Un copycat, c’est une startup qui a copié une startup implantée dans un pays pour la développer sur un nouveau marché géographique. Au-delà de la question de l’éthique et de l’image de la startup, dont beaucoup d’entre nous n’ont cure, la question de la faisabilité et de la pérennité d’un tel modèle se pose. Peut-on vraiment implanter un copycat facilement ? Ce qui marche à l’étranger marche-t-il toujours chez nous ?
« C’est en copiant qu’on invente »
Le premier arrivé sur le marché n’a en moyenne « que » 7% du marché une fois ce dernier consolidé.
Je ne me permettrais pas de juger, tout d’abord parce que je ne suis personne pour cela. Et parce qu’il n’y a pas de honte à avouer que nous n’avons pas tous des idées brillantes. Et parfois, un peu d’inspiration fait du bien. Comme au bac quand vous regardiez sur la copie du voisin. Enfin, parce que comme disait Paul Valéry « c’est en copiant qu’on invente ».
Il y a deux formes de copycats. Le copier / coller (ctrl+c ctrl+v, pour les techos), qui consiste à tout imiter au pixel près (cf. les frères Samwer) et le copier / modifier, qui s’inspire d’une idée et l’adapte à un marché, comme PriceMinister (copycat de half.com) de Pierre Kosciusko-Morizet.
Les copycats made in France
En France, « on n’a pas de pétrole, mais on a des idées » et quand on n’a pas d’idées on s’inspire des autres. C’est notamment le cas de plusieurs startups :
Jimmy Fairly, dont on vous a déjà parlé ici. Cette startup Toulousaine qui révolutionne l’optique, notamment avec son modèle du « Buy One Give One » (BOGO) inspiré par l’américain Toms Shoes et surtout par le modèle de Warby Parker qui vend aussi des lunettes. La startup qui a déjà 20 points de vente en France continue son expansion.
MyMajorCompany, célèbre plateforme de crowdfunding musicale fondée par le fils de Jean Jacques Goldman, s’est plus qu’inspiré de l’allemand Sellaband. Imaginez que sans ce copycat vous n’auriez jamais connu Grégoire et son « Toi + moi + eux… ». Pas forcément le meilleur argument en faveur des copycats.
Meetic aussi a eu sa source d’inspiration : L’américain Match. De même Viadeo s’est inspiré de Linkedin. Les exemples abondent. La copie n’effraie pas les investisseurs et peut même aboutir au rachat de la copie par le copié. Le serpent qui se mord la queue en somme et à ce petit jeu, les plus forts se sont les Allemands.
L’art de copier d’après les frères Samwer
Ils copient Ebay avec Alando et revendent ce dernier pour 53 millions à … Ebay
BlaBlaCar, Ebay, Zappos, Groupon, YouTube, Twitter… Voici quelques noms de startups auxquelles se sont attaqués les frères Samwer. Ils ont fait du copycat leur commerce et ont même créé le « Rocket Internet Accelerator » qui permet de lancer un copycat en moins de 3 mois. Dès 1999, ils copient Ebay avec Alando et revendent ce dernier pour 53 millions à … Ebay. Ils refont le coup de force avec CityDeal, copie au pixel près de Groupon, vendu près de 100 millions à Groupon.
Ces pratiques obligent les startups à mettre en place d’autres stratégies, Ebay préfère par exemple racheter les copycats plutôt que de les poursuivre en justice. De son côté AirBnb, joue une version 2.0 du « toujours copié, mais jamais égalé » en avançant le nombre de réservations en constante hausse. Enfin, en France, on commence à comprendre qu’être seul sur le marché coute trop cher en évangélisation. D’après une étude américaine, le premier arrivé sur le marché n’a en moyenne « que » 7% du marché une fois ce dernier consolidé. Se faire copier est donc peut-être une bonne chose. Dans tous les cas, ce n’est que le début puisque Rocket Internet a ses bureaux en France depuis septembre.
On peut avoir l’impression que c’est simple et que les entrepreneurs copycats ne sont que de simples plagieurs. C’est faux. Adapter un modèle à son marché et bien plus dur qu’il n’y parait. Si le Coca-cola n’a pas le même goût dans tous les pays c’est bien qu’il y a une raison, non ?