et la femme celui de la famille. Dans cet esprit, les petites filles ont joué à la Barbie, à la dinette, et certaines femmes aujourd’hui attendent encore que le Prince Charmant vienne les délivrer.
Le conditionnement des genres commence au plus jeune âge, et je crois qu’il est de notre responsabilité de femme de sensibiliser nos enfants dès le plus jeune âge et à la répartition des rôles à la maison, avant d’espérer des évolutions significatives dans le monde professionnel. En effet, bien que les mœurs ont évolué, la majorité des tâches domestiques et parentales sont encore et toujours effectuées par les femmes. Salaires inférieurs, vocation maternelle, ou encore déficit d’ambition… sont autant des raisons évoquées par les hommes que par les femmes, qui perpétuent le conditionnement des genres.
S’il appartient à chacun d’avoir ou non de l’ambition professionnelle, je suis persuadée que génétiquement, les femmes ne sont pas moins ambitieuses ! Le manque de confiance professionnelle vient d’un manque d’exemple. L’existence (supposée ou réelle) de liens fusionnels existants entre l’enfant et la mère conditionne les femmes à ce rôle. Et les renvois à leur culpabilité si elles ne décident pas de tout sacrifier pour leurs enfants. Sans parler de la mise à l’écart des pères dans leur éventuelle vocation paternelle (je pense qu’en dehors des clichés, ils seraient aussi nombreux à aimer passer le mercredi après-midi avec leurs enfants).
Car lorsque l’on creuse plus loin, on s’aperçoit vite que toutes les femmes ont dans la tête de beaux projets, et que la majorité n’ose pas lancer ou pire parfois même assumer. Lorsqu’elles goutent à l’entrepreneuriat, cela tient souvent à un concours de circonstances, voire même parfois du hasard. En commençant souvent avec le DIY ou la customisation, partageant leur passion sur un blog, ou postant des tutos vidéos, elles viennent à l’entrepreneuriat par la force des choses… parce qu’elles constatent souvent étonnées que cela fonctionne et peut devenir un business ! Et pour cela, le numérique est un formidable tremplin pour l’entrepreneuriat féminin.
Mais s’il est évident que l’on commence toujours petit, l’ambition que l’on insuffle dès le départ à son projet est déterminante. Elle se répercute sur la vision de l’entreprise, les choix de développement, les stratégies à mettre en place et des financements nécessaires.
Les femmes doivent lutter contre leur propre éducation pour s’imposer professionnellement. Elles doivent lutter contre les conventions pour mener à la fois une vie personnelle et professionnelle épanouie. Elles doivent combattre les habitudes qui ont la dent dure à la maison.
Si les femmes ne se responsabilisent pas de cette tâche, les mœurs n’évolueront pas. Le combat féminisme, ce n’est pas que les FEMEN… Cela commence avant tout chez soi.
