Et si on comparait Frédéric Mazzella et Paul Pogba ? Farfelue de prime abord, l’analogie entre l’entrepreneur et le footballeur est pourtant très intéressante pour comprendre le sens du sacrifice et le biais de perception du grand public sur ces « héros » des temps modernes. Julien Petit, expert de la compatibilité Startup-VC et fan de foot, nous explique cette comparaison qu’il aime souvent présenter.
Julien, peut-on penser en « ligue » de startup comme il existe des ligues dans le foot?
J’aime le foot et les startups et je trouve que la comparaison permet de bien comprendre les mécaniques de financement. En Ligue 1, on va retrouver les clubs qui auront le plus de pression et qui seront donc plus exigeants vis-à-vis des joueurs. Plus l’investissement dans un joueur est conséquent, plus les attentes sont fortes. Dans la ligue 1 des startups, on va retrouver des fonds plus ou moins « riches » et donc plus ou moins exigeants. Pour un fonds comme Accel par exemple, une exit de moins de 100 millions c’est de la sous-performance. Tout comme le PSG ne revendrait pas Mbappé pour une bouchée de pain.
Au-delà de la « ligue », l’entrepreneur est-il un footballeur comme un autre ?
L’analogie avec le foot, c’est que quand tu vois un mec taper dans un ballon, tu ne peux pas être certain par avance qu’il a le potentiel de devenir joueur en L1. Est-ce qu’il a le potentiel technique, le mental, quels événements le joueur va-t-il rencontrer qui vont freiner ou accélérer sa carrière? Personne ne peut le prédire. Il s’agit d’un risque que le recruteur va prendre.
La plupart des entrepreneurs qui font rêver n’ont pas une vie personnelle des plus enviables.
Du côté du joueur comme de l’entrepreneur, avant de devenir professionnel en ligue 1, il faut énormément de sacrifices et beaucoup d’abnégation. Pour un joueur professionnel en ligue 1, ce sont des centaines de personnes qui ont sacrifié leur jeunesse pour finir sur le carreau.
Et pour ceux qui sont en ligue 1, il ne faut pas voir que l’argent et le succès. La plupart des joueurs ont très peu de congés, doivent faire attention à ce qu’ils mangent, fatiguent leur corps de manière très intense… c’est pareil pour les entrepreneurs. La plupart des entrepreneurs qui font rêver n’ont pas une vie personnelle des plus enviables. C’est bien souvent un sacrifice entier pour sa boîte, que tous les entrepreneurs n’ont pas envie de vivre. L’analogie s’arrête d’après moi là parce que tu peux être un entrepreneur heureux sans jouer la ligue des champions.
[wydden_refer_post post= »30444″][/wydden_refer_post]Et comment on accompagne les entrepreneurs qui veulent jouer en ligue 1 et les autres ?
Il faut accompagner les gens dans le projet qui les rendra heureux. Il ne faut pas se leurrer, la majorité des gens cherchent à avoir une vie de famille, veulent sortir, voir leurs amis, voyager… À ce moment-là, il ne faut pas forcément s’orienter vers une stratégie de croissance et la ligue 1. En revanche, tu as une petite poignée d’individus, comme Pogba et Mbappé, qui sont des grands obsessionnels depuis tout petits. Quand ces joueurs racontent que petits ils pleuraient lorsqu’ils perdaient des matchs entre copains, on voit bien qu’il n’y a pas d’autres moyens pour eux que de les accompagner à devenir les meilleurs car ils ne trouveront pas leur épanouissement dans d’autres chemins que celui-là. L’obsession est un avantage pour ceux qui veulent jouer en ligue 1 des startups aussi. Mais il ne faut pas pousser au crime et à chercher à ce que tout le monde veuille de ce modèle. La majorité n’y trouvera pas son bonheur! Ceux qui veulent une vie à côté, il vaut mieux qu’ils pensent à créer des modèles de boîte qui pourront atteindre 100 ou 200 personnes à terme, avec des modèles de répartition de richesse plus équitables. C’est aussi un beau projet entrepreneurial! Il faut que les entrepreneurs comprennent qu’ils doivent bien choisir leur combat!