#REX : De la prison à la création de sa start-up, parcours d’un entrepreneur atypique

Tally Fofana, fondateur de la startup DigiTall Paris, experte de la cybersécurité automobile, a un parcours tout aussi atypique qu’inspirant.
De voleur de voiture, il devient entrepreneur, repéré par Xaxier Niel et incubé à Station F. Avec calme et franchise, Tally partage avec nous son aventure entrepreneuriale, depuis le déclic qui a lieu en prison jusqu’à la préparation aujourd’hui d’une levée de fonds et au recrutement d’une équipe.
📚 Au programme
🖥 WEBINAR
Marketing Digital :
7 questions à se poser avant de lancer son entreprise.
formation marketing digital
Vous souhaitez développer votre visibilité et trouver des clients en ligne ?
  • Réseaux sociaux
  • Publicité en ligne
  • Référencement
  • Site internet …


#podcast, vous pouvez écouter l’interview complète dans le podcast : « De la prison à la création de sa startup, parcours d’un entrepreneur atypique ».

Trop souvent les entrepreneurs se voient taxer d’« atypiques » ou « inspirants », au point que la tournure devienne légèrement agaçante. Mais une fois n’est pas coutume, Tally Fofana coche avec brio les deux cases!

Tally, 40 ans, compte à son actif deux enfants et une startup, DigiTall Paris, lancée en mai 2018, qui ambitionne de réduire de 80% le vol de voiture en France et dans le monde. Plus jeune, Tally rêvait d’être astronaute. Mais la passion qui ne l’a jamais quitté, c’est celle des voitures. « Je savais que je voulais conduire des voitures, ou en construire, en tous cas, travailler dans cet univers-là qui m’attirait beaucoup. »

Le produit qu’il a créé : un anti vol destiné à contrer la technique de vol la plus répandue de nos jours, le « Mouse Jacking », qui consiste à pirater et démarrer le véhicule en quelques secondes, via la prise diagnostic (Port OBD-II). DigiTall Paris propose de crypter la prise diagnostic afin que seul le propriétaire de la voiture puisse démarrer le véhicule.

 

Startup : quand le déclic a lieu en prison

Tally a grandi en région parisienne dans un quartier populaire. Après l’obtention de son BEP en vente, il se lance immédiatement dans la vie active et travail avec acharnement. En parallèle, il vole des voitures, qu’il maquille et revend à un réseau. Son premier bolide, il le vole à 14 ans. Ses actions, Tally les explique honnêtement et simplement. Plus jeune, c’est sa passion pour les automobiles et son envie d’apprendre à conduire qui l’entrainent vers son premier larcin. Après, « par soif de liberté, d’argent, d’envie de changer de vie, j’ai continué. Petit à petit, on se retrouve à ne plus pouvoir arrêter, car ce business est très lucratif. »

Ses activités parallèles le conduisent en 2013 à une incarcération de deux ans. C’est dans sa cellule que lui viendra l’idée de créer son entreprise, après que ses enfants soient venus lui rendre visite au parloir : Tally se promet alors que cette scène ne se reproduira plus jamais.

 

[wydden_refer_post post= »28904″][/wydden_refer_post]

 

Comme il cherche un moyen de reconversion, le jeune homme pense aux hackers américains, qui lorsqu’ils réussissent à s’infiltrer dans les systèmes de sécurité de groupes comme Facebook ou Google se voient recruter pour protéger le même système illégalement pénétré. « J’ai eu un déclic, je me suis dit que comme je savais voler des voitures, j’étais la bonne personne pour empêcher les autres de le faire. »

 

Son premier réflexe : se renseigner pour vérifier que son idée n’a pas déjà été développée et commercialisée.

Malheureusement, Tally est vite freiné dans son élan. Il regrette l’absence de dispositif en prison pour aider à la réinsertion, notamment via l’entreprenariat. « Sans ça », explique Tally, « il est très difficile de se projeter dans une idée et le projet qui en découle. »

Pour faciliter la réinsertion via l’entrepreneuriat, Tally recommande la création de ponts entre startups et prison, où l’on retrouve pléthore de profils prolifiques, forts d’expériences et de compétences, qui pourraient selon lui enrichir le monde de l’entreprise. Et Tally compte bien à terme mettre en place la démarche via DigiTall Paris : « Si tu peux sortir un mec de prison car il a entreprit en s’inspirant de toi, c’est gagnant ! »

Premier pas : rejoindre un incubateur

Dès sa sortie de prison en 2015, Tally se lance avec frénésie dans son projet. « Je ne savais pas du tout où cela allait me mener. En fait, je suis devenu entrepreneur dès ma sortie. » Pour mener à bien son idée, Tally doit tout d’abord se remettre à niveau, et il ne prend pas la tâche à la légère. Durant près de deux ans, il étudie, se renseigne, et absorbe beaucoup de matière : il analyse de près l’écosystème, apprend comment construire un business plan et réaliser une étude de marché, se familiarise avec les arcanes administratifs, et lance une étude de faisabilité : « J’ai du tout apprendre, j’ai pris mon temps, je ne voulais rien louper ! »

 

[wydden_refer_post post= »35239″][/wydden_refer_post]

 

Suite à cela, la première étape a été en 2017 de chercher à prototyper son idée, le tout sans grand budget, grâce à de la love money et l’obtention d’une subvention attribuée par une fondation. De fil en aiguille, Tally approche une couveuse, puis un incubateur, avant de rejoindre Station F et de se faire repérer par Xavier Niel.

Si tu peux sortir un mec de la prison car il a entrepris en s’inspirant de toi, c’est gagnant ! 

Pour développer son prototype, Tally doit s’y reprendre à plusieurs fois, en commençant par travailler avec une école d’ingénieur avant de collaborer avec des free-lance. « Cela a été long et compliqué, mais à ce jour le prototype est terminé, nous sommes maintenant en phase de R&D », explique l’entrepreneur. « Aujourd’hui, nous vérifions que toutes les fonctionnalités sont opérationnelles, et nous faisons tester le produit auprès de notre entourage, et bientôt aux bêtas testeur, avant de commercialiser dès 2020. »

50 Cents, montagnes russes et business plan

Aujourd’hui, DigiTall Paris, c’est une équipe de 3 personnes. La suite, c’est internaliser la R&D en recrutant une équipe d’ingénieur et réaliser une levée de fonds pour tenir jusqu’à la commercialisation. Tally avoue néanmoins être très économe : « J’estime nos dépenses à ce jour à 60 000 euros. Même si ces dernières vont s’accroitre dans les prochaines semaines, nous restons ancrés dans notre mode cost-killer. On pense pouvoir faire beaucoup avec peu ! »

 

 

Sur son parcours, Tally porte un regard lucide et bienveillant, et y voit de grandes vertus pour se préparer à la dure vie d’entrepreneur : « Cela est plus facile je crois pour moi de transformer ce qui m’arrive en force, d’identifier les beaux parleurs, de me montrer patient et d’observer à froid toutes les possibilités qui s’offrent à moi avant de prendre des décisions. Voilà ce que m’a appris mon quartier. »

Entreprendre, c’est comme des montagnes russes, il faut essayer de considérer ça comme un jeu

L’entrepreneur confesse avoir été très inspiré par des rappeur comme 50 Cent, P. Diddy ou Dr Dre, qui ont mené en parallèle de leur carrière musicale des vies de businessmen accomplis.

Son conseil pour tous ceux qui veulent se lancer, c’est de s’accrocher quand on est au creux de la vague : « Entreprendre, c’est comme des montagnes russes, il faut essayer de considérer ça comme un jeu. J’ai eu beaucoup de mal à le faire au début mais cela aide à dédramatiser, à éviter les burn-out, à laisser passer les coups derrière la tête jusqu’à la prochaine bonne nouvelle. »

Ce format vous plaît ? Donnez-nous en commentaire des noms d’entrepreneurs que vous souhaiteriez qu’on interviewe !

Pour aller plus loin avec les podcasts de Wydden

Suivez-nous sur Soundcloud : https://soundcloud.com/wydden
Suivez-nous sur Itunes : https://itunes.com/wydden

 

Crédit photo : Gustavo Belemmi on Unsplash

🖥 WEBINAR
Marketing Digital :
7 questions à se poser avant de lancer son entreprise.