Le secteur de la santé connait lui aussi sa transition numérique. Preuve en est, 51% des Français ont eu recours à un service en ligne d’accès au soin, principalement pour la prise de rendez-vous en ligne et l’achat de médicament sans ordonnance. Côté professionnels, 76% des médecins généralistes utilisent quotidiennement Internet dans le cadre de leur activité professionnelle. La HealthTech qui regroupe la centaine de startups qui innovent dans ce domaine, souhaite d’ailleurs fédérer les startups du secteur de la e-santé et du bien-être en France et ce quel(s) que soi(en)t leur(s) domaine(s) d’intervention : plateformes web, réseaux sociaux en santé, applications mobiles et objets connectés de santé, data en santé, machine to machine, interface numérique conversationnelle… pour gagner en lisibilité et visibilité, et exprimer des positions communes sur des enjeux partagés. Pour comprendre les enjeux des startups HealthTech et l’attente grandissante autour d’elles, nous avons rencontré les fondateurs de la startup Whoog et ceux Kap Code.
Le système de soin actuel arrive à ses limites et a besoin d’un nouveau souffle.
La HealthTech, un des secteurs les plus porteurs pour les startups ?
D’après, Guerric Faure, fondateur de la startup Whoog, « le secteur de la santé est extrêmement contraignant et rigoureux, car l’activité s’y déroule H24 7/7jours et, en bout de ligne, ce sont des patients qui sont impactés. 70% des coûts des établissements sont des coûts de Ressources Humaines. Nous y trouvons un nombre incroyable de typologies de métiers. Ainsi, les métiers vont du personnel technique sans formation aux médecins bac plus 12 en passant par des métiers généralistes comme la sécurité, la restauration, l’informatique… C’est un secteur qui génère des innovations de ruptures, dont le personnel doit toujours être à la pointe. »
Whoog, solution de remplacement de personnels !
En raison de l’absentéisme dans les établissements de santé, les cadres passent jusqu’à 50% de leur temps à gérer les remplacements de dernière minute, les salariés sont rappelés sans leur accord, la qualité des soins est dégradée. Whoog est LA solution de gestion des remplacements basée sur le volontariat du personnel et des vacataires pour pallier les absences imprévues. La solution est commercialisée depuis deux ans et demi. Whoog équipe à la fois des EHPADs, des cliniques, des FEHAP, des CH et 25% des CHU en France, Whoog gère actuellement 1.000 missions chaque jour. La startup gagne de l’argent grâce à un abonnement mensuel qui fluctue selon la taille de l’établissement. Un modèle économique qui réduit jusqu’à 100 fois le coût d’un remplacement par rapport à une société d’intérim ou de vacation.
C’est un secteur qui emploie environ 2 millions de personnes tous établissements confondus de la maison de retraite au CHU. Ce secteur donne du sens aux actions et innovations des startups, car elles permettent de soutenir indirectement les patients et d’améliorer la qualité des soins.
« Le système de soin actuel arrive à ses limites et a besoin d’un nouveau souffle. La déferlante numérique que nous vivons peut apporter un nouvel élan à la prise en charge de la santé de demain. Le nombre de patients atteints de pathologies chroniques ne cesse d’augmenter en parallèle de l’augmentation de l’espérance de vie, » explique Stéphane Schuck, CEO de Kap Code. Il faut dire que l’augmentation de ces maladies a des conséquences fortes tant sur la qualité de vie des patients que sur les dépenses publiques liées à leur suivi. Les nouvelles technologies apportent un réel changement de paradigme en permettant le passage d’un suivi passif du patient à un suivi actif et continu. Cette révolution facilite le quotidien des individus, mais aussi leur suivi par les professionnels de la santé en assurant une harmonisation du fonctionnement du système de santé. Il parait donc logique que l’État en vue de l’amélioration de la prise en charge des maladies chroniques encourage les acteurs exerçant dans ce secteur.
La cohabitation entre les startups et les acteurs historiques du secteur
Le secteur a beaucoup évolué concernant la perception des nouveaux entrants que sont les start-ups dans un environnement cloisonné par les industriels.
Selon Stéphane Schuck, un temps d’observation et d’analyse a été nécessaire pour que les acteurs historiques perçoivent d’un bon oeil l’émergence de structures innovantes.
« De manière générale, les startups ont une certaine agilité qui permet à ces grands groupes de faire émerger des solutions répondant à de réelles problématiques, explique Stéphane. À ce jour, la tendance est plus à l’identification de synergies et mise en place de collaborations agiles afin de répondre au mieux aux problématiques des patients. »
Kap Code – Connect’inh, l’inhalateur connecté
Le projet Connect’inh a été pensé suite aux constats faits par kappa santé qui a eu l’occasion d’effectuer des études lors desquelles elle a pu suivre plus de 12 000 patients asthmatiques sur une durée de 7 ans. Adaptable à tous types d’inhalateurs, le dispositif permet de recueillir toutes les informations liées à leur utilisation : nombre de prise de traitement, coordonnées GPS de localisation, afin de les restituer sous forme de statistiques via l’application smartphone et le site web. Les données générées par Connect’inh permettront aux professionnels de santé d’adapter les solutions thérapeutiques et de les personnaliser.
Connect’inh est en précommande sur Indiegogo depuis le 20 septembre. La livraison est prévue pour mars 2018. Toutefois l’application mobile sera disponible à partir du 15 octobre donnant accès à la partie communautaire qui est une sorte de WAZE pour personnes soucieuses de la qualité de l’air. À partir de mars 2018 l’objet sera aussi disponible au niveau de notre site e-commerce, mais aussi sur différents points de vente parapharmaceutiques.
Cette collaboration devient d’ailleurs l’objectif principal des acteurs de la e-santé. Parvenir à fédérer entreprises de taille intermédiaire, grands groupes, pôles de recherche et de compétitivité, clusters, acteurs du financement, représentants des professionnels de santé, des patients et des usagers dans le but de créer une filière pouvant s’imposer à l’échelle internationale. Si l’objectif de performance est assumé par la filière, l’objectif principal demeure d’utiliser toutes les possibilités de la e-santé d’aujourd’hui, pour imaginer la santé de demain.
Se son côté, pour développer son produit, Whoog a toujours travaillé main dans la main avec les établissements de santé et leurs personnels.
« Nous avons été accompagnés tout d’abord par la Direction du CHU de Montpellier et avons écouté les partenaires sociaux, les demandes des salariés et des cadres.
Nous avons levé au fil de l’eau les contraintes qui se présentaient à nous. Nous avons créé un club d’utilisateurs pour recevoir toutes les nouvelles propositions et développer de nouvelles fonctionnalités. Nous mettons un point d’honneur à répondre aux questions de nos clients et utilisateurs », raconte Guerric. Aujourd’hui, grâce à cette approche, Whoog est considéré comme une solution simple et efficace par ces utilisateurs.
Quelle est l’ambition de la HealthTech ?
Le secteur de la santé n’est pas facile à pénétrer pour un acteur qui propose une vraie innovation qui bouleverse les méthodes. L’accompagnement du changement est essentiel. Pour autant, toutes les startups de la HealthTech tendent vers la facilitation du quotidien des personnes atteintes de pathologies et vers l’harmonisation des rapports patients médecins. Certaines travaillent sur des technologies et des recherches bien plus poussées, pour contrer le diabète, améliorer le quotidien des malades du cancer ou encore dépister des maladies avant même qu’elles n’aient fait leur apparition. Mais chacune à leur échelle ces startups doivent apporter une réponse concrète à un besoin concret.
C’est le cas de la startup Whoog. « Nous avons confirmé qu’il est possible de révolutionner le monde du remplacement tout en combinant la flexibilité, en renforçant les droits sociaux et en diminuant les coûts, » confirme Stéphane Schuck.
Les startups sont-elles la solution à tous les problèmes du secteur de la santé en France ?
Des établissent endettés, vétustes. Des personnels à bout de force. Un système de couverture sociale toujours plus remis en cause. L’absence de médecins en zone rurale. Si la France reste une référence en matière de santé, son système cause des dysfonctionnements qui, à terme, se répercutent sur les patients. Les startups ont-elles la solution ?
Ce marché va fortement augmenter. Il est estimé à 400 milliards d’ici 2022
Guerric Faure explique très clairement que pour les startups, « il est essentiel de développer des solutions qui puissent démontrer un retour sur investissement. » Dans le cas de Whoog, le retour sur investissement est multiple : gain de temps des cadres de santé, diminution drastique du recours à l’intérim, amélioration du dialogue social et diminution du burnout, amélioration de la qualité des soins et ainsi de l’image de marque de l’établissement.
Un avis partagé par Stéphane Schuck qui souhaite que des évaluations médico-économiques soient à mener afin de démontrer de manière scientifique l’apport réel à la fois au système de santé, mais aussi aux patients.
En 2016, les startups de la santé ont levé 100 millions d’euros
De nombreuses études prédisent que ce marché va fortement augmenter. Il serait estimé à 400 milliards d’ici 2022 selon Grand View Research.
La hausse de la moyenne d’âge de la population mondiale, la prévalence plus élevée de maladies comme le diabète, l’obésité, les allergies et la demande croissante de solutions de prévention, mais aussi des meilleurs traitements curatifs toujours plus efficaces viennent renforcer ce constat. Tout porte à croire que nous ne sommes qu’au début de cette transformation. Les chiffres du premier semestre 2017 démontrent cette tendance. Dernier exemple en date, la startup française OpenHealth Company (anciennement Celtipharm), qui agit sur le big data, a annoncé avoir levé 5 millions d’euros, pour lancer la plus importante plateforme d’analyse de données de santé de l’Hexagone. À suivre…