Marketing Digital : 7 questions à se poser avant de lancer son entreprise

Scrum Master : bullshit job ou métier indispensable ?

Après les Chief Happiness Officer et les Growth Hackers, c’est au tour des Scrum Masters de fleurir au sein des startups et des aux grandes entreprises. Leur mission : manager de petites équipes en facilitant son organisation et sa cohésion, le tout à l’aune du management agile. Sur le papier une idée, pleine de bon sens, même si on ne peut s’empêcher de penser à l’ouvrage de David Graeber, anthropologue et professeur de la London School of Economics, sur les bullshit jobs…
Les Scrum Master n’en feraient ils pas eux aussi partie?


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    Et bien,  il semblerait que non… En témoigne Pierre Layet, devenu aujourd’hui entrepreneur après plusieurs années passées en tant que Scrum Master chez Cisco, une entreprise IT américaine. 

    Ce n’est pas car la dénomination d’un poste a une résonance anglophone à la signification obscure que ce dernier tombe dans la catégorie honnie des bullshit jobs.

    Démonstration.


    #podcast, vous pouvez écouter l’interview complète dans le podcast : « Scrum Master : bullshit job ou métier indispensable ? ».

    Qui sont les Scrum Master et quel est leur rôle ?

    Non pas des maîtres Yoda, détenteurs d’un savoir flou et abstrait, mais des experts formés à l’agilité pour soutenir le développement d’une équipe. « Lorsque j’ai commencé il y a 12 ans ma carrière chez Cisco, le management n’était pas encore agile », explique Pierre Layet, fondateur de Paris Mystères, une application de jeu de piste, « cela change en 2013 lorsque Cisco décide de se mettre au diapason de la tendance. » Le jeune homme contribue alors en première ligne à mettre en place la méthode au sein de son entreprise, selon le schéma « scrum » (« mêlée » en anglais). De « chef d’équipe » multi site (France et Inde) de 30 personnes, le jeune homme devient alors « Scrum Master » (SM) suite à une formation suivie en interne.

    A l’inverse du chef d’équipe, le SM n’est pas supérieure hiérarchiquement aux collaborateurs qu’il anime. Encadrant une équipe de 6 ou 7 personnes maximum, le Scrum Master est le garant du respect des principe agiles édictés par le manifeste agile développé en 2001 par 17 spécialistes du développement de logiciel. Le manifeste s’articule autour de 4 principes fondateurs :

    1. Privilégier les individus et la bonne ambiance vs les process et outils
    2. Favoriser le bon fonctionnement du logiciel au détriment de la documentation
    3. Intégrer le client à l’équipe au quotidien pour éviter les fausses routes
    4. S’adapter rapidement au changement

     

    Les missions du scrum master

    Le Scrum Master veille donc au bon fonctionnement de l’équipe, en misant sur l’interaction avec les individus plutôt que sur le process. Il s’agit aussi de s’assurer que le logiciel / produit / service fournit fonctionne, et ce en étroite collaboration avec le client. Les SM travaillent avec leur équipe via des « sprints », des périodes de deux à trois semaines, au bout desquelles certains objectifs définis ensemble doivent être atteints. L’idée est de tabler sur des cycles de production courts balisés de nombreux checkpoints afin de s’assurer régulièrement de la pertinence de son travail. En outre, le Scrum Master se doit de travailler main dans la main avec le Product Owner, dont la mission est la définition du produit.

    Quelles sont les qualités d’un bon Scrum Master ?

    Pierre Layet nous livre sa définition :
    « Quelqu’un qui aime animer une équipe, et quelqu’un de rigoureux, le poste l’exige! Il s’agit aussi de savoir régler des conflits, de faire en sorte que son équipe profite des meilleurs moyens à disposition pour travailler, et de gommer tous les obstacles que cette dernière puisse rencontrer. Un bon relationnel est primordial, afin de s’assurer que chaque personne se sente à sa place et ait un travail qu’elle juge intéressant. »

    Il s’agit de gommer les obstacles qu’une équipe peut rencontrer

    Savoir respecter la méthodologie et l’approche agile

    Pour devenir un bon Scrum Master, il faut également savoir parfois se détacher, non pas des principes, mais de la littérature agile. A ses débuts, lorsqu’il manage sa première équipe, Pierre suit soigneusement les consignes, mais son équipe se démotive peu à peu, fatiguée sans doute par le rythme rigoureux des rencontres imposées. « Chaque équipe a ses particularités, il faut trouver les meilleurs éléments, la meilleure sauce pour que cela fonctionne », raconte le jeune homme. A force de bon sens et d’expérimentation, l’équipe parvient à se construire et à trouver son rythme de croisière. Peu à peu, l’équipe réussit à produire un travail de meilleure qualité, tout en tenant mieux ses délais. « C’est vraiment ça que l’on demande, c’est parvenir à s’évaluer pour savoir ce qu’on est capable de produire en deux semaines. »

    Concrètement, le Scrum Master fait quotidiennement un point de 10 minutes avec son équipe :  chacun explique ce qu’il a fait la veille et ce qu’il fera dans la journée, et souligne surtout quels sont ses points de blocage, sur lesquels devra intervenir le Scrum Master pour fluidifier la production.

     

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    A chaque fin de sprint, le Scrum Master organise une « rétrospective » lors de laquelle l’équipe debrief sur ce qui a marché ou non lors des dernières semaines, et passe en revue les différents problèmes rencontrés, auxquels devra encore une fois s’attaquer le SM.

     

    Jackpot pour les équipes

    Pour Pierre, les équipes scrum permettent aux individus de mieux construire leur carrière, tout en évitant les frustrations. Comme la collaboration est à l’honneur, chaque personne est en mesure d’aider les autres à monter en compétence, créant ainsi un cercle vertueux.

    Les équipes sont plus indépendantes et impliquées dans les projets, dans la mesure où elles sont en grande partie en charge du calendrier, spécifiant au Product Owner ce qui est possible de réaliser en deux semaines ou pas : lancement d’un test, ajout d’une nouvelle fonctionnalité, etc…

    Attention, tous les profils de collaborateurs ne s’adaptent pas aussi vite et bien à l’agilité. « Certains ont plus de difficultés, et ont besoin d’avoir des tâches très définies, qu’on leur impose presque. Mais au global, quand l’équipe fonctionne et que chaque membre s’entraide, cela permet même aux plus frileux de pouvoir s’épanouir, de plus prendre la parole et de trouver leur place. » 

     

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    Pour Pierre, le poste de SM est très épanouissant de par son objectif : faire grandir chaque membre de l’équipe sans être toutefois manager hiérarchique, ce qui donne lieu à une relation « plus franche et directe. »

    Pour que l’agilité fonctionne au sein d’une entreprise, il faut que « tout le monde y passe en même temps », assure Pierre. Son conseil : commencer par suivre la littérature à la lettre avant de laisser à son équipe la possibilité de s’en affranchir une fois que celle-ci aura mieux cerner ses propres forces et faiblesses.

     

    Chaque équipe a ses particularités, il faut trouver les meilleurs éléments, la meilleure sauce pour que cela fonctionne

    Pour Pierre, il n’y a pas de doutes, les SM n’apportent que des avantages!


    Scrum Master : bullshit job ou métier indispensable ?

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    Crédit photo : Fabian Møller on Unsplash

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