Sans Filtre, c’est l’histoire de Clément Samson et Clément Bernard, deux fanatiques de sport et de gros consommateurs de contenus en ligne qui ont décidé de lancer un média présent sur le web et les réseaux sociaux qui met en avant des récits à la première personne de sportifs. C’est la déception de lire sans cesse les mêmes articles sans fond, ni originalité qui les a poussés à rechercher d’autres plateformes pour voir autre chose que le dernier buzz sur le salaire des athlètes ou les frasques privées des footballeurs. Rencontre avec ces deux entrepreneurs qui entendent bien se faire une place dans le monde du sport !
Clément, il n’y a vraiment aucun site qui trouve grâce à tes yeux ?
Si, bien évidemment certains sites spécialisés comme Trashtalk ou So Foot relèvent le niveau, mais aucun média généraliste sport ne trouvait grâce à nos yeux. C’est en lorgnant du côté des titres anglophones que nous avons découvert une autre façon de traiter le sport, non pas sous un aspect négatif ou trop comptable (résultats), mais au travers d’articles intéressants et authentiques. Avec cette envie de nous lancer dans l’aventure entrepreneuriale, nous nous sommes dit : pourquoi ne pas créer ce média nous-mêmes.
Vous vous êtes fortement inspirés de The Player’s Tribune, quelles sont les modifications apportées au modèle pour l’adapter à la France ?
The Player’s Tribune est le porte-étendard d’une nouvelle génération de média qui remet au centre du jeu les acteurs de l’information. Ils ne sont pas notre seule source d’inspiration, on pourrait également citer Uninterrupted (créé par Lebron James) ou même Speech de Konbini en France.
À l’image du marché sportif américain, la vision de The Player’s Tribune est assez élitiste avec un focus sur 3 ou 4 sports (basket, foot US, baseball) et des superstars planétaires. Notre modèle se distingue principalement sur 2 points : le contenu éditorial et la relation avec les sportifs.
Dans un pays qui possède plus de 40 millions de pratiquants, nous avons voulu mettre en avant la richesse sportive dans son ensemble en traitant de tous les sports, des disciplines féminines et de l’handisport. Trop de médias oublient de parler des disciplines comme le running ou le VTT alors qu’elles sont plus pratiquées que le football. De plus, nous avons voulu également miser sur les nouvelles pratiques comme l’eSport, avec les pro-gamers qui sont aujourd’hui les héros d’une nouvelle génération.
L’autre différence concerne nos principaux partenaires, les sportifs. Aux USA, c’est une habitude pour eux de prendre la parole en public depuis leurs années lycées, de gérer leur image, en clair d’être capable et de se sentir légitime pour porter des messages. La France est plutôt critique avec ses sportifs qui sont vus sous le prisme de l’argent ou des mauvais comportements. De nombreux athlètes ont ainsi pris en grippe la presse française et nous devons donc avoir une démarche assez personnelle pour gagner leur confiance et leur prouver que sur Sans Filtre, ce sont leurs récits et leurs histoires qui nous intéressent.
L’important ce n’est plus de toucher 10 fois plus de personnes qui ne liront que le titre, mais d’avoir une base de lecteurs fidèles, prescripteurs et qui apprécient vraiment vos contenus.
Il faut également savoir que le processus de création est différent des autres médias français. Entre la prise de contact et la sortie de l’article, c’est souvent près d’un mois qui s’écoule pour remplir les différentes étapes : premières discussions avec le sportif pour le faire adhérer à ce nouveau concept, déterminer le sujet, réaliser le récit en collaboration avec le sportif, la phase de corrections et enfin la mise en page.
Pourquoi vouloir proposer un contenu sans filtre ? Quel type de contenu peut-on retrouver sur Sans Filtre ?
Sans Filtre pour nous revêt plusieurs significations : suppression de la barrière journalistique entre les sportifs et les fans avec des récits à la première personne ; la possibilité pour les sportifs de parler sur des thématiques de leur choix sans être téléguidés, ni dans le choix des sujets ni dans leurs réponses ; l’absence de calibrage, peu importe si l’article fait 1000 ou 8000 mots.
Ce type de contenu sans filtre nous permet donc « d’apprendre à (mieux) connaître vos sportifs préférés grâce à des contenus exclusifs pensés et créés par eux ». Nous avons la volonté d’aller au-delà du performeur sportif et de nous focaliser sur l’humain.
Sur Sans Filtre nous trouvons des contenus écrits & vidéos sur leurs parcours pour arriver au haut-niveau, leurs passions à côté du sport, leurs engagements associatifs & humanitaires, leurs prises de position sociétale et bien évidemment des sujets axés sport où les athlètes partagent avec le lecteur ce qu’ils ressentent au moment d’une compétition. Des sportifs comme Malia Metella, Sandrine Gruda, Jessica Houara, Serge Betsen, Imanol Harinordoquy, Cédric Sorhaindo, Benjamin Nivet ou Brak se sont déjà exprimés sur Sans Filtre.
On voit beaucoup de nouveaux médias se lancer, penses-tu que le modèle classique d’information est dépassé ?
Depuis quelques années le web a clairement bouleversé le monde médiatique et je ne crois pas vraiment que les titres de presse classiques qui se contentent de transposer numériquement ce qu’ils faisaient sur papier vont survivre longtemps.
J’ai le même constat négatif sur les pure player qui ont longtemps privilégié un combo réactivité / quantité d’informations / buzz pour être un maximum visible sur les réseaux sociaux ou via les moteurs de référencement. Chez Sans Filtre, nous croyons que le salut passe par un bon en avant de la qualité des contenus en ligne. L’important ce n’est plus de toucher 10 fois plus de personnes qui ne liront que le titre, mais d’avoir une base de lecteurs fidèles, prescripteurs et qui apprécient vraiment vos contenus.
Le business model des médias est mis à l’épreuve, comment monétisez-vous sur Sans filtre ?
Au-delà de la Love Money et des quelques concours/aides dont nous bénéficions, sans Business Model point de salut. À l’image d’autres médias web, nous souhaitons privilégier la publicité sur le site, mais via des formats plus qualitatifs que les classiques bannières qui transforment votre plateforme en sapin de Noël, mais plutôt avec le native advertising ou le content marketing. La monétisation de nos réseaux sociaux ou la mise en place de partenariats avec des institutions sportives ou des sponsors seront des sources secondaires de financement.
Dans tous les cas, nous avons pour objectif d’organiser une levée de fond à la rentrée de septembre afin de soutenir notre croissance.
En termes de statistiques, Sans filtre ça donne quoi ?
Aujourd’hui Sans Filtre c’est plus de 20 000 lecteurs qui viennent sur notre site chaque mois, près de 6 000 fans Facebook (avec certains posts qui atteignent les 200 likes) et 1000 followers sur Twitter.
Quels sont vos objectifs à court et moyen terme ?
À court terme, nous avons 3 objectifs : Augmenter le nombre de lecteurs réguliers de Sans Filtre pour passer la barre des 100k/mois et également faire grandir notre communauté sur les réseaux sociaux ; développer plus de contenus vidéos qui seront déployés sur le site et sur nos réseaux sociaux ; attirer de plus en plus de sportifs de premier plan. À plus long terme, nous allons devoir améliorer nos supports avec notamment la création d’une application dédiée et bien évidemment l’embauche de différents profils pour soutenir nos projets.