L’écosystème signe en 2017 un nouveau record de levées de fonds. Et si les échecs de cette année n’ont pas fait autant de bruit que ceux de 2016, il n’en sont pas pour autant moins nombreux. Entre l’incertitude du marché, la concurrence en constante augmentation et un déficit certain en matière de commercialisation, l’année 2017 a été marquée par plusieurs annonces de redressement judiciaire, ou pire, de cessation d’activité par de nombreuses startups. Comme l’El Dorado, il y a très peu de places en rapport au nombre de projets. Seuls les plus forts résisteront, le darwinisme à son paroxysme. R.I.P.
(*) Dans une première version de l’article, une erreur s’est glissée. Il s’agît de la startup Cocolico qui a cessé ses activités et non la startup Cocolis qui se porte, elle, très bien !
Les startups qui ont cessé leurs activités en 2017
TakeAway, la fin du doggy bag à la française
TakeAway, la startup lyonnaise qui avait sauvé près de 60 tonnes de nourriture grâce à l’utilisation de doggy bag a été mise en liquidation judiciaire le 1er septembre 2017, après avoir reçu une offre de rachat qui n’a pas abouti. La nouvelle a surpris, car la startup avait levé 500 000 euros à peine un an auparavant, mais dans l’industrie, le manque de trésorerie ne pardonne pas. De l’achat des matières premières, au cycle de production, les investissements sont nombreux et couteux. Pour continuer sa croissance, la startup a tenté de lever 1,5 million d’euros en vain. Elle n’a pas eu d’autre choix que demander le redressement judiciaire et de se lancer à la recherche d’un industriel qui n’est jamais arrivé. En 18 mois la startup a vendu près de 750 000 produits, pas assez pour survivre.
Tripndrive, liquidée et rachetée par son concurrent
Le 16 mars 2017, la liquidation judiciaire de Tripndrive a été prononcée le 16 mars 2017 faute de financements. Dans le même temps, son concurrent de l’époque, TravelCar, levait 15 millions d’euros. La startup spécialisée à l’origine dans la location de voitures entre voyageurs aux aéroports et aux gares a donc cessé toutes les activités. Moins d’un mois plus tard, TravelCar annonçait racheter les actifs de Tripndrive, les 8 salariés et le fichier client. Le cofondateur de TravelCar a expliqué que les dirigeants de Tripndrive n’avaient pas souhaité rejoindre l’aventure. Tripndrive avait pivoté sur une nouvelle forme de leasing, qui permet de financer l’achat d’une voiture neuve par la location entre particuliers. Une offre que la startup n’aura pas eu le temps de développer.
New Wind, l’arbre à vent qui devait remplacer les éoliennes
Le 8 mars 2017, à Saint-Brieuc, la startup française New Wind a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce. Après une procédure de redressement judiciaire mise en place en décembre 2016 pour une durée de six mois, renouvelable deux fois, c’est le manque de trésorerie qui a conduit le tribunal de commerce à placer New Wind en liquidation judiciaire plus rapidement que prévu. La startup qui avait séduit le ministre du Redressement Productif, Arnaud Montebourg, a développé un arbre au design biomimétique qui est l’aboutissement d’un long processus d’études scientifiques pour que les lois aérodynamiques soient respectées et que chaque « feuille » soit la plus efficace possible.
Blitzr, la startup qui voulait devenir le Google de la musique
Au cœur de l’été, Blitzr, l’agrégateur de musique, a cessé ses activités. La faute a une levée de fonds avortée au pire des moments. Les fondateurs de la startup bordelaise, qui bénéficiait d’une solide réputation au sein du milieu « music tech », se sont confiés, sans détour, à La Tribune. « Les startups n’ont rien de cosmétique ni de foncièrement sympathique. Il s’agit d’une vie dont la plupart des gens ne voudraient d’ailleurs pas » peut-on lire. « Si les startups meurent beaucoup, le cimetière des startups « music tech » est de loin le plus rempli… » Ils expliquent aussi, avec une lucidité certaine, la fin de l’aventure. « Lors d’une ultime réunion, alors que les signaux sont enfin au vert, l’investisseur principal nous annonce qu’il est dans l’incapacité de fournir la totalité de la somme sur laquelle l’ensemble des parties s’était entendu. Dans le même mouvement, les dispositifs institutionnels censés appuyer ce tour de financement sont, de facto, devenus caducs. »
Mais aussi, Citizen Sciences, le spécialiste du textile connecté qui avait envoyé un de ses t-shirts dans l’espace. The Young Economy, qui devait être le site référence pour les 18-25 ans qui souhaite des jobs rapides ou des missions free-lance, a disparu à peine 11 mois après son lancement, la faute à une organisation entre associés fondateurs balbutiante et une non-perception de la volatilité des inscrits. Enfin, la startup Cocolico*, spécialisé dans la confection d’habits pour bébés a été liquidé, laissant 16 salariés sur le carreau. Le fondateur explique que la perte subite du marché chinois qui représentait près de 95% du chiffre d’affaires suite à la perte de l’autorisation d’exploitation de la marque sur le marché chinois a tout précipité.
Ces startups qui ont trouvé un repreneur en 2017
BedyCasa, le pionnier du marché d’AirBnb racheté à la barre
Lors de l’anniversaire des 10 ans de la startup BedyCasa, le 30 novembre, la fondatrice annonçait le rachat de BedyCasa à la barre du tribunal de commerce. Si certaines personnes avaient conscience de la difficulté que traversait le concurrent d’AirBnb, rien ne laissait présager une telle ampleur. La fondatrice de BedyCasa, Magali Boisseau-Becerril, a obtenu du tribunal de pouvoir reprendre 10 % des parts de sa société. Dans cette nouvelle aventure, elle s’occupera des volets opérationnels, communication digitale, business développement et projets web.
Voitures Noires, le VTC qui a vu trop grand racheté
La startup créée en 2013 a connu une croissance très rapide en lien avec l’expansion du secteur des VTC, et notamment la montée en puissance d’Uber en France. La startup a toujours soigné sa communication et signé des partenariats prestigieux, qui ont fait exploser les charges fixes. Le ralentissement du secteur des VTC aura eu raison de la startup qui a été rachetée par Bien sur la route, qui devient le premier capacitaire VTC de France.
Brainify, la startup data marketing racheté à la barre
L’outil développé par Brainify détecte les interactions de l’internaute avec le site, traque les mouvements de la souris et les clicks par exemple, détermine s’il cherche un produit en particulier, une offre de réduction, s’il découvre le site ou s’il est un habitué… Une aubaine pour les sites e-commerces, mais la R&D qui a débordé a rendu la situation très compliquée. Redressement en juillet, liquidation en septembre, tout s’enchaine très vite. Digitalmoon a racheté la startup ce qui a permis de sauver l’équipe en intégralité, la marque, les actifs technologiques, de pérenniser les clients actuels.
Save, des millions levés pour sauver les smartphones
La chute vertigineuse de 2016 a connu son dénouement en 2017 avec le rachat de la startup par Remade Group. Grâce à Remade, la marque de Save est conservée, les magasins et les sauveteurs aussi. Les créanciers vont être remboursés grâce au plan de continuation, les intérêts des investisseurs sont préservés et 20% du montant de la cession revient aux dirigeants et managers clés. Une belle fin pour la startup qui était devenue en quelques mois le symbole de l’écosystème.
Comme en 2016, on se rend compte que la levée de fonds n’est en rien une garantie du succès. Les startups doivent se concentrer sur la création de valeur et le chiffre d’affaires. Fin 2017, plusieurs dirigeants de startups ont signé des tribunes dans lesquelles ils expliquaient que le modèle PME était peut-être l’alternative la plus cohérente au mode de financement startup. Pour les startups, il faut aussi travailler la phase commercialisation, car trop souvent la R&D déborde et complique l’accès au marché. Les entrepreneurs doivent garder en tête que l’objectif est de faire du chiffre.