Sur fond de crise démographique, économique et environnementale, il devient absurde de concevoir nos logements comme nous l’avons fait jusqu’à maintenant. Alors partout, les alternatives heureuses émergent et séduisent de plus en plus d’adeptes.
Petit tour d’horizon des habitats (moins radicaux que la yourte en Dordogne, mais plus cool que la coloc’!) pensés par des startups et entrepreneurs innovants pour lesquels vous pourriez opter demain… Que cela soit pour faire des économies, vivre en communauté, ou minimiser votre empreinte carbone et vous rapprocher de la nature.
Tiny houses : pour vivre heureux, vivons petit
On ne le répétera jamais assez, ce n’est pas la taille qui compte. Pas besoin de grands espaces pour être épanouis, et ce n’est pas Dominique R. qui dira le contraire. « Lorsque j’ai découvert les Tiny Houses, j’ai eu un véritable coup de coeur. J’ai tout de suite su envie de me lancer dans la construction d’une de ces maisons », confesse la bretonne en souriant. Depuis, elle évangélise et conseille à travers la plateforme Matinyhouse ceux qui aimeraient se lancer dans l’achat ou la construction de cet habitat qui rime avec liberté et aventure…
La première Tiny House a été imaginée et construite aux États-Unis il y a 20 ans par Jay Shafer, un architecte épicurien désireux de reconfigurer la taille de son habitat. Il a créé une petite maison en bois aux nombreux atouts, puisque son modèle peut être à la fois autonome et habitable à l’année. Sa légèreté et son faible gabarit permettent de tracter la maison derrière une voiture et de la déplacer au gré de ses envies. « En France, il y a un vide juridique concernant ce nouveau type d’habitation. Un intermédiaire entre caravane et mobil-home, le charme en plus, que l’on peut poser sur un terrain et déplacer selon ses envies. Pour l’instant, aucune loi spécifique n’encadre cet OVNI mobile, ce qui lui confère bien des avantages et le rend d’autant plus séduisant », rit Dominique avant de poursuivre : « C’est extrêmement satisfaisant de dessiner une maison et de la fabriquer de ses mains. »
Car pour l’instant, peu de producteurs professionnels, et beaucoup de particuliers qui s’attèlent dans leur garage ou leur jardin à la construction. Plus pour longtemps sans doute, car les industriels sentent l’engouement que génère le phénomène. « Normal, car ces maisons permettent de s’affranchir de contraintes immobilières et financières. Pas besoin de s’endetter sur 25 ans pour devenir heureux propriétaire et gagner son autonomie, car une Tiny House vaut entre 30 000 et 70 000€ selon les finitions», précise Dominique.
C’est extrêmement satisfaisant de dessiner une maison et de la fabriquer de ses mains.
Tiny House, 1. Votre maison, 0.
Coliving : partager son salon, mais pas sa salle de bain
Comme les hot-dogs, les débats sur le genre, et le fait de qualifier quelque chose de « malaisant » (affreux anglicisme !), le phénomène nous vient des Etats-Unis, de San Francisco plus précisément. Le coliving s’est développé dans le sillon du coworking, souvent plébiscité par des trentenaires bardés de diplômes, habitués à vivre dans leur valise, Macbook Air sous le bras.
En France, le pionnier du coliving, c’est la startup Colonies. Cette dernière propose aux promoteurs et investisseurs immobiliers des résidences à destination de locataire combinant le meilleur des deux mondes : le vivre ensemble de la coloc’ et l’intimité de l’habitat individuel. En bonus, une ribambelle de services, de l’accès Internet à la location de vélos et trottinettes, jusqu’aux laveries, service de pressing, salle de cinéma, ou rooftop…
Pour élaborer ce produit, il a fallu repenser les usages avant d’imaginer l’organisation de l’habitat : de quoi a-t-on besoin dans une habitation ?
Alexandre Martin, co-fondateur et CEO de Colonies, explique : « Nous avons conçu notre produit immobilier en ayant en tête des usages particuliers, principalement ceux des trentenaires actifs soucieux de préserver une certaine bulle d’intimité, chambre, salle de bain, toilettes privatives et kitchenette, tout en désirant partager certains pans de leur logement, comme le salon et la cuisine. » A ce jour, le concept a été testé avec succès avec treize petits appartements destinés aux étudiants de l’INSEAD, à Fontainebleau en région parisienne, et la startup s’apprête à essaimer son modèle.
[wydden_refer_post post= »31077″][/wydden_refer_post]A l’origine, Colonies s’adressait surtout aux jeunes actifs vivant seuls en grande métropole, mais depuis, la cible s’est élargie aux expatriés, aux salariés baladeurs « Et à tous ceux qui après une séparation amoureuse souhaitent rebondir rapidement et ont du mal à trouver un logement… », conclut Alexandre Martin. Pour élaborer ce produit, il a fallu repenser les usages avant d’imaginer l’organisation de l’habitat : de quoi a-t-on besoin dans une habitation ? Que sommes-nous prêts à partager et avec qui ? « Nous souhaitions que ces lieux restent des lieux intimes, où il est possible de sortir se faire un café en pyjama sans stress… », s’amuse Martin.
Vivre ensemble, oui, mais un peu séparément quand même.
Wikkelhouse : vivre partout dans un carton
Au sommet d’un gratte-ciel, dans une forêt, sur une plage, une péniche ou un quai flottant…
Ultra légère (6000 kilos pour 30 m2), elle se dépose partout, accrochée à un petit socle de béton. La Wikkelhouse (de wikkelen, « envelopper » en Hollandais) est entièrement recyclable et les composants de son intérieur en bois sont facilement interchangeables. Sur son toit, des panneaux solaires. Il s’agit d’une maison écologique, construite à partir de carton fixé à la colle, facilement démontable et déplaçable. Pas de panique, cet habitat a été pensé par le designer néerlandais Oep Schilling pour être centenaire.
Véritable invitation à un mode de plus sobre, la Wikkelhouse est née lorsque Oep tombe par hasard dans l’atelier d’un ami sur une étrange palette de bois incurvée évoquant le sandwich de bois et de carton. Le designer est immédiatement fasciné par l’étonnante association de ces deux matériaux : « J’ai été hypnotisé par la folie de ce plan et par la beauté de la forme. Je suis tombé amoureux. Et lorsqu’on tombe amoureux, on devient un peu aveugle, on est carrément happé. »
Après 4 ans de recherche, en 2016, la première Wikkelhouse est prête à être habitée. Aujourd’hui, le designer et son agence ont déjà vendu plus d’une quarantaine d’unités dans le monde. Cousine des Tiny Houses, la Wikkelhouse sera bientôt rendue encore plus écologique grâce une isolation à base de chanvre.
Une maison écologique, construite à partir de carton fixé à la colle, facilement démontable et déplaçable
« Ce que je souhaite », explique l’entrepreneur, « c’est inspirer les gens à repenser la manière dont on construit, dont on vit. Je souhaite démontrer qu’il est possible de vivre mieux, plus heureux, dans plus petit et plus beau, le tout dans une maison moins énergivore. À notre époque, tout va vite. J’aimerais que les gens aiment retrouver le temps pour la maintenance de leur maison. On oublie que c’est agréable, de mettre son énergie au service de son chez-soi. Aimer sa maison, cela rend heureux… »
Des options plutôt alléchantes, surtout si comme moi vous rêvez d’un jour prendre la tangente en roue libre à travers l’Europe et l’Asie, une douillette petite maison pleine de bouquin à portée de main. Quelle que soit la solution choisie, elle devra permettre l’autonomie en termes de production alimentaire et énergétique. L’avenir appartient à ceux dont l’habitation leur permettra de transformer l’énergie solaire en électricité et de faire pousser des tomates.
Crédit photo : Photo by Fábio Hanashiro on Unsplash
Crédit photo : Wikkelhouse