Classée en 2016 parmi les « 100 startups où investir » par le magazine Challenges, la startup montréalaise qui vous permet de choisir les prochains commerces de votre quartier débarque enfin en France ! Si le concept n’est pas encore très répandu dans l’hexagone, il est déjà très populaire en Amérique du Nord où on le surnomme « la démocratie commerciale». Rencontre avec Louis Delaoustre, CEO de POTLOC désormais basé à Lille.
Avant toute chose, vous êtes français, pourquoi avoir créé une startup au Québec ?
Mon associé Rodolphe Barrere et moi-même sommes venus au Québec en 2009 pour nos études. L’idée de POTLOC est venue d’un constat que nous avons fait à Montréal : le taux de roulement des commerces est énorme. On ne s’est pas vraiment posé la question à savoir si on lançait le projet en France ou au Québec, on a d’abord testé près de chez nous à Montréal puis les choses se sont emballées.
Parle-nous de cette startup ?
Avez-vous déjà entendu parler de POTLOC ? Fondée en 2014 à Montréal par deux Français, cette start-up vous propose de créer un quartier à votre image en choisissant les prochains commerces qui s’y installeront! En votant sur potloc.com, vous participez ainsi à la création de quartiers plus intelligents ! Alors que la majorité des joueurs de l’industrie du retail travaillent avec les mêmes données macroéconomiques génériques, POTLOC introduit dans ses études de marché un tout nouveau jeu de données: les customer intents ou comment comprendre les intentions d’achat des habitants et consommateurs de la zone.
Les décisions d’ouvertures de commerces reposent toutes sur des données théoriques comme le pouvoir d’achat moyen d’un quartier par exemple. Avec POTLOC, on ne se contente plus de ces informations génériques, on cherche à comprendre les spécificités et les opportunités de chaque zone de chalandise en remettant le consommateur au coeur du processus. On disrupte l’industrie des études de marché retail: on passe des données top-down aux données bottom-up. C’est le principe du crowdsourcing.
Quel est votre business model ?
Grâce à son concept unique, POTLOC commercialise ces précieuses informations aux villes, collectivités, foncières et enseignes. Ils s’assurent ainsi d’implanter le bon commerce au bon endroit ! Parmi ses clients, POTLOC compte notamment la ville de Montréal, mais aussi des enseignes comme Okaïdi, Keep Cool et Lézard Créatif, pour ne citer que les enseignes françaises. POTLOC vient notamment de terminer un grand projet pour la zone commerciale et de loisirs de Lomme où se situe notamment le Kinépolis et IKEA. La campagne en ligne a rassemblé plus de 6 000 personnes et a pour objectif d’améliorer l’offre commerciale de cette zone qui attire plusieurs centaines de milliers de visiteurs chaque année.
Récemment dans le TOP 100 des startups où investir, ça change quoi ? Les investisseurs se bousculent-ils ?
Oui, on a beaucoup été contacté après être apparu dans ce classement. Cela donne une visibilité non négligeable. Surtout pour POTLOC qui est principalement connu au Québec pour le moment.
Vous venez de lever des fonds ?
800,000$. Cette levée de fonds a rassemblé d’importants business angels Canadiens, tels que Robert DUTTON, ex-CEO de RONA (première enseigne de bricolage au Canada avec 4.2 milliards de chiffre d’affaires) ainsi que le fond de Venture Capital de la Business Development Bank of Canada.
Depuis le départ, la levée de fonds est-elle un objectif de développement ? Pouviez-vous vous en passer ?
La boîte s’est autofinancée grâce aux ventes depuis 3 ans, la levée de fonds représente un levier intéressant pour accélérer notre développement. Nous pouvions nous en passer, mais cela donne un coup de boost assez important.
Quels sont les objectifs de cette levée de fonds ?
Réussir notre implantation en France, continuer de développer notre technologie et démarrer nos activités dans le reste du Canada et, à terme, aux US.
L’investissement est-il facilement accessible au Québec ?
Difficile de comparer, car il s’agit de notre première levée de fonds, mais il semble relativement accessible.
Aujourd’hui vous souhaitez vous implanter en France ? Quel va être la difficulté ?
Il va falloir que nous travaillions sur notre notoriété, mais la demande semble assez forte. Nous n’étions pas encore implantés que nous recevions déjà de nombreuses demandes. Ce sera un challenge, comme toujours, mais nous sommes assez sereins.
Les différences culturelles entre les deux pays ne rendent-elles pas complexe la duplication du modèle ?
Les réalités sont assez similaires : désertification des centres-villes et des centres commerciaux, développement du réseau à haut risque pour les enseignes, difficulté d’anticiper les comportements des Millenials et la consommation sur le web.
La suite pour PoTLoc ?
Réinventer les quartiers de demain, en remettant les citoyens au centre.