Qui sont les Wannabe Entrepreneurs ?

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Avec la hype startup et un marché du travail moribond, ils ont envahi les incubateurs, salons et autres espaces de coworking. Les « wannabe entrepreneurs » souhaitent créer une entreprise mais ils ne sauteront jamais le pas. Ils se satisferont de cette image d’entrepreneur en herbe tout en sachant qu’ils ne se lanceront pas dans ce projet qui les laisse rêveurs. Inconsciemment car la peur de l’échec, la solitude et le manque de confiance en eux les paralysent. Il suffit parfois d’une rencontre pour transformer un wannabe en entrepreneur. Mais qui sont réellement ces wannabe entrepreneurs ? Sont-ils un atout ou un fardeau pour l’écosystème ? Et pourquoi leur présence n’est-elle jamais remise en cause par l’univers startup ?
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Ils sont partout…

L’entrepreneuriat est devenu tendance, les écosystèmes startups sont l’objet de toutes les attentions et le nombre d’initiatives, en vue d’aider d’une manière ou d’une autre les entrepreneurs, a explosé en à peine cinq ans. L’entrepreneuriat fascine car il est synonyme de liberté pour beaucoup de ses protagonistes. Le système managérial français, encore très axé sur le modèle pyramidal, engendre de nombreuses frustrations, notamment chez les jeunes cadres qui n’ont pas le sentiment d’être reconnus par leur hiérarchie. Cette évolution, sans aucun doute positive, a vu l’apparition de nouveaux profils d’entrepreneurs qui, eux, font beaucoup moins avancer le schmilblick. Il y a bien sûr les jeunes diplômés qui prennent l’entrepreneuriat quelque peu à la légère ou les moins jeunes qui s’imaginent devenir entrepreneur mais qui n’iront jamais au bout. Et enfin les entrepreneurs qui se réfugient au sein de leur incubateur ou de leur espace de coworking pendant des années, sans donner l’impression de vouloir vraiment aller de l’avant. Une situation regrettable, qui plus est, quand les places, permettant aux entrepreneurs d’être aidés, sont rares, et chères. « C’est essentiel pour nous de déceler ces wannabe entrepreneurs, néanmoins une fois identifiés, on les subit » confie Pierre*, directeur d’une structure d’accompagnement. La levée des tabous a créé une nouvelle génération d’entrepreneurs qui ne craint aucunement l’échec et qui se fera une joie de renoncer face à la première difficulté. Mais le renoncement n’est-il pas l’héroïsme de la médiocrité comme l’écrivait Natalie Clifford Barney ? Les wannabe entrepreneurs représentent un réel fardeau structurel, un coût en termes de temps pour les espaces d’accueil et d’argent pour les collectivités qui financent les aides et subventions, d’autant plus que l’on sait pertinemment que très peu d’entre eux passeront finalement à l’acte. « On sait très bien que sur les projets accompagnés très peu iront au bout, notre métier c’est aussi d’assurer l’échec de ces projets en limitant la casse, » confie Julien Falières, accompagnateur de startups.

Entreprendre n’est pas un hobby

La présence même de wannabe entrepreneur ne menace-t-elle pas l’image des entrepreneurs ? Qu’on ne s’y trompe pas, quand l’opinion publique imagine les « startuppers » comme un ensemble de génies en informatique qui ont « la bonne idée », qui boivent du Redbull et jouent au ping-pong, elle est bien loin de la réalité de l’entrepreneuriat. Posséder un nom de domaine, acheter des cartes de visite en ligne et rédiger un business plan ne transforment pas une personne qui a eu une idée en entrepreneur. Si tout le monde peut se dire entrepreneur, tout le monde n’a pas les épaules pour le devenir. Fort heureusement d’ailleurs, cela n’ajoute que plus de mérite à ceux qui réussissent. La médiatisation à outrance des levées de fonds pourrait nous faire croire que créer une startup sucessfull est chose aisée. La complexité du processus entrepreneurial peut éteindre très rapidement la motivation des premiers jours et apporter son lot d’excuses qui devront justifier l’inactivité d’un projet. Pour Pierre, le problème réside aussi dans le marketing qui entoure les startups. « On glorifie plus l’entrepreneur qui lève 300 000 euros que celui qui fait cinq millions de chiffre d’affaires en vendant des mobile homes donc forcément tous les profils qui passent notre porte sont dans cette logique d’innovation et de startup, quitte à ne jamais avancer ».

« Peut-être devrait-on dire à ces porteurs de projets : « On arrête là » ? Mais on ne le fait jamais. En même temps est-ce vraiment notre rôle ? »

Le wannabe entrepreneur, emblème du monde des startups ?

Il est possible de leur reprocher d’avoir toujours soi-disant une bonne idée, d’écumer tous les événements et d’être continuellement en train de faire pivoter leur idée mais ils sont prisonniers de leur position. Ils se forcent à être ravis de leur existence de débutant pour ne pas perdre la face. Et pourtant le wannabe entrepreneur ne fait pas l’objet de mesures d’expulsion, et personne ne tire sur lui à boulets rouges. En un mot, l’écosystème semble se prendre d’affection pour les wannabe. « La réalité c’est que les wannabe entrepreneurs sont une bénédiction pour l’écosystème. Ils font vivre les espaces de coworking, les incubateurs et les programmes de promotion de l’entrepreneuriat, explique Pierre. Ils sont en dehors de la réalité de l’entrepreneur mais collent parfaitement aux moyens en présence dans les structures d’accompagnement ».

Car à défaut d’entreprendre, ces derniers instaurent un climat de travail et une dynamique dans les incubateurs qu’il est impossible de nier. Ils seront présents aux événements, ils en organiseront et en animeront avec toute la volonté sincère qui les caractérise. Les équipes organisatrices de Startup Weekend regorgent d’ailleurs de profils de ce type. Vous croyez sérieusement que l’on peut organiser des événements quand on est à 100% sur son entreprise ? Être un wannabe ne signifie pas ne rien faire, juste ne pas faire les actions adéquates pour amener vraiment une idée sur un marché. « C’est vrai que j’étais à tous les événements et à toutes les formations. Il y en a même que j’ai faites deux fois. Bon, je n’ai jamais mis en place ce que j’ai appris, parce que j’avais peur de me confronter à une réalité cruelle mais c’était hyper intéressant » confie Marc*, qui a été accompagné pendant deux ans dans une structure publique et qui a bénéficié de près de 8 000€ d’aides. En étant tout à fait transparent, il y a beaucoup plus de wannabe, que de réels entrepreneurs en devenir dans ces structures. Alors, pourquoi se séparer d’une manne publicitaire populaire ? Après tout, tant que le public ne voit pas que les wannabe n’entreprennent pas, ils constituent une catégorie de personnes passionnées qui font la promotion de l’écosystème : l’archétype même du « startupper , le numéro Siret en moins.

Le risque reste un frein puissant

Entreprendre nécessite toujours une prise de risque. Financière, relationnelle, avec sa santé… et nul ne peut blâmer une personne qui, malgré une volonté évidente et une passion pour l’entrepreneuriat, ne se lance pas. À l’occasion des 40 ans d’Apple, Ronald Wayne, le troisième fondateur, s’est exprimé, et même si beaucoup de personnes se moquent du fait qu’il n’ait vendu ses 10% d’actions que pour 800 dollars, il assure ne rien regretter. Wannabe entrepreneur dans l’âme et pas à l’aise avec le risque, il craignait que les dépenses de Jobs et les idées folles de Woz conduisissent Apple à sa perte: « eux n’avaient rien. J’avais une maison, une voiture, un compte en banque, puis j’étais bien meilleur ingénieur qu’homme d’affaires », il décida d’arrêter. Tous n’ont pas cette lucidité sur leurs propres capacités. N’est-ce pas là le rôle des structures qui accompagnent ces wannabe entrepreneurs ? Julien Falières tente de répondre. « Peut-être devrait-on dire à ces porteurs de projets : « On arrête là » ? Mais on ne le fait jamais. En même temps est-ce vraiment notre rôle ? » De plus, personne n’est devin et il est possible d’être surpris par la trajectoire de certains projets.

« C’est vrai que j’étais à tous les événements et à toutes les formations. Il y en a même que j’ai faites deux fois. Bon, je n’ai jamais mis en place ce que j’ai appris, parce que j’avais peur de me confronter à une réalité cruelle mais c’était hyper intéressant »

Si les wannabe entrepreneurs sont ainsi tolérés, c’est parce que ceux qui les poussent à développer leurs idées espèrent, jour après jour, qu’ils se lanceront. Qu’ils aient cette « prise de conscience ». Dès lors, les connaissances théoriques accumulées seront le fer de lance de la conception de leur startup. Mais souvent, les wannabe entrepreneurs préfèrent trouver de bonnes excuses pour ne pas se lancer : « pas maintenant », « je ne suis pas prêt », « c’est risqué quand même », « je n’ai pas les fonds … ». Peut-être n’ont-ils pas trouvé « la » bonne personne pour les accompagner : une rencontre, une personne, un ami parfois, peuvent bouleverser la conception de celui qui veut entreprendre. Que ce soit une opportunité, une main tendue, ou un simple « ça te dirait que toi et moi on se lance … ? ».

Si près du but…

En France, les enquêtes font régulièrement ressortir que plusieurs millions de personnes ont l’intention de créer une entreprise, mais chaque année moins de deux cent cinquante mille s’y risquent vraiment si l’on enlève les auto entrepreneurs. Pourtant, comme le rappelle Antoine Aubert, avocat associé spécialisé en startup chez Cocoon Avocats, « l’écosystème français est très favorable à la création des startups. Que ce soit le statut de micro-entrepreneur, le cadre souple de la SAS, les espaces de coworking et les nombreux incubateurs, le statut de JEI, le CIR ou les aides financières pouvant être relativement facilement obtenues auprès de la BPI, beaucoup de solutions de facilité sont à la portée des « startuppers » ». Mais l’intention ne suffit pas, il faut le passage à l’acte pour reprendre le vocabulaire des psychanalystes. « C’est souvent quand il faut créer, s’endetter ou prendre des risques que les wannabe entrepreneurs craquent » explique Pierre*. Car le wannabe entrepreneur remplit toutes les conditions et satisfait tous les checkpoints jusqu’au moment fatidique. Comment cet entrepreneur qui a fait près de 90% du travail de création peut-il craquer dans le finish? Les derniers 10% sont les plus importants. Tous les projets ont un cycle naturel. Le projet de création d’une entreprise n’y échappe pas. Il y a toujours une crainte au moment de s’engager et le wannabe entrepreneur est toujours atteint du syndrome du marié (ou de la mariée) qui part en courant sur le perron de l’église. Courage, fuyons ! Nombreux d’entre eux sont attirés par la création pour de mauvaises raisons, telles que la hype, l’envie de devenir le nouveau Zuckerberg ou encore la richesse facile espérée après une revente. Et nombre d’entre eux y restent pour de plus mauvaises raisons encore, à savoir le regard des autres, la peur d’avouer que l’on n’est pas fait pour l’entrepreneuriat ou une persévérance suicidaire. Personne n’a envie de se dire : « Tout ça pour ça ». Pour beaucoup, entreprendre c’est comme sauter à l’élastique. Les wannabe entrepreneurs sont de ceux qui rêvent de monter sur la plateforme sans savoir s’ils sauteront. « On sait que 50% de ceux qui redescendent de la plateforme, après y être montés, ne sauteront jamais. Les autres 50% sauteront un jour à l’élastique mais quand ils seront prêts. Et cela peut prendre des années » conclut Thierry, moniteur de saut à l’élastique dans l’Aveyron.

* les prénoms ont été changés

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