Lancée il y a tout juste un an, la startup HireSweet boucle sa première levée de fonds d’1,5 million d’euros auprès de Global Founders Capital, Kima Ventures, la BPI, et de plusieurs Business Angels. Ce spécialiste du recrutement tech va poursuivre le développement de son Intelligence Artificielle et accélérer sa croissance en étoffant son équipe. La pénurie annoncée de développeurs dans le monde, où près d’un million de postes seront vacants en 2022 est une opportunité pour cette startup. L’occasion de revenir sur ce marché et de comprendre les objectifs de la startup avec Robin Choy, cofondateur d’HireSweet.
Interview de Robin Choy, co-fondateur de la startup HireSweet
Seuls 13% des développeurs sont en recherche active alors que 62% sont à l’écoute d’opportunités, en recherche passive. Comment expliquez-vous ces chiffres ?
Très simplement : si vous êtes certains de pouvoir facilement trouver un emploi (par votre réseau, par des chasseurs de tête), pourquoi vous embêter à créer un profil quelque part ? Les meilleurs candidats sont souvent débauchés avant même d’être en recherche, et quand ils commencent à chercher, même de manière passive (en mettant à jour leurs profils, en allant à des évènements), ils trouvent rapidement.
Est-ce si difficile que ça pour une entreprise de trouver des développeurs très compétents ?
Il est simple de trouver quelqu’un de compétent. Il est extrêmement difficile de trouver quelqu’un de parfaitement adapté à son entreprise et à ses missions. Le recrutement est une des fonctions les plus vitales d’une entreprise, ce n’est pas précisément propre aux développeurs . C’est la raison pour laquelle une « mauvaise équipe » arrive en troisième position des raisons d’échec des startups ! Il est fondamental de se dédier profondément au recrutement, peu importe le profil, et de sélectionner la meilleure personne pour la mission à accomplir. Les développeurs ne sont que la partie émergée de l’iceberg : le déséquilibre entre offre et demande est plus marqué qu’ailleurs, et les responsabilités sont souvent trop importantes pour être confiées sans réflexion.
Pourquoi l’IA est-elle en train de révolutionner le processus de recrutement ?
Jusqu’à présent, un recruteur prenait ses décisions en fonction de tous les candidats qu’il avait rencontrés et croisés dans sa vie. Plusieurs centaines, peut être plusieurs milliers pour les plus expérimentés. Aujourd’hui, une IA peut analyser en une nuit des millions de candidats, de trajectoires professionnelles, d’entreprises. Apprendre, comprendre, et être toujours à la pointe de l’information, sans préjugés ni biais. Ceci sur une quantité de données inégalée dans l’histoire (due à l’explosion au cours des 5 dernières années de l’activité open source et de l’activité publique). Les potentialités sont sans commune mesure par rapport à ce qui se faisait jusqu’ici.
Pouvez-vous expliquer le fonctionnement de l’algorithme ?
Nous utilisons l’intelligence artificielle pour dénicher les candidats qui ne sont pas forcément en recherche active, mais particulièrement susceptibles d’être intéressés par une offre donnée. Pour cela, notre IA (le Cerebro, du nom de l’appareil du professeur Xavier qui lui permet de détecter les mutants à travers le monde) analyse et interprète des dizaines de millions de pages internet. Elle se nourrit de toute la donnée publique, accessible à tous : l’activité du profil sur les réseaux sociaux, les événements auxquels il participe, son parcours professionnel ou encore des données open source sur les projets réalisés et le langage utilisé.
Toute cette connaissance et cette intelligence nous permettent d’identifier les développeurs les plus pertinents pour une offre d’emploi donnée : nous présentons une sélection au client qui peut ensuite contacter la personne de manière extrêmement personnelle et ciblée – avec l’assurance que l’offre est pertinente et adaptée.
Quel est votre business model ?
Nous nous rémunérons à la commission sur chaque recrutement effectué.
Vous vous concentrez aujourd’hui sur le recrutement des développeurs, mais envisagez-vous d’autres types de profil ? La technologie est-elle adaptable ?
Oui. Aujourd’hui notre technologie est à la fois facilement adaptable à l’étranger (car tous les textes, y compris en français, sont traduits en anglais pour les analyser) et sur d’autres types de profils (la connaissance acquise sur les entreprises, les postes et les technologies est facilement modulaire et évolutive). Dans l’ensemble, nous sommes efficaces sur tous les postes pour lesquels l’activité publique est significativement corrélée à l’efficacité professionnelle (Développeurs, Data Scientists, Designers, etc.). Le problème est toutefois massif pour les développeurs, c’est celui que nous souhaitons résoudre avant tout.
Vous levez 1,5M€, quels sont les objectifs de cette levée ?
En premier lieu, nous allons investir massivement dans la R&D afin de renforcer notre technologie d’intelligence artificielle. Nous avons besoin d’adapter notre solution en permanence. Pour cela, nous allons doubler notre équipe en 2018 en recrutant des ingénieurs et des chercheurs.
A court terme, nous poursuivons notre expansion en France, mais à moyen terme, nous souhaitons nous développer commercialement à l’international, notamment au Royaume-Uni, en Allemagne et aux Etats-Unis.
Aujourd’hui en chiffres, HireSweet ça donne quoi ?
Nous venons de passer notre première année d’existence, nous comptons 11 collaborateurs, dont 3 associés. Nous avons une croissance de + 15% mensuelle et nous avons effectué 150 entretiens en septembre.