En Online ou en Offline, nous retrouvons partout des conseils pour bien pitcher. Évènement, formations, articles, vidéo… les supports et conseils sur le pitch ont fleuri aussi rapidement que les start-ups qui cherchent à lever des fonds.
Les « 10 points à aborder absolument dans son pitch », les « techniques de storyteling de Steve Jobs », la « secret sauce » des fondateurs d’Airbnb… Globalement, on ne manque pas d’informations pour pitcher ! Chez 1001startups nous sommes d’ailleurs parmi les premiers à distiller ces conseils, car nous sommes persuadés que cela apporte de la matière et un cadre, nécessaires avant de se lancer dans l’exercice difficile du pitch.
N’essayez pas de coller au stéréotype du pitch de startup. Chacun de nous est unique, alors arrêtons d’essayer de ressembler aux autres !
Le pitch copier/coller
Oui, mais…
Me voilà à penser de plus en plus fréquemment que si ces supports et ces conseils forment les entrepreneurs au pitch, ils les formatent aussi beaucoup. Et que les pitchs que nous entendons aujourd’hui, bien qu’ils soient globalement bons, ont tendance à être lissés.
« Le niveau des dossiers et des pitchs est nettement meilleur aujourd’hui qu’il y a quelques années »
Cette phrase, je l’ai souvent et encore récemment entendue de la part d’investisseurs. Cela est en partie dû au fait qu’aujourd’hui, grâce à internet, tout le monde à accès aux informations et formations, et que nous pouvons, depuis notre salon à Vesoul, écouter les pontes de la Silicon Valley pitcher.
Alors si le niveau général est meilleur, pourquoi cet article ?
Il y a deux semaines, j’ai participé à un « pitch contest ». J’ai moi-même pitché et écouté les pitchs de startups venues pour séduire les investisseurs. Dans ce cas précis des VC. Et bien que le niveau était bon, je me suis souvent retrouvée à m’ennuyer, tellement les pitchs étaient prévisibles. Attention, pour dissiper tout malentendu, j’inclus clairement mon pitch dans cette réflexion !
Oui parce que moi aussi, je me suis laissée formater… À force de vidéo, de lecture et de « must have », j’ai fini par penser que le bon pitch était celui storytellé à la TedX, avec l’innovation d’Amazon et l’uberisation de la startup nommée.
Du coup, quand j’ai écouté les autres startups pitcher, elles m’ont renvoyé mon propre pitch, à peu de choses près… L’histoire et la petite accroche du début, les facts et la fameuse sauce secrête, l’équipe toujours parfaite et le marché toujours énorme… bon…. J’ai vraiment eu l’impression d’être devenue madame Irma car je savais ce qui allait être dit dans la slide d’après.
Soyez inspirants dans vos pitchs
Au final, j’ai trouvé que les pitchs étaient bons, mais en rien « inspirants ».
J’ai essayé de me rappeler de la dernière fois où j’avais fait un pitch qui me ressemblait. Je me suis surtout souvenue de ceux que j’avais foirés.
Alors j’ai compris. Si l’ensemble des articles, des vidéos, des évènements démocratisent l’art du pitch auprès d’un grand nombre d’entrepreneurs, ils ont tendance à standardiser nos prises de parole, à tel point que nos pitchs n’ont plus aucune couleur et plus d’identité propre.
On ne retrouve plus dans les pitchs de poésie, de vraie passion (celle qui n’est pas calculée) où même de petites « imperfections » qui peuvent rendre parfois un pitch unique. Au profit d’une succession de « To Say».
Depuis cette prise de conscience, j’ai essayé de me rappeler de la dernière fois où j’avais fait un pitch qui me ressemblait. Je me suis surtout souvenue de ceux que j’avais foirés. Ceux où j’avais essayé de parler du fameux « Why », de storyteller mon histoire, mais qui n’avaient en rien produit l’effet escompté. Pourtant, je pense sincèrement que ma boite à une vraie histoire et une vraie raison d’être. Mais je suis trop rationnelle pour être crédible dans l’émotionnel. Et trop pudique pour être à l’aise à parler de moi à la Alain Delon pour un pitch de 5 minutes. Je pense, avec du recul, que ça sentait à plein nez l’enfumage. Rien de vraiment sincère et authentique.
Steve Job était unique, et très peu ont la chance de pouvoir inspirer et conter comme lui. D’ailleurs Apple est unique ! Essayer de ressembler à des gens qui n’ont pas la même personnalité que vous tue votre personnalité. Essayer de coller au must have des VC tue votre inspiration, votre vision au profit des 10 slides à placer dans tout pitch qui se respecte… Mouais. Pour l’extraordinaire on repassera. Pourtant, les investisseurs cherchent justement l’exceptionnel. L’extraordinaire.
Alors est-il possible en 5 minutes de passer 10 points en étant inspirant ? Et après tout, est-ce qu’il est indispensable de placer ces 10 points ? L’essentiel du pitch est de donner envie aux gens qui vous écoutent d’en savoir plus. De passer plus de temps avec vous pour découvrir ces fameux 10 points. Il y a plus de chances que ça se produise si vous êtes inspirant, plutôt qu’en mode « Check ».
Alors, soyez vous-même. N’essayez pas de coller au stéréotype du pitch de startup. Regardez des vidéos, lisez des articles, mais après arrêtez tout. Back to the basic. Chacun de nous est unique, alors arrêtons d’essayer de ressembler aux autres !
Love,
Gaëlle