Après 3 années de R&D, Allo-Media, a bâti une solution unique au monde pour analyser en temps réel les conversations téléphoniques entre les entreprises et leurs clients grâce à l’Intelligence Artificielle. La startup qui compte aujourd’hui des clients tels que le Groupe Covéa (MAAF, MMA et GMF), Groupama, Allianz, SPB, Engie et Butagaz, lève 8 millions d’euros auprès de Red River West et Serena Data Ventures, le fonds Data+AI de Serena Capital. Rencontre avec Romain Sambarino, CEO de la startup d’Allo-Media.
Interview de Romain Sambarino, CEO de la startup d’Allo-Media.
Comment Allo-Media est-elle née ?
En 2011, nous sommes partis du constat simple que les recherches sémantiques locales étaient en forte croissance et nous avons décidés de créer des annuaires professionnels spécialisés dans les secteurs de la santé, de l’artisanat ou des commerces (Allo-Médecins, Allo-Réparateurs, Allo-Commerçants …). Nous nous sommes ensuite concentrés sur l’analyse des contenus téléphoniques par une solution combinant la création de sites web et la qualification d’appels en leads grâce à l’analyse du motif d’appel.
Qu’est-ce que ce Cookie Vocal ?
Nous avons lancé cette solution innovante il y a moins d’un an, après 3 ans de R&D. Le « Cookie Vocal » est une technologie qui permet de collecter 100% de la Data contenue dans les conversations téléphoniques et de les fusionner avec les parcours clients digitaux. La Voix du client est extraite en temps réel des appels générés par la marque grâce à une technologie propriétaire reposant sur 3 briques : l’analyse du signal, la reconnaissance vocale et l’analyse sémantique.
Toutes ces données sont ensuite remontées dans les différents outils analytiques et CRM utilisés par les marques (Google Analytics, Salesforce, …) pour leurs équipes, marketing, commerciale et relation client.
Qu’apporte-t-il à vos clients ?
Là où le marketing programmatique devient « sourd », à la rupture du parcours online au profit d’une communication téléphonique, nous poursuivons l’analyse de l’expérience client dans le contenu de sa conversation téléphonique, après avoir établi un lien direct avec sa navigation sur le site.
Les applications sont nombreuses :
– analyse des stratégies digitales d’acquisition avec l’éclairage des contenus d’appels
– qualification automatiques des contenus d’appels, avec mise en valeur des opportunités commerciales et indicateurs satisfaction client
– analyse des origines d’appels polluants, pour les réduire, en combinant le traçage des parcours online et offline,
– transfert automatique des data d’appels dans les CRM…
– vision instantanée globale, par pays, canal, motifs des flux d’appels
Le Cookie Vocal séduit aujourd’hui les clients les plus prestigieux dans les secteurs de l’énergie, de l’assurance ou de l’immobilier.
3 ans de R&D, comment avez-vous financé cette étape ?
Nous nous sommes tournés vers des business angels, dont Kima Ventures, Arnaud Dassier ou Nicolas Dufourcq (BPI), pour lever 500 K€ en 2014 puis 740 K€ en 2015. Début 2016, nous avons choisi de vendre uniquement cette technologie, et à l’occasion d’un nouveau tour d’1,5 M€ en mars 2017, Philippe Varin (Areva) devient également actionnaire.
Vous travaillez en étroite relation avec des laboratoires de recherches publics, comment se passe cette relation ? On entend souvent qu’il est compliqué de travailler avec les universitaires et chercheurs quand on est une startup, est-ce vrai ?
Depuis plusieurs années nous avions le souhait de travailler avec des docteurs mais avions besoin de faire évoluer notre proposition de valeur et d’avoir une plus grande maturité afin de séduire et convaincre. Le challenge c’est de travailler sur un produit avec une vision disruptive, correspondant à leurs valeurs humaines. Il est important de les associer au projet pour que chacun se sente impliqué dans un produit révolutionnaire en avance sur le marché.
Pourquoi miser sur la conversation téléphonique à une époque où tout est fait pour faciliter les échanges par texto ou messagerie (Messenger, WhatsApp…) ?
Depuis 2010 et l’avènement des smartphones, les appels explosent grâce au click-to-call (bouton appeler). Pour les marques, cela représente 270 milliards d’appels reçus par an. Le marché du voice computing est en plein développement, on peut d’ailleurs le constater avec les nombreux assistants vocaux. Le besoin d’utiliser la voix humaine de manière spontanée est pour les marques une priorité pour améliorer l’expérience des clients qui expriment leur envie de réhumanisation.
En moins d’un an vous comptez de belles références clients en France, est-ce le moment d’attaquer l’Europe ?
Notre solution est déclinable dans toutes les langues et allons lancer notre version anglaise avant la fin de l’année. Nous participerons dans les prochaines semaines à plusieurs événements internationaux notamment AI Europe à Londres, Slush à Helsinki et le CES de Las Vegas. Nous envisageons également l’ouverture d’un bureau aux Etats-Unis au cours du deuxième semestre 2018.
Vous levez 8 millions d’euros, quelle va être la répartition de ces fonds ? (Marketing, R&D, …)
Plus de la moitié sera affectée à l’ingénierie et à la R&D, une autre partie permettra le développement sur le territoire et l’ouverture vers l’international.
