Les startups n’ont pas toujours la réputation (ni l’objectif!) d’adresser des enjeux sociétaux. Les modèles de croissance des startups doivent répondre à des enjeux financiers courts termes qui s’adaptent assez peu aux enjeux sociaux plus structurants qui nécessitent souvent un temps incompressible pour générer de la valeur économique.
Pour autant, à côté des startups dont l’objectif est de réaliser quotidiennement une croissance à deux chiffres et enchaîner les levées de fonds pour maintenir le rythme de croissance, de plus en plus de startups sociales (ou de projets associatifs menés en mode startup) voient le jour. Ces startups sociales sont de plus en plus portées comme des projets économiques propres ou sont menées en parallèle d’une startup plus traditionnelle. En s’appuyant sur les technologies, ces startups s’attaquent à l’ensemble des enjeux fondamentaux et permettent d’entrevoir un monde plus inclusif, plus écologique et plus participatif. Petit tour d’horizon des startups qui repensent les modèles de production, d’alimentation de recyclage, qui repensent l’intégration des réfugiés, des sans abri, des handicapés, qui éduquent aux gestes qui sauvent ou qui apportent de nouvelles solutions au problème de l’énergie.
Les startups qui répondent au problèmes de production, distribution et gaspillage
Manger local et sain est souvent plus contraignant, car cela nécessite généralement de multiplier les points d’achats. De plus en plus de plateformes comme La ruche qui dit oui ou le comptoir local permettent de regrouper en un seul lieu les producteurs locaux représentant l’ensemble des produits alimentaires. Avec des productions locales achetées et livrées en un seul point, ces plateformes permettent de mieux manger et de mieux redistribuer les revenus aux producteurs. Les supermarchés coopératifs vont un peu plus loin en associant les consommateurs à la vie courante du commerce. Ainsi, La Louve à Paris (qui compte 6000 membres) ou encore La Cagette à Montpellier (1100 membres) permettent de bénéficier de tarif plus attractif (et une meilleure rémunération pour les producteurs) contre 3 heures de travail mensuel.
Du côté du financement, Miimosa propose de connecter les particuliers et les agriculteurs au travers d’une plateforme de financement participatif spécialisé dans l’agriculture. Avec des prêts ou des contre parties, les agriculteurs peuvent trouver de nouvelles sources de financement pour développer leur exploitation: nouveau matériel, nouvelle production, agrotourisme. Au-delà du « simple » prêt, les agriculteurs peuvent aussi trouver de nouveaux clients avec les contre parties proposées.
La tracabilité et la lisibilité des étiquettes est aussi un enjeu central. Yuka est une application qui remonte l’ensemble des informations santé du produit (matière grasse, sucre, sel, conservateurs…) en scannant les produits alimentaires. Basée sur un modèle collaboratif, les utilisateurs remontent les données qui sont ensuite traitées et stockées sur l’application. Le modèle économique de YUKA est à ce jour indépendant des marques, le business model de la startup reposant sur un programme santé payant.
Le gaspillage alimentaire est un fléau des sociétés occidentales qui génèrent de gros problèmes écologique. Pour diminuer le gaspillage alimentaire et remettre plus de solidarité entre les individus, Hop hop food propose une plateforme de mise en relation entre particuliers pour favoriser les dons alimentaires. Too good to go et Optimiam sont aussi des startups qui luttent contre le gaspillage alimentaire, en permettant aux commerçants de proposer en dernière minute des promotions sur des aliments qui atteignent leur limite de consommation. Ainsi, les produits atteignant leur date limite de consommation, les produits frais mais aussi des plats à emporté dans des restaurants peuvent trouver des acquéreurs de dernière minute avant de finir à la poubelle…
Les startups du recyclage
Recyclivre propose aux associations, aux collectivités, aux entreprises et aux particuliers un service gratuit de récupération de livres afin de leur donner une seconde vie. Une fois collectés, les ouvrages sont triés et, s’ils sont encore en bon état, sont envoyés à Paris et revendus sur Internet. 10% des revenus générés par les ventes seront reversés à des programmes ou des associations ayant des actions concrètes en faveur de l’éducation et de l’écologie. Depuis le début de Recyclivre il y a 10 ans, c’est près de 1M d’euros qui ont été distribués aux associations partenaires
La jeune entreprise Cy clope recycle les mégots de cigarettes pour les transformer en plaque d’isolation plastique. Avec près de 70 milliards de cigarettes consommées par an, et des déchets très difficilement biodégradables, l’enjeu de revalorisation des mégots est de taille.
La startup Ennesys propose quant à elle un système de recyclage des eaux usées naturel et autonome en énergie. L’entreprise propose à travers son produit Freewaterbox, un système qui récolte les eaux usées et déchets organiques d’un bâtiment, et y introduit du phytoplancton (micro-algues). L’eau ainsi filtrée et nettoyée par les micros algue ressort propre, et la biomasse produite par les algues est valorisée pour produire de l’énergie.
Les startups qui facilitent l’inclusion des sans abri
L’application Entourage permet de connecter les particuliers pour agir ensemble contre l’exclusion. Ainsi, les associations, habitants et personnes SDF peuvent se connecter et créer du lien, au travers d’actions concrètes autour desquelles la communauté se mobilise, comme organiser une tournée à la rencontre des SDF du quartier, organiser la collecte de livres et de magazines multilangues, offrir un matelas et un duvet à un de leur voisin dans la rue… Des petites actions indispensables pour recréer du lien social et aider les personnes exclues.
Sans A est un média d’impact qui met en lumière les invisibles en racontant les histoires et parcours de ceux qui sont stigmatisés par la société. Ainsi, les histoires extraordinaires de sans abri, de personnes souffrant de maladie mentale, de personnes isolées, d’anciens taulards, de travailleurs du sexe sont racontées et mises en image. L’objectif de Sans A est d’humaniser et de susciter la curiosité et l’empathie nécessaire à l’émergence d’actions spontanées. Ainsi, la communauté s’est par exemple mobilisée pour acheter d’une canne à pêche à Jean Claude, un sans Abris, ou écrire une carte à Charlotte, retraitée isolée dans la Creuse.
Les startups de don
Lilo est un moteur de recherche qui finance des projets sociaux et environnementaux en leur reversant la moitié des revenus générés par la publicité. A chaque recherche, l’utilisateur collecte des gouttes d’eau qui sont ensuite converties en argent et reversées aux associations partenaires. Lilo ne collecte pas les données personnelles des utilisateurs et ne réalise pas de traçage publicitaire
Le Schmilblick est le 1er jeu mobile qui finance des associations d’intérêt général. Ainsi grâce à la publicité et aux achats intégrés (pour recueillir des indices supplémentaires ou débloquer des niveaux par exemple) le jeu reverse 15% de son chiffre d’affaires à ses associations bénéficiaires.
Les startups qui repensent les services aux personnes handicapées
Pour les personnes handicapées, les déplacements relèvent d’un combat de chaque instant. Avec plus de 40 000 personnes en fauteuil roulant en France, certaines startups ont décidé de s’attaquer à la mobilité des handicapés. C’est le cas de Wheeliz, une plateforme de location de voitures aménagées aux personnes handicapées, entre particuliers. La startup I wheel share permet de répertorier les lieux accessibles aux personnes en fauteuil (mais également aux personnes agées et aux parents avec poussettes). Présentés sous forme d’une carte, chaque citoyen peut partager son expérience, ses galères ou ses bons plans des lieux visités.
Les startups qui apprennent les gestes de premiers secours
Everyday heroes est un jeu qui permet d’apprendre les gestes qui sauvent de manière ludique. Créée par la startup Lifeaz, en partenariat avec les sapeurs pompiers de Paris, le jeu permet de gamifier les gestes qui sauvent en collectant des points et en sauvant un personnage historique connu.
Les startups qui s’attaquent à la crise des réfugiés
Techfugees organise depuis plusieurs années des hackathons rassemblant des personnes réfugiées et non-réfugiées, afin de travailler ensemble aux enjeux de la crise humanitaire qui nous frappe. Techfugees rassemblent tous les profils nécessaires à l’émergence et au développement de solutions pertinentes, et s’appuie sur les nouvelles technologies pour faciliter l’accueil et l’intégration des personnes réfugiées lorsqu’elles arrivent dans un nouveau pays.
La plateforme CALM de singa permet quant à elle de connecter des personnes réfugiées à la recherche d’un accueil temporaire avec des particuliers disposant d’une chambre pour les accueillir, facilitant ainsi leur intégration.
Les startups qui trouvent des alternatives à l’énergie traditionnelle
Zephyr solar est une jeune startup qui propose ballon photovoltaïque pour alimenter en énergie un espace géographique réduit. En proposant notamment son produit aux ONG, le dispositif de Zephyr Solar permet notamment d’alimenter en énergie des zones sinistrées et isolées.
Glowee est une start-up qui permet de créer de la luminosité sans aucune électricité grâce à la bioluminescence, phénomène naturel de production de lumière fréquemment présent chez les animaux marins. Glowee, qui se positionne actuellement sur de l’éclairage événementiel, ambitionne à terme de s’attaquer à l’éclairage urbain (rues, parcs, vitrines, décorations) pour produire de l’éclairage sans aucune électricité, en reposant seulement sur de la matière vivante.
Soccket est un ballon de foot produit par Uncharted power afin de produire de l’énergie en utilisant l’énergie cinétique délivrée à chaque coup de pied. 15 minutes de jeu permettent de produire 3h d’énergie pour une lampe. Au départ conçu pour fournir de l’énergie aux zones de pays en voie de développement où l’électricité n’est pas accessible, le produit a aujourd’hui dépassé ce cadre et est aujourd’hui vendu en ligne à 99 dollars pour le grand public.
Vous connaissez d’autres startups qui oeuvrent au bien commun ? N’hésitez pas à les proposer en commentaire!