Bonjour Jean-christophe Breitler et merci d’avoir accepté de partager ton expérience de l’entrepreneuriat sur Pépite Entreprise. Tu es le fondateur de Greenfeel. Mais avant de nous présenter ta société, raconte-nous ton aventure entrepreneuriale, comment en es-tu arrivé là ? Qui es-tu ?
Le qui je suis explique comment j’en suis arrivé à créer une entreprise innovante à 40 ans.
Fasciné depuis l’enfance par la nature et les végétaux, j’ai toujours rêvé de percer leurs mystères. C’est dans ce but que je suis venu étudier à Montpellier, un des principaux pôles de recherche agronomique en Europe. Après avoir obtenu un doctorat en biologie végétale de l’Université des Sciences et Techniques du Languedoc, je suis entré au CIRAD pour y conduire des recherches portant sur l’amélioration variétale du riz. Au cours de ces années passées au service de la recherche publique, j’ai régulièrement utilisé les techniques de culture in vitro à des fins expérimentales.
Il y a plus de 10 ans, j’ai fait le rêve un peu fou de marier la recherche scientifique et la création artistique avec pour objectif de magnifier la beauté des plantes. Un rêve dans lequel la culture in vitro et le design se nourriraient l’un de l’autre pour composer des créations aussi surprenantes qu’esthétiques. Passionné par mon métier de chercheur, j’ai conservé cette idée dans un coin de ma tête. Rebuté par une promotion consistant à devenir gratte papier et chercheur d’argent, j’ai décidé de me lancer dans l’aventure de l’entreprenariat.
Alors qu’est-ce que Greenfeel? Et comment est né le projet ?
Fidèle à Oscar Wilde, nous pensons que le progrès n’est que l’accomplissement des utopies. Nous avons rêvé d’une nouvelle décoration végétale, ou les plantes pousseraient en harmonie et sans entretien, tout en présentant les plantes sous un jour nouveau.
Greenfeel est une entreprise qui a pour vocation d’inventer des paradis végétaux dans lesquels les plantes vivent en autarcie, protégées des maladies, des prédateurs, de la faim, comme de la soif.
Un concept unique au monde ayant pour objectif de présenter les plantes sous un jour nouveau dans différents contextes. Nos créations peuvent avoir une vocation purement décorative ou bien devenir de puissants vecteurs de communication. Nos plantes se développant dans des contenants stériles, nous sommes les seuls à pouvoir réintroduire des végétaux dans les cliniques, sans aucun risque pour les patients.
Après avoir réalisé la formation « création d’entreprise innovante » proposée par le BIC de Montpellier, j’ai pu être incubé par LRI. Le financement ainsi obtenu m’a permis de développer les premiers prototypes au sein du CIRAD. Il aura fallu quatre années de recherche et de tests pour mettre au point les premiers produits et développer les protocoles permettant d’y cultiver des plantes sur de longues périodes, et constituer une équipe de passionnés.
Quel est votre business model ? Avez-vous fait ou allez-vous faire une demande de levée de fond ?
Notre business model repose sur une logique industrielle. Les contenants, dessinés par différents designers, sont prototypés par nos soins, puis produits en quantité par un ou plusieurs industriels. Nous maîtrisons la biotechnologie. La collection de plantes in vitro est entretenu à Montpellier où tous les produits finis sont réalisés par nos techniciens. Les produits sont ensuite commercialisés en France par le biais d’un distributeur.
A ce jour, nous avons réalisé deux petites levées de fonds auprès de business angels de la région de Montpellier.
Vous avez une cible client BtoC, BtoB. Quelle stratégie adoptez-vous pour communiquer auprès de cette cible ?
Nous proposons une gamme de produits de décoration au grand public par le biais de différents vecteurs de commercialisation (internet, boutiques indépendantes, chaines de boutique). La plupart de ces produits peuvent être adaptés aux besoins des entreprises. La grande latitude dont nous disposons concernant la personnalisation de nos produits nous permet de proposer des produits destinés à fidéliser des clients, à lancer une nouvelle offre, ou à remercier des collaborateurs. Notre réactivité nous rend très performant pour tout ce qui touche à l’événementiel (décoration à façon, trophées, pièces uniques, …). Enfin, nos produits sont de formidables vecteurs d’image pour les entreprises ayant besoin de communiquer sur leurs actions environnementales. Une campagne de communication opportuniste et très active sur le web (blogosphère, e-magasine, réseaux sociaux) aussi bien que dans la presse écrite ou encore la télévision nous permet de faire connaître Greenfeel à nos clients.
Quelle est selon vous le ou les facteurs les plus importants à la réussite d’une entreprise?
Si c’est une qualité morale, je dirai l’optimisme. Si le chef d’entreprise n’est pas farouchement optimiste, cela risque d’être difficile. D’un point de vu pratique, je dirai de la chance (que l’on provoque par le travail) et une réserve financière adaptée aux besoins. Enfin, votre produit doit répondre à un réel besoin…
Quelle difficulté avez-vous rencontré au cour de votre vie d’entrepreneur ?
La principale difficulté que nous ayons rencontrée est financière. Pour un industriel qui a besoin de locaux importants, de personnel, et de stock, les charges financières sont énormes. Nous vivons dans un pays schizophrène vis à vis de ses PME. Il donne d’un côté ce qu’il reprend de l’autre. Les aides ne servent souvent qu’à payer des impôts, taxes et autres prélèvements. Du coup, au lieu d’embaucher, par exemple, on se retrouve à faire des semaines de 80 heures…
Que représente l’entreprenariat pour vous ?
Une formidable aventure. On ne sait jamais de quoi sera fait le lendemain. Il reste peu de jungles à explorer, mais n’importe qui rêvant d’une vie mouvementée peut créer son entreprise.
L’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle vous semble-t-il facile à gérer ?
Oui, à condition que les choses soient claires dès le départ et que les conjoints aient réellement fait ce choix. Développer une start-up représente bien plus qu’un travail à plein temps, c’est un sacerdoce. Votre conjoint doit accepter de vivre avec vous et une maitresse envahissante, l’entreprise !
Pouvez-vous nous définir le mot « innovation » ? Quelle en est votre vision en tant qu’entrepreneur ?
Pour mois, innover consiste à créer quelque chose qui n’existait pas avant avec à la base un concept incertain. Partant de là, on essaye de créer quelque chose de nouveau sous le soleil sans aucune garantie que cela fonctionne, d’un point de vu économique et technique. Si on y parvient, on a innové.
Comment vous voyez vous dans 5 ans ?
Greenfeel ne sera plus une start-up, mais une entreprise comptant de nombreux employés qui commercialisera des produits et des services dans toute l’Europe. Je ferai, je l’espère, toujours partie de l’aventure.