Du 26 au 27 octobre, au centre des congrès de Lyon, se déroulera le BlendWebMix, organisé par la Cuisine Du Web: 2 jours de rencontres incontournables, d’échanges et de partages autour du Web. Lieu de rencontre de passionnés, de professionnels, d’experts, de novices et de curieux, BlendWebMix est ouvert à tous ! L’événement est aussi l’occasion pour les startups de participer au Startup Contest, un concours qui permet de gagner en visibilité, en acquisition de nouveaux clients et partenaires, de rencontrer des VC et agrandir son réseau.
A cette occasion, nous nous sommes entretenu avec Jean-Louis Brunet, CEO de la Cuisine Du Web (LCDW), sur cet événement et son positionnement différenciant.
Pourquoi avoir fondé la Cuisine Du Web ?
JLB: La motivation initiale part de plusieurs entrepreneurs qui se rendaient compte qu’une fois plongé dans le développement de leur startup ils ne levaient plus le nez du guidon et ne se brassaient plus assez avec l’écosystème. On sait tous comment une aventure entrepreneuriale peut être prenante; ils ont donc décider de créer une association dont l’un des objectif était précisément de monter des événements mixant les acteurs de l’écosystème, qui est devenu le coeur, l’ADN de LCDW.
Quel est le positionnement de l’association?
Notre crédo est d’être un action tank et de délivrer des outils pour l’écosystème. Nous avons développé deux principaux outils qui servent les startups. Le premier c’est BlendWebMix qui permet aux fondateurs et aux équipes de rester au top en matière de connaissances. L’idée est de faire progresser l’écosystème dans sa maîtrise des nouvelles technologies, des nouveaux usages et des nouveaux métiers. Le deuxième c’est LaTourDuweb (LTDW), qui a été conçue pour permettre aux startups de trouver des loyers précaires et à bas prix, pour répondre à l’incertitude de leur business. La promesse de LTDW est de les accompagner pendant un temps dans leur croissance, avant de grossir ou de disparaître. On était attaché à créer un lieu, car il est clair que de nombreux écosystèmes locaux ailleurs en France où en Europe ont réussi à fédérer l’écosystème avec un lieu fédérateur. On peut citer la Cantine à Nantes par exemple. Il nous a fallu un peu plus de temps que prévu pour trouver un immeuble qui s’y prête et accumuler un peu de trésorerie pour sortir les garanties bancaires, mais on y est finalement arrivé 4 ans après la création de l’association. Indéniablement, ça a crédibilisé notre position vis à vis de nos partenaires grands comptes notamment, qui utilisent de plus en plus les services de LCDW ou de LTDW. Ils ont également plus de facilité à rencontrer notre écosystème qui est regroupé en partie sur ce lieu. En bref, l’élément différenciant de LCDW c’est un action tank, très concret et sans prise de tête!
En quelques années, la CDW est devenue une institution importante dans l’écosystème national. Comment expliquer ce succès si rapide ?
Par l’orientation « action-tank » justement. LCDW ne cherche pas à représenter une filière, à exister par cette représentativité, on veut juste délivrer des outils concrets et dans des cycles courts. Précisément comme une startup, on se voit d’ailleurs beaucoup plus comme une entreprise que comme une association, même si le réseau de bénévoles de l’association constitue une grande part de sa valeur. Il faut aussi souligner l’impact des personnalités fondatrices de LCDW telles que Guilhem Bertholet, Pierre Henri Dentressangle, ou Olivier de La Clergerie qui soutiennent LCDW et dont les voix portent et contribuent à la notoriété de l’association. L’arrivée du label FrenchTech a été très complémentaire à nos actions. La FrenchTech est un pôle d’aiguillage, d’orientation et de rayonnement de l’écosystème, quand LCDW se concentre sur des actions concrètes : des rencontres, des formations, des outils, etc.
On ne fera aucune table ronde à Blend, car elles sont trop souvent faussement consensuelles.
Quelles sont les spécificités de l’écosystème lyonnais ?
Indéniablement Lyon est une place forte des lifesciences qui représentent le plus gros des levées de fonds. Mais c’est un écosystème très spécifique qui se mêle encore peu au reste de l’écosystème de startups numériques. La présence d’Axeleo et de son fond B2B s’inscrit dans une lignée historique de logiciels B2B avec CEGID, ESKER, etc … et confirme que Lyon est plus B2B que B2C. Pour le reste, toutes les composantes de l’écosystème sont présentes, de l’IOT à la Data en passant par la robotique/IA, etc. Lyon est riche de cette diversité et des possibilités d’entreprendre avec des réseaux de Business Angels assez actifs qui soutiennent bien les premières étapes dans la vie d’une startup. En complément, à LCDW on organise, au moins deux fois par an, à Blend et au cours du LyonFundDay (organisé avec BoostInLyon) des rencontres startups/Vcs pour favoriser des levées plus importantes et boucler la boucle des solutions de financement.
Votre devise était #nobullshit, bien avant que cela devienne un buzzword dans l’écosystème. Vous ressentiez déjà depuis longtemps un besoin de vérité dans l’écosystème?
Et plus que jamais. Les phénomènes de « transformation digitale » de startup-washing et plus récemment de women-whashing continuent d’être très marketés parfois avec des réalités très diverses quant aux actions réelles… On ne cherche pas à être « méchants », mais on ne veut pas non plus être inutilement « gentils » ou faussement bisounours. À BlendWebMix par exemple, nous sommes vigilants à ce que les conférences ne tournent pas à l’auto promotion, mais dans le même temps on permet à nos sponsors de présenter leurs produits dans des workshops qui sont clairement fléchés comme étant des workshops sponsorisés, parce qu’il y a aussi une partie de nos visiteurs que ça intéresse de découvrir de nouveaux produits, à condition que ce soit clair et pas dans une conférence avec de la publicité déguisée.
La CDW et le Blend ont une volonté forte d’indépendance (politique, corporate…) qui contraste. Pourquoi ce positionnement?
On essaie de cultiver au maximum notre indépendance financière pour pouvoir garder une liberté de ton et d’action.
Entendons-nous bien, cela ne veut pas dire qu’on cherche à s’isoler, au contraire LCDW se veut une plate-forme pour l’écosystème, c’est ainsi que BlendWebMix va accueillir plus d’une dizaine de communautés qui vont apporter leur pierre à l’édifice de Blend, par exemple LaCordée vient animer un espace de coworking, KiwiParty vient proposer un track de conférence, etc.
Cela ne veut pas dire non plus que l’on ne respecte pas l’action politique. Sans le support de la Métropole BlendWebMix ne serait pas ce qu’il est, nous percevons encore une subvention, en diminution constante, qui représente encore un cinquième du budget de l’édition 2017.
Mais c’est vrai qu’on fait des choix. Par exemple on ne fera aucune table ronde à Blend, car elles sont trop souvent faussement consensuelles, ou pire la succession de points de vue complètement différents dont les différences ne sont pas mises en perspective faute de préparation ou d’animation. À la limite si on devait revenir à des tables rondes ça serait plutôt pour organiser des « battle », dans lesquelles il y aurait un vrai travail de confrontation de points de vue. Bref, on veut garder notre liberté de ton et surtout d’entreprendre et de nous engager dans tel ou tel projet si c’est bon pour l’écosystème. Ce que l’on fait d’ailleurs le plus souvent avec le support de nos adhérents ou de nos advisors.