La startup Clementine supprime les pertes de temps à transmettre les documents comptables et redonne de la valeur ajoutée à la comptabilité à travers des indicateurs à jour sans déployer de moyens onéreux. C’est un service tout-en-un permettant d’obtenir une comptabilité réalisée de A à Z jusqu’au bilan comptable. Cette technologie est couplée à un accompagnement humain par un comptable dédié tout au long de l’année. Ce dernier peut ainsi réaliser le bilan comptable de fin d’année et intervenir comme un coach financier professionnel. Rencontre avec William Boiché, le fondateur de cette startup.
William, d’où vient cette idée de Clementine ?
Clementine est née de l’association des compétences d’un papa Expert-Comptable et de son fils issu de la génération du web. Clémentine répond à un besoin simple; connecter les entrepreneurs à leur comptabilité en temps réel. L’idée est venue au diner familial de Noël 2011 en mangeant des clémentines. Il y avait des banques en ligne, des assurances en ligne, mais pas d’Expert-Comptable en ligne. Nous voulions marier toutes les technologies du web et des fintechs disponibles à la comptabilité pour décharger l’entrepreneur des tâches comptables rébarbatives tout en lui donnant accès à sa comptabilité.
Comment s’est passé le lancement ?
Après 6 mois de préparation, nous avons choisi d’investir nos économies dans notre projet. Le 1er jour, nous avons eu notre 1er client puis la traversée du désert. Malgré cette traversée du désert de 6 mois, nous avons choisi de continuer en convainquant nos partenaires de nous faire confiance sur la qualité de notre business model. À l’époque, personne ne croyait à la comptabilité dans le cloud pour des raisons de sécurité et de complexité sur l’échange des pièces comptables à distance, mais nous avons su rapidement mettre en place un coffre-fort numérique pour rassurer nos clients.
Dès le départ, les entreprises vous ont fait confiance ?
Non, et en effet, la confiance est la principale problématique sur internet, il a fallu la construire. L’expert-comptable étant le premier tiers de confiance auprès des entrepreneurs, le paradoxe était de le rester tout en étant sur le web, lieu par excellence de méfiance. Nous avons dû rassurer les clients en étant à la pointe de la réactivité à chacune de leur demande. Nous avons également mis en place une garantie satisfait ou remboursé les 3 premiers mois pour qu’ils n’aient pas peur de s’engager avec nous.
Quel est le business model de Clementine ? Ce BM là, nécessite-t-il obligatoirement la levée de fonds ?
Notre business model est simple, nous proposons des abonnements mensuels à nos clients à partir de 69€ HT par mois pour obtenir une mission d’Expertise-Comptable complète. Nous traitons la comptabilité du client de la saisie au bilan annuel avec l’accompagnement d’un comptable dédié à chaque entreprise cliente. Nous proposons également des services juridiques et d’expertise sociale pour que l’accompagnement soit global. Ce business model nécessite une solidité financière, car il est très capitalistique du fait du coût d’obtention d’un client et de son panier moyen bas.
Vous avez levé sans communiquer le montant ? Quels sont les objectifs ?
Clementine a conservé son indépendance financière grâce aux apports de ses fondateurs et à l’accompagnement des institutions financières dont la Banque publique d’investissement a particulièrement su contribuer intelligemment en venant de nous accorder leur confiance. Ce soutien financier nous permet de développer sereinement l’intelligence artificielle de notre application comptable pour maitriser les flux de données importants que nous traitons chaque jour.
Quels conseils donneriez-vous aux startups qui veulent lever ?
Conseil numéro 1 : Pas besoin de lever à tout prix à la création de l’entreprise dans un marché nouveau. La levée peut très bien fonctionner après avoir déjà rassemblé des centaines de clients ce qui permet de conserver le maximum d’indépendance. Conseils numéro 2 : Rencontrez la BPI !
Il existe en effet un paradigme sur internet. Si une offre est à petit prix, elle est forcément low cost ou de mauvaise qualité.
La dimension tech est très présente, comment révolutionner la comptabilité ? Et quels avantages pour vos clients ?
Nous avons une technologie à la pointe des fintechs et nous développons de plus en plus notre intelligence artificielle pour rendre plus intuitives nos applications. Grâce au big data, nous pouvons restituer à nos clients les indicateurs de performance des entreprises en temps réel et même anticiper l’avenir… Pour cela, nous développons des outils d’analyses comparatives temporelles et sectorielles afin de prédire les KPI de fin du mois et de fin d’année. En recoupant de nombreuses données, nous pouvons mieux conseiller nos clients.
La comptabilité est un milieu « fermé » un peu ? Comment arrivez-vous à vous faire une place ?
C’est vrai. Mais aujourd’hui le numérique bouscule les codes et permet à de nouveaux acteurs « full-web » comme nous d’exercer une traction de notre profession vers le renouveau pour ne pas se faire uberiser. Clementine est quasiment un laboratoire d’innovations pour la profession, car elle teste tous les jours de nouvelles missions technologiques d’Expertise-Comptable. Par exemple, nous sommes le 1er Expert français à digitaliser l’intégralité de la tenue comptable d’un dossier en comptabilité d’engagement, c’est-à-dire basée sur les factures et non seulement sur les flux financiers.
L’international ? Pensez global, est-ce une question de survie pour une startup ?
En Europe, nous avons 20 millions d’entreprises et la France en compte plus de 2 millions. Sans même penser à l’international, notre marché français est gigantesque sans oublier les 250 000 créations d’entreprises annuelles qui sont une mine d’or pour des acteurs comme nous, centrés sur des critères de performance différents des acteurs en place.
Combien de collaborateurs êtes-vous ? Que diriez-vous aux entrepreneurs qui ont peur d’embaucher ? Avec la nouvelle levée, vous allez devoir aussi recruter. Quels types de profils seront recherchés ?
Nous sommes 60 collaborateurs. Je comprends la peur d’embaucher, mais il faut savoir faire confiance non seulement à son marché, à ses clients et aussi aux candidats à l’embauche. Chez Clémentine, la confiance est notre 1ere valeur, car nous estimons qu’elle est à la base de toutes les relations professionnelles et personnelles. Nous donnons donc la chance même aux débutants.
La plus grosse difficulté jusque là ?
Réussir à dépasser les préjugés des entrepreneurs sur l’Expertise-Comptable en ligne. Il existe en effet un paradigme sur internet. Si une offre est à petit prix, elle est forcément low cost ou de mauvaise qualité. Nous nous efforçons de démontrer que notre mission peut être tout à la fois abordable et de haute qualité. Heureusement, nous avons plusieurs cartes en main pour rassurer nos clients, par exemple, nous sommes membres de l’Ordre des Experts-Comptables.
En chiffres aujourd’hui, Clémentine ?
-60 collaborateurs,
-1500 clients,
-15000 fans sur Facebook,
-Plus de 2 millions de factures enregistrées
-1/2 Milliard de chiffre d’affaires comptabilisé depuis la création de Clementine
L’ambition de clémentine en une phrase ?
Devenir un acteur majeur du big data professionnel en France.