Depuis quelques années, le crowdfunding ou financement participatif s’est invité dans les foyers du monde entier. Ce type de financement qui existe depuis des décennies a été popularisé avec Internet, dont les plateformes les plus connues sont Kickstarter ou encore Indiegogo. Sur ces plateformes qui mettent en relation ceux qui ont un projet à financer et ceux qui souhaitent les soutenir, il est possible d’apporter un financement de quelques euros à plusieurs milliers, en allant du don au financement contre participation.
Le financement participatif contre prise de participation
D’autres plateformes proposent quant à elles de prendre des parts dans des sociétés ou de faire un prêt contre une rémunération liée à un taux d’intérêts. Face à ces plateformes « ludiques », d’autres se sont spécialisées dans le financement participatif de projets en l’échange d’une participation en action ou en obligations dans l’entreprise. Parmi elles, la France n’est pas en reste avec Anaxago, Wiseed ou SoWeFund qui revendiquent plusieurs centaines de millions d’euros investis dans les entreprises françaises.
Pourquoi les entreprises font-elles appel au CrowdFunding ?
Les raisons peuvent-être multiples. Pour les dons avec contrepartie, il peut s’agir pour les startups d’un bon moyen de tester l’appétence du marché pour le produit qu’elles souhaitent proposer. Ainsi, si la campagne est réussie, elles auront l’assurance que des clients sont prêts à payer, et auront un capital initial pour lancer leur production. C’est aussi souvent un beau moyen de communiquer.
Dans le cas du financement contre prise de participation, il s’agit souvent de structures qui auront eu du mal à convaincre les organismes plus traditionnels de l’investissement. Par exemple parce que leur marché n’est pas assez important pour intéresser un fond, ou parce que leur projet est trop risqué pour lever de la dette auprès d’organismes bancaires plus classiques. C’est une des raisons pour lesquelles on va retrouver de nombreux projets de startups ou d’innovations sur ces plateformes de financement.
En contrepartie de la prise de risque importante des investisseurs, ceux-ci se voient attribuer un pourcentage en actions dans le capital de la startup ou une obligation contre taux d’intérêt à un tarif très intéressant (souvent supérieur à 7% net).
En effet, en cas d’échec, les investisseurs perdent 100% de leur capital. Il est donc légitime qu’ils soient rémunérés en conséquence pour cette prise de risque.
Les banques de leur côté ne financent pas le risque, elles financent l’investissement et le “sûr”. C’est pourquoi il est aujourd’hui plus facile d’obtenir un crédit pour l’achat d’une machine que pour développer une nouvelle technologie sans garantie de réussir. Pour l’innovation, les entreprises peuvent donc se tourner vers le financement participatif, les fonds d’investissement en capital innovation ou BPI.
Le financement participatif (crowd-equity), crée-t-il des entreprises pérennes ?
Le bilan est plutôt mitigé. Si Anaxago a propulsé de belles startups comme PayPlug, Prêt à Pousser ou Wistiki, la société ne communique pas sur son taux de rentabilité, à la différence de Wiseed qui joue la carte de la transparence sur le sujet.
Cette dernière plateforme ne revendique qu’une seule sortie positive depuis sa création sur un projet de startup avec un coefficient multiplicateur de 1,74 sur 102 projets. 9 ont quant à eux été liquidés avec une perte totale en capital.
Il est cependant important de noter que, même si ces performances semblent modestes, elles sont toutefois cohérentes par rapport à la rentabilité des fonds d’investissement en capital-innovation qui est de… -1,6%.
(Source AFIC/EY 2016)
Les déboires du CrowdFunding…
Face à l’engouement du financement participatif, des projets “bidons” ont porté préjudice au CrowdFunding. Par exemple, les projets d’Elio Motors ou Skarp n’ont jamais vu le jour, bien qu’ils aient récolté plusieurs millions. Alors que de nombreux donneurs cherchent à se faire rembourser, ils apprennent trop tard qu’il s’agit d’un point de vue légal d’un don et non pas d’un investissement ou d’un acte d’achat. En contrepartie de ce don, la société qui porte le projet s’engage à vous accorder un accès privilégié à son produit pour un tarif moindre ou tout un tas d’autres avantages, mais vous n’avez pas la garantie d’être effectivement livré de votre bien.
Par ailleurs, les plateformes type Kickstarter ne réalisent bien souvent que des vérifications très sommaires des porteurs et des projets en eux-mêmes. De cette manière, elles se dégagent de toute responsabilité en cas de faillite de la société ou arnaque avérée. Les financeurs n’ont alors aucun recours en justice pour attaquer la société qui n’a pas délivré ce qu’elle avait promis.
Pourquoi les particuliers y investissent-ils leur argent?
Si les retours sur investissement sur les startups sont plutôt moyens, les performances sont excellentes du côté de l’immobilier. C’est en effet un carton quasi plein pour Wiseed qui enregistre 91 sorties positives pour 1 unique sortie négative.
Le fonctionnement est simple : un promoteur propose un projet sur la plateforme aux investisseurs. Ceux-ci se “cotisent” pour apporter à la société les fonds propres nécessaires qui lui permettront d’emprunter auprès d’une banque traditionnelle pour réaliser le projet. Dans le même temps, la société bénéficie d’une belle exposition et peut donc accélérer la commercialisation des biens.
En règle générale, un promoteur crée une société pour la construction d’un projet, qui est ensuite dissoute. Les investisseurs prennent donc des parts en obligations dans la nouvelle entité qui rémunérera la prise de risque contre un taux d’intérêt jusqu’à l’expiration de l’obligation.
Pourquoi ça marche ? Parce que les banques sont devenues extrêmement frileuses à prêter de l’argent à des promoteurs qui n’ont pas un taux de pré-commercialisation important (souvent supérieur à 60%) et ne s’engagent qu’avec des entreprises aux fonds propres très solides. Ainsi, pour diminuer le risque des banques, le CrowdFunding va permettre aux promoteurs de renforcer temporairement leurs fonds propres sur la durée de l’opération. C’est donc à l’investisseur privé de prendre le risque. Un risque qui sera toutefois pondéré par des actifs intéressants et inaliénables comme le terrain ou un bâti plus ou moins achevé en cas de problème, qu’il sera toujours possible de revendre en cas de non réussite de l’opération. Chose qu’il est plus difficile de faire avec les actifs d’une startup….
L’investissement participatif s’avère intéressant pour quelqu’un qui cherche à diversifier ses placements. Ainsi, avec ce type d’investissement, il participe activement à l’économie du pays et sait exactement ce qu’il finance. A l’heure où les particuliers sont de plus en plus nombreux à rechercher du sens dans leurs investissements ou leurs placements financiers, il semble donc important de favoriser le financement participatif comme méthode complémentaire voire alternative. Reste à développer plus d’incitatifs fiscaux pour permettre à ce type de financement de se développer plus amplement.